« Je m’en foutais. J’attendais que mon cœur s’arrête, ou que mon cerveau cesse de fonctionner. Avec le film d’horreur qui tournait en boucle dans ma tête.
Ne plus penser. Tout effacer. Arracher ces dernières semaines de ma mémoire. Les crever comme des boutons de pus.
Et après ce soir, ne jamais avoir existé ».
Résumé éditeur :
Marseille. En face du stade Vélodrome, le dixième étage des Mimosas est en flammes. C’est l’appartement de Tony Beretta, petit dealer mais légende parmi les supporters ultras de l’Ohème. Une jeune femme, blessée, parvient à s’échapper du brasier. Luce, seize ans, une gueule d’ange, enceinte jusqu’aux yeux, n’est pas partie les mains vides : elle s’est enfuie avec l’argent et la drogue de Tony.
Et l’argent et la drogue, ça attire du monde. Canari, le flic pourri de la BAC. Les hommes de main de Tony. Ceux du Libyen, jeune caïd qui a pour ambition de renverser les anciens, tel le vieux Topin. Et même Yasmina, l’infirmière trop belle pour être innocente, qui veille sur Luce et ses jumeaux. Impossible, pour Luce, d’espérer se sortir seule de ce piège qu’est devenue sa ville.
Mais à qui faire confiance, et comment survivre et protéger ses bébés, quand sa propre mère dit d’elle qu’elle est maudite, et que son ange protecteur pourrait bien s’avérer être un démon ? Pour trouver la lumière, Luce n’aura d’autre choix que de faire face à ses pires cauchemars.
« Deux rangées de gyrophares éclaboussaient la nuit. Devant l’ambulance, j’ai vu la Vieille qui geignait en griffant le visage. Un infirmier tentait de la calmer. Elle m’a aperçue et s’est mise à hurler :
– Arrêtez-la ! Arrêtez-la ! Elle est maudite ! Elle est le diable !
Des flics qui observaient la scène ont détourné la tête. J’ai demandé à l’ange :
– Je suis le Diable ?
Il a ri :
– Et moi, un démon ! »
J’avais été scotchée par le premier roman de Denis Zott, « La chute du cafard » ! Vraiment adoré… Quelle prouesse pour un premier roman… Voir ma critique ici : https://mapassionleslivres.wordpress.com/2016/12/28/la-chute-du-cafard-jeu-dangereux-en-berry-de-denis-zott/
Du coup, j’étais plus qu’impatiente de lire son deuxième, « Maudite ! ».
Et bien comme je le disais déjà pour son premier, il est certain que Denis Zott est un nouveau grand maître des thrillers en France. Il faudra compter avec lui dorénavant. Car « Maudite ! » est une véritable bombe ! Wahou, ça décoiffe dur à Marseille… on en prend plein la figure pour ne pas dire autre chose… Dans un genre complètement différent que son premier (là, il m’épate vraiment Denis Zott ! comment peut-on écrire aussi bien dans deux styles aussi différents ? en tout cas, bravo !), il réussit de nouveau un gros coup ! C’est bien simple, une fois démarré la lecture du livre, vous ne pouvez plus le lâcher. Les chapitres sont courts, les mots cinglent et vous, « pauvre » lecteur, vous n’avez plus qu’une chose à faire, lire, lire, vite tourner les pages pour comprendre, connaître la suite et ne pas vous faire larguer par tous ces personnages survoltés, très violents. Oui il faut le dire, ce livre est d’une violence incroyable et peu de personnages en réchappent… Mais je ne voudrais pas dévoiler le suspense et le plaisir des futurs lecteurs. Car il faut de nouveau vous précipiter sur ce roman de Denis Zott, tout comme je le recommandais aussi très vivement pour son premier.
Toute l’histoire se déroule à Marseille, dans le monde ultra violent des supporters de l’Ohème (et oui c’est l’orthographe prôné par Denis Zott, il doit savoir mieux que moi !), de la drogue, des voyous et de la police corrompue. Oui ici, la police n’a pas le beau rôle. D’ailleurs, personne n’a le beau rôle, car je ne vois aucun personnage qui soit vraiment blanc dans cette histoire. Et surtout pas Luce, la maudite ! Elle est pourtant bien jeune, 16 ans, mais a déjà un lourd passé, ou plutôt passif dans la vie. Pas beaucoup de chance non plus. C’est surtout elle que l’on suit pendant ces quelques jours de folie, d’enfer dans la chaleur fournaise de Marseille. Tous les autres personnages papillonnent autour d’elle, comme attirés… Faut dire aussi qu’elle est belle, Luce, et beaucoup se damneraient pour elle !
Merci Denis Zott pour cet excellent moment de lecture, et… j’attends encore avec impatience, voire plus, votre prochain… vite, vite il vous faut écrire !
« 37e journée de championnat, Ligue 1 de football. Maison on est vendredi, non ? ça arrive jamais le vendredi !
Je le pense si fort que Tony me balance comme à une demeurée :
– Match avancé, banane, tu sais pas lire ? Et, en plus, c’est le classico !
Le classico… De quoi il me cause ? C’est quoi le classico ?
– Oh, tu vis où, toi ? Toute la ville ne parle que de ça….
Je retombe sur les fesses. Sur la couche du chat. Le matou tigré qui dormait là jusqu’au match perdu par l’Ohème samedi dernier. Un malheureux but contre son camp. C’est le chat qui a payé. Expédié par-dessus le balcon. Je l’avais ramassé à la louche et enterré dans un Tupperware au bout du jardin derrière l’immeuble.
– La prochaine fois, c’est toi qui vas voler si tu ouvres ta gueule, avait prévenu Tony ».
Lien vers la fiche du livre sur Babélio :
https://www.babelio.com/livres/Zott-Maudite-/1041581
« A une journée de la fin, Paris est toujours en tête du championnat. L’Ohème, trois points derrière.
La frustration a figé les visages des Lunatics en un masque de colère, réduit leurs éclats de voix à des murmures qui grondent comme une sourde menace.
Trop la haine. Ils vendraient père et mère pour un petit affrontement. Comme au bon vieux temps des batailles rangées dans le parc Channot où ils se retrouvaient après le match. Exquise décharge d’adrénaline. Mieux que la sève qui monte, que le foutre qui gicle. Ils étaient le foutre, ils étaient l’orgasme collectif qui se jetait dans la mêlée et qui prenait son pied à coups de battes de base-ball, de chaînes de vélo, de manches de pioche et de nunchakus ».
« Tout ce qui a fait sa gloire a brûlé. Personne ne voudra plus le croire à présent ! Il n’a plus rien.
Surtout : il n’est plus rien.
La Légende est morte.
Tony reste un long moment assis sur ses maigres fesses, la tête entre les mains, ses doigts crochetant les rares cheveux sur son crâne pour les déraciner ».
« Ça fait mal, si je touche là ?
Sa main palpe mon ventre. Je décolle du brancard en hurlant.
Dans la salle d’attente, patients et personnels sont pétrifiés.
L’œil de la caméra de M6 focalise. Gros plan sur le visage de Luce déformé par la douleur. L’infirmière s’énerve après sa collègue de l’accueil :
Rupture du placenta ! Pourquoi tu l’as pas signalée de suite ?
Débordée, la collègue se met à chialer. Le caméraman jubile ».
« De sa poche, le Libyen sort un cran d’arrêt. La lame à rainures claque en se dépliant.
– Pour que tu n’oublies pas. Trois jours.
Le Gitan écrase la main gauche de Tony contre le mur.
– Déconne pas, Costa ! Putain, déconne pas !
– Calme-toi, mon Tony. Rien de personnel. C’est le tarif. Tu connais les règles.
La lame entame la peau et tranche le tendon entre les deux phalanges. L’épouvantail gémit. Le Gitant lui balance son poing sur la tempe. Tony s’effondre ».
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