« Une chose à savoir à propos des maisons : c’étaient elles qui choisissaient leurs propriétaires, et non l’inverse. Et cette maison les avait choisis, eux ».
Résumé éditeur :
En rentrant chez lui un soir de tempête de neige, George Clare trouve sa femme assassinée, et leur fille de trois ans seule dans sa chambre – depuis combien de temps ?
Huit mois plus tôt, engagé à l’université de Chosen, il avait acheté pour une bouchée de pain une ancienne ferme laitière, et emménagé avec sa famille dans cette petite ville étriquée et appauvrie, en passe d’être repeuplée par de riches New-Yorkais. Ce qu’il a omis de dire à sa femme, c’est que les anciens propriétaires, acculés par les dettes, s’y étaient suicidés, en laissant trois orphelins, Eddy, Wade et Cole. Dans les angles morts est aussi l’histoire des frères Hale, et celle de la maison de leur enfance. Pour le shérif Travis Lawton, George est le premier suspect. Mais les secrets sont tenaces dans cette enquête où la culpabilité règne en maître.
La prose haletante d’Elizabeth Brundage explore les défaillances enfouies en chacun de nous, susceptibles de nous mener à l’impensable.
« C’étaient des hommes aux cœurs brisés qui ne pouvaient pas faire grand-chose, même pas aimer. C’était la chose la plus simple, aimer quelqu’un, sauf que c’était aussi la plus dure, parce que ça faisait mal ».
Je vous le dis tout de suite, j’ai beaucoup aimé cette histoire que nous propose Elizabeth Brundage. Mais je vous donne un conseil avant toute chose… Le début m’a paru un peu aride et peu attrayant. Mais je vous assure qu’assez vite, l’histoire, les personnages, l’écriture d’Elizabeth Brundage nous emportent et personnellement m’ont charmée. Par petites touches, les chapitres qui s’enchainent, elle nous présente tous les personnages de cette petite communauté rurale de Chosen et je me suis attachée à beaucoup d’entre eux, en particulier à Eddy et Cole Hale, 2 des 3 frères qui perdent leurs parents dans des conditions très difficiles et qui habitaient cette fameuse ferme rachetée plus tard par le couple Cale, Ella Hale, leur maman, mère aimante, femme courageuse mais pas du tout heureuse en ménage, Catherine Cale, mariée à un être froid et mauvais, George, ce sont eux qui vont racheter cette ferme, cette maison étrange, peut-être hantée, Justine aussi, amie du couple, mais surtout de Catherine, femme chaleureuse, assez libérée qui soutient et aide Catherine qui n’est pas très heureuse et qui n’a pas confiance en elle….
« Dans les angles morts » est un livre à suspense… qui a tué Catherine ? quelle est la vraie personnalité de certains personnages ? mais on ne peut pas vraiment dire que c’est un policier ou un thriller. C’est plutôt un livre d’ambiance, l’histoire d’une maison, elle est un personnage à elle-seule, et des occupants qui s’y sont succédés et de leur entourage. Une réflexion sur la vie à la campagne, la difficulté des gens de vivre de leur terre, des citadins qui viennent s’installer dans ces villages dévastés par la « misère » et qui rachètent pour une bouchée de pain les fermes avec toute leur arrogance. C’est aussi la vie de couple, les difficultés de cette vie conjugale, l’amitié, les faux-semblants, la condition des femmes… Elizabeth Brundage aborde de nombreux sujets avec tous ses personnages et c’est attachant, passionnant. Oui, comme déjà dit, je suis tombée sous le charme.
Vous l’aurez compris, je vous invite vraiment à découvrir ce petit bijou plein d’humanité.
« A un endroit, Catherine eut la sensation que quelqu’un se tenait juste à côté d’elle dans une petite poche de froid ».
Lien vers la fiche du livre sur Babélio
https://www.babelio.com/livres/Brundage-Dans-les-angles-morts/1013664
« Il frappa la main sur la table. Un coup. Ça a suffi.
George se mit à pleurer. Vous ne vous rendez pas compte ? J’en suis malade. Vous ne vous rendez pas compte ?
Juste au moment où il croyait s’être assuré la sympathie de Lawton, le shérif sortit.
Il comprit qu’il avait besoin d’un avocat ».
« Mary dit toujours que les maisons sont pareilles à des enfants, elles n’oublient pas les mauvais traitements qu’on leur inflige ».
« Cole enfila le manteau de son père qui flotta autour de lui comme une ombre. Il enfonça les mains dans les poches, enroula les doigts autour d’un sachet de Drum et de papier à cigarettes. Cole sentait son odeur – tabac, essence et sueur. Il pensa que c’était peut-être celle de la malchance.
Ils traversèrent le champ humide et retournèrent en haut de la crête, du vent dans les oreilles ».
« Ils eurent une fille, à qui ils donnèrent le prénom de sa grand-tante, Frances, qui avait eu un certain succès en tant que chanteuse d’opéra. Restée célibataire, elle était morte inopinément dans la quarantaine. Les visites à sa tante à New York avaient été les moments les plus lumineux de l’enfance de Catherine, mais sa mère l’avait reniée et prononçait son nom dans un murmure grave, comme si elle parlait d’une malade en phase terminale. Frances était la seule femme de la famille de Catherine à avoir poursuivi une carrière et dont la vie n’avait pas été assujettie aux besoins et aux intérêts des autres. De sorte que pour elle, qui commençait à prendre la mesure de ses limites, baptiser son bébé Frances constituait une victoire intime ».
« Alors, comment tu l’expliques ?
C’est une vieille maison, Catherine. Ce sont des choses qui arrivent dans les vieilles maisons.
Elle énuméra les autres anomalies qu’elle avait constatées – les endroits étonnamment glacés, l’odeur permanente de gaz d’échappement dans leur chambre, la radio – et maintenant ça.
Tu imagines des choses, lui dit-il.
Je n’imagine rien.
Dans ce cas, tu as peut-être besoin d’aller voir un psychiatre. Il n’y a aucun problème avec cette maison.
Mais, George…
On ne déménagera pas, Catherine. Je te suggère de t’y habituer ».
« Parfois, il vaut mieux ne pas savoir, dit-il.
Elle lui lance un regard dubitatif. Si, il vaut toujours mieux savoir, réplique-t-elle. La vérité- c’est tout ce qu’on a ».
Je le note, il me tente bien !!
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pareil, vas-y, il est super ! 🙂
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