« Soudain l’enfant glissa. Il lutta pour rétablir son équilibre, y parvint avec difficulté, et reprit aussitôt sa course.
Il se força à ignorer la terreur logée au creux de son ventre. Il devait rester concentré sur le sillon argenté et ne pas s’écarter du chemin. S’il dérapait à nouveau, ce serait fini. L’autre le rattraperait en quelques secondes, le surplombant de toute sa hauteur, avec son poignard luisant sous la lune.
– Reviens, mon petit chiot ! susurra l’Homme au Chapeau Melon dans son dos, allongeant sa foulée, étirant ses longues jambes ».
Résumé éditeur :
La mort est un art.
Vous en êtes le spectateur.
Et vous pourriez être sa prochaine victime.
Des sous-sols de Paris aux recoins obscurs des facultés de médecine, Chris Kovac, médecin urgentiste, se lance à corps perdu dans une enquête qui ressemble à une nuit sans fin.
Après Le Jour du chien, Prix polar 2017, Patrick Bauwen signe un thriller aussi effroyable que maitrisé.
« Mais mon appartement est vide. Comme ma vie.
Tout est blanc, le sol, les murs, à part mon dressing dans lequel sont suspendus les mêmes costumes noirs, mêmes pulls rangés sur les étagères, mêmes chaussures dans leurs boîtes, toujours en noir, comme ça je n’ai pas à réfléchir quand je m’habille. Mon congélateur contient deux sortes de plats individuels, chacun en douze exemplaires, mettant exactement deux minutes trente de préparation au micro-ondes. Je n’ai pas trouvé plus rapide mais j’y travaille. Je ne désespère pas de descendre à deux minutes.
Il n’y a pas de photos. Aucun souvenir ».
Encore une découverte d’un auteur pour moi… Et oui, c’est mon 1er « Patrick Bauwen »… et sans doute pas le dernier. Je viens de faire connaissance avec le Docteur Christian Kovac… Un sacré gugus si vous voulez mon avis… Médecin, oui, mais complètement barré !! Visiblement bon dans son métier, mais honnêtement dans cette histoire un peu folle de « La nuit de l’ogre », il passe finalement peu de temps à être médecin des urgences, mais joue plutôt au détective et enquête au départ sur la disparition de Justine, une de ses étudiantes à la fac de médecine, fille de sa collègue, surveillante générale aux urgences, qu’il aime bien. Justine s’est introduite dans sa voiture alors qu’il sortait de l’hôpital pour aller enfin se reposer (pas le genre de Chris Kovac qui carbure au café, et différents cocktails de médicaments et j’en passe). Après lui avoir demandé son aide, elle s’enfuit en lui laissant son sac à dos… qui contient des vêtements tâchés de sang et surtout un bocal avec une tête dedans… Oui vous avez bien lu ! Une tête étrange de femme avec une moitié intacte et une moitié complètement abimée. Et Justine disparaît. Commence alors une course folle avec plein de mystères, de personnages parfois bien étranges et fort dangereux sur fond de légendes urbaines, de drogues, de confréries obscures, de violence, de mort…. L’intrigue ne nous laisse aucun moment pour respirer. Le rythme est trépidant, comme le Dr Novac. Il ne tient pas en place et évite de dormir pour ne pas retomber dans ses cauchemars. Les pistes se mêlent et s’entremêlent et nous emmènent dans des chemins bien tortueux. En parallèle de l’enquête menée par Chris Novac, on suit également le travail d’une nouvelle brigade policière qu’Audrey Valentini, l’ex-compagne de Chris Novac, vient d’intégrer. Vous l’aurez compris, les deux enquêtes finissent par se recouper et se confondre. Je ne vous en dis pas plus, peur de dévoiler le suspense, et gâcher votre plaisir à venir à lire cette folle aventure. J’ai bien aimé, je me suis laissée prendre ? J’avais tellement hâte de savoir qui se cachait derrière certains personnages tellement mystérieux. Je me doutais bien que je n’aurais pas toutes les réponses à mes questions. Mais c’est de bonne guerre. Le chien sera sans doute dans la prochaine aventure… Ah oui, bien sûr, j’ai très envie de lire « Le jour du chien » qui est le livre précédent de Patrick Bauwen avec pratiquement les mêmes personnages et qui installe j’imagine les relations entre les personnages. Je vous rassure, même en n’ayant pas lu « Le jour du chien », on déguste complètement « La nuit de l’ogre » que je vous souhaite de découvrir ! Pour les amateurs du genre bien sûr.
« – Un problème ? demande Louise Luz.
– Aucun.
– Vous n’aimez pas parler de vos faiblesses, hein ?
Audrey hausse les sourcils, surprise d’être aussi transparente.
– Ne vous inquiétez pas, dit la capitaine. Je déteste ça aussi. Si vous racontez que vous êtes faible, les gens pensent que vous l’êtes vraiment. Après, ils se régalent de vos ennuis. Ce sont des vautours.
– Ah oui ? Et vous les évitez comment, les vautours ?
Luz hausse les épaules.
– Comme vous. Je fais semblant d’aller bien. Dès que vous allez bien, vous n’intéressez plus personne. J’ai une paix royale ».
Lien vers la fiche du livre sur Babélio
https://www.babelio.com/livres/Bauwen-La-nuit-de-logre/1031310
« Cette histoire me tient trop à cœur, car ses ramifications s’étendent à ma propre vie et mes contradictions, j’y vois le côté obscur des étudiants de médecine, leur fréquentation quotidienne de la mort, cette douloureuse proximité avec la Grand Faucheuse dont on parle peu, mais que l’on ressent pourtant de façon intime. La danse de la Blouse Blanche et de la Cape Noire, une fois de plus ».
« Je ressors de la faculté des Saints-Pères. Il se produit alors une scène étrange à laquelle je ne prête guère attention sur le moment.
De l’autre côté de la rue se tient une silhouette sous un parapluie. Long manteau. Col relevé. Barbe épaisse. Lunettes rondes de couleur noire. Sa tête est coiffée d’un chapeau melon. L’apparition possède quelque chose d’ancien et d’incongru, comme une photographie de couleur sépia qui se serait détachée des pages d’un très vieil album.
L’homme me dévisage avec intensité. Cela dure cinq secondes. Un bus s’arrête. J’essuie les gouttes qui tombent de mes sourcils.
Quand le véhicule repart, l’homme a disparu ».
« ‘Memento Mori’ signifie ‘Souviens-toi que tu vas mourir’. Les esclaves romains murmuraient cette phrase à l’oreille de leur empereur, durant son défilé triomphal, en tenant sa couronne de lauriers au-dessus de sa tête, pour lui rappeler qu’il n’était qu’un homme ordinaire ».
« Mais voici mon message : la mort existe. Elle est terrifiante et frappe n’importe où. Vos études sont là pour vous armer, vous préparer à l’affronter. Cependant, il y a une autre façon de vous battre : célébrez votre vie. Ce n’est pas le temps qui reste, qui compte. C’est ce que l’on en fait ».
« Elle croyait aux esprits quand elle était petite, mais plus maintenant. Elle vit dans le monde rationnel. Elle croit aux chiffres. Celui de son compte bancaire, celui de son poids, celui de l’espérance de vie d’une femme dans un pays industrialisé. Ces chiffres sont rassurants. Ils vous donnent le contrôle. Et elle en a besoin. Car ses conclusions concernant la tête dans le formol ébranlent ses certitudes. Elle a l’impression que rien ne la sépare du retour à la barbarie, quand les Hutus découpaient sa famille à la machette, au son de la musique entraînante de la Radio des Mille Collines.
Elle range ses affaires et glisse ses conclusions dans une enveloppe destinée à Christian. Si Kovak est une pulsion de vie, alors il a trouvé son contraire : une ténébreuse pulsion de mort ».
« Personne n’a la moindre idée de qui il est vraiment.
C’est un hasard. Un autre prédateur vient de pénétrer sur son territoire, sans savoir qu’il se trouvait là. Après tout, cela arrive sans cesse dans la nature. Deux lions ne peuvent-ils pas se rejoindre sur le même terrain ?
Cependant, il doit admettre que c’est contrariant. Le sous-sol de Paris, c’est son coin exclusif, son domaine de chasse. Là, c’est un peu comme si un autre animal venait pisser dans son aire de jeux. Il ne sait pas encore quoi en penser. S’il doit simplement étudier ce nouveau venu. L’éliminer. Ou bien faire équipe avec lui. Après tout, personne n’interdit de chasser en binôme, n’est-ce pas ? »
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