« Tu me salues d’une bise sèche lorsque j’ouvre la porte et tu entres prestement pour échapper à la nuit, à la violence de la brise marine ; le regard noir, diabolique. Je croise ce regard et je me demande à quel moment le mal y a pris le dessus sur le bien. Tu tiens une corde à la main. Une corde brune, épaisse, rêche. Déjà, je sens sa texture râpeuse sur la peau parfumée de ma gorge. Un frisson s’immisce dans ma respiration ».
Résumé éditeur :
Irréversible Dublin. Le docteur Eleanor Costello, scientifique respectée, est retrouvée morte chez elle. Suicide ?
Implacable. À peine remise des coups reçus lors de sa précédente affaire, la commissaire Frankie Sheehan se voit confier l’enquête. La disparition du mari d’Eleanor puis la découverte d’une deuxième et bientôt d’une troisième victime lui prouvent qu’elle est en présence d’un tueur en série. Et que ce tueur aime jouer avec la mort.
Irrespirable. Victimes consentantes, sites BDSM, « near death experiences », chambres de torture, meurtres filmés et ritualisés : jusqu’à sa confrontation finale avec le tueur, Frankie va s’immerger dans ce que l’âme humaine a de plus noir et de plus pervers. Un noir absolu, malgré les taches de bleu de Prusse, ce pigment utilisé par Chagall et que l’on retrouve sur les victimes comme une signature.
« La victime, d’un autre côté, et on l’oublie souvent, est la plus importante. Elle est le produit dérivé de la jalousie, de la fureur ou des obsessions du criminel, et elle est souvent éclipsée, avec les preuves et les éléments qu’elle détient, au profit du tueur et de son ombre maléfique. Le plus souvent, la question n’est pas de savoir qui a commis un crime mais quel type de personne en est devenue la victime ».
Je ne sais pas si vous connaissez le blog « Collectif Polar : Lectures noires, polar, coups de cœur, coup de gueule d’une simple bibliothécaire férue de littératures policières et de l’imaginaire »… Si vous ne connaissez pas, je vous le conseille vivement, car avec Ge et ses « polardeuses », ça déménage dur et ça tire dans tous les sens et c’est un régal de suivre leurs chroniques et leurs aventures. C’est par ici https://collectifpolar.com/.
Pourquoi je vous en parle ? Tout simplement, parce que j’ai pu lire « Irrespirable » d’Olivia Kiernan grâce à un concours organisé par Collectif Polar en partenariat avec Hugo Thriller (un éditeur que j’apprécie et me donne bien du plaisir dans mes lectures !). Je les remercie donc vivement pour cet envoi que j’ai beaucoup apprécié.
Evidemment, un polar ne pouvait que me plaire. Cette histoire se déroule en Irlande et nous suivons la commissaire Frankie Sheehan. C’est une femme d’apparence dure, mais qui a une grande fragilité en elle, depuis qu’elle s’est faite agresser lors de sa précédente enquête. Elle a surpris un tueur particulièrement violent qui venait d’égorger une jeune femme, et elle a bien failli y laisser la vie. Elle en garde des cicatrices toutes autant physiques que psychologiques. Elle a décidé de reprendre le travail après quelques mois d’arrêt. Sans doute trop vite, mais ce n’est pas le genre de Frankie Sheehan de s’apitoyer sur son sort. Elle revient au moment où son équipe est confrontée à la mort par pendaison d’Eleanor Costello. Cela ressemble à un suicide, mais de nombreux éléments de l’enquête l’oriente plutôt vers la piste d’un crime. Devant faire face à ses doutes et ses peurs, Frankie Sheehan a beaucoup de mal avec cette enquête d’autant que les morts s’accumulent, que ses supérieurs la pressent de trouver le coupable au plus vite et qu’elle doit aussi faire face au procès de son agresseur.
Vous vous doutez bien que je ne vous en dirais pas plus, à vous de découvrir ce très bon polar, bien écrit, et dont l’intrigue tient en haleine. Frankie Sheehan est un personnage difficile à cerner, pas tout le temps sympathique, avec un fort caractère et des faiblesses mais l’air de rien, on finit par s’attacher à elle et on aimerait bien que les choses finissent enfin par bien tourner pour elle. Je vous avoue que jusqu’à la fin je n’ai pas eu le fin mot de l’histoire. Et j’aime bien quand l’auteur me mène par le bout du nez jusqu’au bout. C’est un premier roman. Cela augure du bon pour la suite pour Olivia Kiernan. A découvrir.
« Ensuite – elle recherche dans ses notes -, il y avait une sorte de teinture sur les côtés de la plaie retrouvée sur le bras gauche.
– Oui, je m’en souviens.
– Elle a dit que le labo indique qu’il s’agit d’un type très particulier de bleu. Du ferricyanure, plus connu sous le nom de bleu de Prusse. Les artistes utilisent ça depuis longtemps.
– De le peinture ?
– Oui, sourit Helen. La légiste assure que la manière dont cette matière recouvre les bords de la plaie – elle consulte à nouveau ses notes – semble délibérée et aurait pu être appliquée post mortem. On a aussi retrouvé un minuscule poil synthétique sur lequel planche le labo, mais à première vue, il pourrait provenir d’un pinceau ».
Lien vers la fiche du livre vers Babélio
https://www.babelio.com/livres/Kiernan-Irrespirable/1056620
« Je raccompagne la silhouette disloquée d’Eamon Keegan vers le groupe de voisins rassemblés derrière le cordon. Tom titube derrière nous.
– Mon Dieu, mon Dieu, murmure-t-il. Moira. Mon Dieu.
J’avance et je vois son épouse se détacher du groupe, blafarde, les traits déformés par l’angoisse. Sa voix chancelle.
– Eamon, que se passe-t-il ? Eamon ?
Le jeune agent se tient à mes côtés. Imperturbable. Il me sauve la mise. C’est lui qui annonce la nouvelle. Avec tact et tristesse. Le silence s’installe, suivi d’une longue plainte qui s’élève des tréfonds de sa gorge. Moira tombe à genoux, comme son mari, à la façon d’un pantin désarticulé. Je m’écarte et j’entends la voix de l’officier qui enchaîne.
– Monsieur Keegan, je suis désolé, mais quand vous le pourrez, nous aurons besoin que vous répondiez à quelques questions.
Je m’enfuis ».
« Ma cicatrice commence à me lancer, le vin assèche mon palais. Je dois avoir une mine affreuse parce que Clancy me répète de rentrer chez moi me sécher.
J’attrape mon manteau, sans vraiment l’écouter. Je sens l’affaire se déployer à l’intérieur de mon cerveau, étendre ses ramifications et laisser apparaître dans la frondaison des bribes de vérité. Mais je suis trop fatiguée pour les voir. Mes yeux me piquent, ma gorge m’irrite, je suis à fleur de peau.
– Tu devrais arrêter de me materner, Jack. Tu sais qu’il n’y a rien de tel pour m’énerver.
– Va te faire foutre. Te materner ! Je vois juste gros comme une maison que tu es en train d’attraper la crève et tes reniflements m’empêchent d’apprécier mon whisky ».
« – Que se passe-t-il Jack ?
– Encore un putain de cadavre.
L’effroi s’instille au fond de ma gorge, amer, gluant, rêche. Une gorgée de thé, dérisoire remontant.
– Une femme ?
Il se retourne, semble regarder en direction de l’eau.
– Difficile à dire, mais à en juger par son accoutrement, je dirais plutôt un homme.
Il me faut un peu de temps pour encaisser le choc. Tellement de morts. Tellement d’échecs de notre part ».
Rhooo, je suis ravie que ce livre t’ait plu.
Et un autre gros merci pour tes mots si gentils pour notre beau collectif et ses flingueuses.
Reviens nous voir très vite nous avons encore pas mal de jeu concours en route là, plein de livre à gagner !
Bisous chère Lilou
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je reviendrai vous voir avec grand plaisir ! 🙂 bisous à toi et à toute l’équipe
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Oh merci Lilou, merci vraiment
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