« La conscience a été donnée à l’homme pour transformer la tragédie de la vie en une comédie… »
Résumé éditeur :
On dit que l’hiver vient. Peut-être le dernier pour les porteurs du chromosome Y…
Août 415 après J-C. : La ville d’Alexandrie s’assoupit dans une odeur âcre de chair brûlée. Hypatie, philosophe et mathématicienne d’exception, vient d’être massacrée dans la rue par des hommes en furie, et ses membres en lambeaux se consument dans un brasier avec l’ensemble de ses écrits.
Cet assassinat sauvage amorce un engrenage terrifiant qui, à travers les lieux et les époques, sème la mort sur son passage. Inéluctablement se relaient ceux qui, dans le sillage d’Hypatie, poursuivent son grand œuvre et visent à accomplir son dessein.
Juillet 2018 : Marie, jeune biologiste, stagiaire à la police scientifique, se trouve confrontée à une succession de meurtres effroyables, aux côtés de Marc Brunier, homme étrange et commandant de police de la » crim » du Quai des Orfèvres. Peu à peu, l’étudiante découvre que sa propre vie entre en résonance avec ces meurtres.
Est-elle, malgré elle, un maillon de l’histoire amorcée à Alexandrie seize siècles auparavant ? Quel est ce secret transmis par Hypatie et au cœur duquel se retrouve Marie ? L’implacable destin peut-il être contrecarré ou « le dernier Hyver » mènera-t-il inéluctablement l’humanité à sa perte ?
624 pages
« Hypatie observait la scène et continuait de s’élever jusqu’aux Champs Élysées, le paradis grec. Ces impies ignoraient qu’Hermès était aussi le messager des dieux auprès des hommes, et le pâtre qui conduisait l’âme des mortels jusqu’au ciel. Il accompagnait l’esprit de la grande sage vers sa dernière demeure, auprès de tous ses pairs.
Hypatie, en s’élevant, emportait son secret ; cette ambition qu’Hermès avait lui-même encouragée. Désormais, il chérirait l’âme de la divine philosophe et veillerait sur tous ceux qui, après elle, poursuivraient son grand œuvre et accompliraient, un jour, son dessein ».
« Le dernier Hyver » (et non ce n’est pas une faute de frappe, on parle bien ici d’Hyver et non de l’hiver, lisez pour comprendre), est le premier roman que je lis de Fabrice Papillon et je pense que ce ne sera pas le dernier vu la qualité de ce thriller historique / ésotérique. Thriller haletant et très documenté. L’intrigue démarre en 415 après J.C. avec Hypatie d’Alexandrie, une grande philosophe et mathématicienne d’exception qui œuvre à un grand dessein qui pourrait avoir de grandes répercussions sur l’humanité. Un soir, elle est massacrée de manière brutale et horrible. Un de ses anciens disciples sauve son codex qui est la compilation des savoirs des Anciens rassemblés et poursuivis par Hypatie et continue son grand œuvre. Au cours des siècles, ce codex sera conservé dans le plus grand secret, complété par de nombreux sages / scientifiques et transmis à la génération suivante pour poursuivre encore et toujours ce grand œuvre. Le chemin est parsemé de dangers, de violence, de trahisons, de mort…
Au fil des chapitres, on remonte les siècles pour parvenir jusqu’à nos jours avec Marie Duchesne, jeune biologiste brillante, en stage à la police scientifique, et son étrange famille. A peine arrivée en stage, elle est confrontée à deux horribles meurtres étranges qui semblent être en lien avec la mythologie et bizarrement en résonnance avec elle-même. Quels secrets cache sa mère sur elle-même et ses deux filles, Emilie et Marie ? Pourquoi ces meurtriers implacables et inhumains s’en prennent-ils à Marie et Emilie ? Quel est ce grand œuvre poursuivi par tant de sages à travers les âges ? L’avènement des femmes au pouvoir est-il pour demain ?
Beaucoup de questions se bousculent au fil des pages de ce thriller plein de suspense et qui revisite l’Histoire de l’humanité au travers de personnages historiques qui nous apparaissent sous un jour nouveau. J’ai pris beaucoup de plaisir à lire « Le dernier Hyver » et je vous le conseille vivement. Vous en apprendrez beaucoup sur les savoirs des Anciens. Passionnant !
« Thomas finit par faire les présentations.
— Marie Duchesne, en stage chez nous pour l’été, à Paris en juillet et, en août, au siège de la PTS à Écully. Marie, voici le commandant Marc Brunier de la brigade criminelle.
— Vous bossez au 36, quai des Orfèvres, c’est ça, de l’autre côté du Palais ? interrogea Marie, émoustillée.
Le policier fut frappé par son regard, un intense vert émeraude, et se demanda ce que sa chaste combinaison pouvait cacher d’autre.
— Plus pour longtemps, on fait les valises comme tout le monde, mais oui, c’est ça, on est encore voisins ».
Lien vers la fiche du livre sur Babélio
https://www.babelio.com/livres/Papillon-Le-dernier-hyver/983150
« Synésios remonta incognito à contre-courant, puis s’empara de sa monture. Il logea le codex dans une sacoche et s’élança au galop dans la voie Canopique, en direction de la porte de la Lune, à l’ouest de la cité.
Sans jamais se retourner.
Il poursuivrait l’œuvre d’Hypatie et ses précieuses recherches.
Avant de transmettre le codex à la prochaine élue ».
« Il n’a quand même pas traversé les murs !
— Sauf s’il utilise la physique quantique, siffla Ceylac.
L’Intello ne pouvait pas s’empêcher d’étaler sa science. La fréquentation des ingénieurs et chercheurs de la police technique et scientifique finissait par déteindre sur lui.
— Mais qu’est-ce que tu délires encore ? railla Brénam.
— Ben oui, en physique quantique, il y a ce qu’on appelle l’effet tunnel. Les particules, à cette échelle de l’infiniment petit, peuvent traverser la matière. On dit même qu’elles iraient plus vite que la lumière.
— Ah mais oui, qu’est-ce qu’on est cons ! brailla Brénam. L’Intello a raison : avec sa cape, son sabre laser et sa vitesse lumière, en fait, notre client, c’est Dark Vador ! Et pas de bol, il a décidé de cramer une gamine et de couper les roustons d’un centaure en ferraille pour venger l’Empire ! C’est bon, on a sorti l’affaire, on peut rentrer se pieuter. Par contre, faudrait prévenir le Conseil Jedi, qu’il fasse le ménage.
Tout le monde pouffa de rire, sauf la Chnouf, comme frappé par la grâce ».
« Tandis qu’il se sustentait, le Pogge lorgna les moines, abêtis et bouffis par des journées inlassablement rythmées par les offices liturgiques, des vigiles, au lever des moines à minuit, jusqu’aux complies, avant leur coucher.
L’Italien avait cependant choisi Cluny pour sa particularité. Les clunisiens entretenaient un foyer de culture unique en Occident. Leur bibliothèque recelait plusieurs centaines de manuscrits de grande valeur et le Pogge pressentait qu’il y trouverait de grands trésors ».
« 13 juillet 2018, Paris
La captive gigotait comme un canasson qu’on mène à l’abattoir. Le bûcher bouillonnait déjà de mille flammes. L’atmosphère était suffocante, et elle sentit sourdre l’asphyxie avant même de goûter au brasier. Brutalement, pieds et mains liés, elle fut projetée dans la fournaise. La chaleur ardente embrasa aussitôt sa chevelure. Puis la peau de son visage commença de cloquer, les doigts et les orteils se rétractèrent, et la douleur foudroyante la saisit avec une telle violence qu’elle ne fut plus qu’un long râle de souffrance.
Marie s’éveilla en sursaut, noyée de sueur. Il faisait nuit noire et son cœur battait comme celui d’un moineau sur le point d’être écorché par un matou sadique.
Avec l’insoutenable dissection de la veille, ce cauchemar, toujours le même, se révélait encore plus terrible et douloureux que d’habitude ».
« 12 septembre 1485, Strasbourg
L’ombre de la chandelle dansait sur les murs suintants d’humidité. Seule la respiration haletante de Gertrud perçait le silence. Elle attendait, depuis trois longues heures, les bras tendus en l’air et les mains nouées au bout d’une corde. La longe remontait jusqu’au plafond, s’enroulait autour d’un crochet avant de retomber au sol, lacée à une patère ancrée dans les dalles.
La lueur de la flamme léchait un mobilier terrifiant. D’abord cette chaise de bois massif, hérissée de centaines de pointes métalliques, du dossier à l’assise. Elle se dressait devant Gertrud, contrainte à un angoissant face-à-face qui s’éternisait ».
« — Savez-vous, maître Dee, que notre regretté François Ier fonda ce collège en hommage au maestro Leonardo ? lui avait soufflé Hussard.
— Il Grande Leonardo da Vinci, docteur ?
— Si fait. Le roy se remit à grand-peine de la disparition de son architecte et peintre. Il souhaita exaucer son dernier vœu : il maestro avait convaincu notre monarque, peu de temps avant son trépas, de fonder un lieu pour dispenser de nouveaux enseignements, ignorés de l’Université. Le grec, l’hébreu, le latin, les mathématiques qui vous sont chères, et la médecine qui me tient tant à cœur. Toutes disciplines humanistes qui nous offrent d’embrasser l’héritage des Anciens, et non point seulement la théologie et les arts libéraux ».
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