« La femme prend une inspiration. Enfin, la voici arrivée à destination.
Elle a suivi cette piste depuis les rives de l’Aude, de la Garonne et de l’Amstel, par-delà les mers les plus démontées, jusqu’à ce cap où l’Atlantique rencontre l’océan Indien.
Parfois la piste était éclatante comme une traînée de feu. L’histoire de deux familles et d’un secret transmis de génération en génération. À sa mère par sa grand-mère et, avant ça encore, à son arrière-grand-mère par la mère de celle-ci. Leurs noms ont été perdus, évincés par ceux de leurs maris, frères et amants, mais leur esprit survit en elle. Elle le sait. Enfin, sa quête s’achève ici. À Franschhoek.
Ci-gît ».
Résumé éditeur :
Une course haletante au cœur des guerres de Religion : le grand retour de la reine du roman historique.
France, 1562. Les tensions entre catholiques et protestants s’exacerbent, le royaume se déchire. Le prince de Condé et le duc de Guise se livrent un combat sans merci. Les huguenots sont persécutés, les massacres se succèdent. À Carcassonne, Marguerite Joubert, la fille d’un libraire catholique, fait la connaissance de Piet, un protestant converti dont la vie est en danger. Alors que la violence commence à se déchaîner dans la région, le couple se retrouve bientôt au centre d’un vaste complot lié à une sainte relique. Leur quête va les mener vers une ancienne forteresse, où sommeille un secret enterré depuis des décennies.
Après Labyrinthe, vendu à plusieurs millions d’exemplaires, Kate Mosse nous propose une nouvelle fresque érudite et captivante. Elle y donne la parole à ces figures féminines trop souvent oubliées par l’histoire officielle. D’une efficacité redoutable, La Cité de feu confirme l’inimitable maestria narrative de son auteur.
608 pages – 23/01/2020
« Ici, dans cet enfer sous terre, le temps n’existait plus. Les oubliettes, appelait-on ces cachots, car un homme pouvait y disparaître et n’être jamais revu.
Le choc de l’attaque, lorsqu’elle arriva, fut d’autant plus violent qu’elle n’était pas annoncée. Une pression, d’abord légère mais vite accrue, puis les dents métalliques des tenailles qui lui rompaient la peau, le muscle et l’os.
Alors que la douleur l’enveloppait dans son étreinte, il crut entendre la voix d’un autre prisonnier dans une pièce voisine ».
C’est une critique élogieuse du Point qui m’a mis sur la piste de Kate Mosse et de sa cité de feu !! Et quelle piste !! J’ai tout simplement adoré ! Kate Mosse m’a embarqué immédiatement dans son histoire avec des personnages hauts en couleurs et attachants et un récit qui nous plonge au cœur de la guerre de religion qui a enflammé la France dans les années 1500. Un gros coup de cœur pour ce pavé de 600 pages qui en appellent d’autres.
L’histoire se situe dans le sud de la France dans le Languedoc, à Carcassonne, à Toulouse et à Puivert. La situation en France est très compliquée et dangereuse avec la guerre ouverte entre les Catholiques et les Protestants bien qu’un édit ait établi une « paix » relative. L’inquisition fonctionne à plein régime, les délations sont légion. Dans ce récit, on suit plusieurs personnages, catholiques et/ou protestants (les méchants se situant plutôt du côté des Catholiques), mais en particulier la famille Joubert et tous ceux qui gravitent autour. Elle est composée du père, Bernard, un libraire de Carcassonne, catholique mais qui est ouvert d’esprit et possède dans sa librairie des ouvrages de tous bords. Il a trois enfants, Minou (Marguerite) sa fille aînée (19 ans), Aymeric son fils de 13 ans et Alis sa fille cadette de 7 ans. Sa femme Florence est décédée 5 ans plus tôt. Ce sont surtout les aventures de Minou qui nous sont relatées. Alors que son père est revenu de son dernier déplacement professionnel très diminué, c’est Minou qui tient la librairie et la maison. Elle va faire la connaissance par hasard de Piet, un jeune homme converti à la religion protestante, et lui sauver la vie alors qu’il est accusé à tort de meurtre. Piet a juste le temps de lui dire qu’il habite Toulouse avant de disparaître. Malgré les soucis de cette époque tourmentée, Minou a le cœur tout chamboulé par cette rencontre. Et quand son père lui demande d’aller à Toulouse avec son frère chez leur tante, sœur de leur mère, elle accepte sans trop réfléchir même si la famille s’est fâchée il y a cela de nombreuses années. La situation à Toulouse dégénère assez rapidement après leur arrivée entre les Catholiques et les Huguenots. Je ne peux vous en raconter plus sans vous dévoiler trop de secrets et de ressorts de cette histoire absolument addictive. « La cité de feu » est une véritable saga historique passionnante que je vous conseille plus que vivement de découvrir !
« En se rapprochant, Minou reconnut Bérenger, un de ceux, nombreux, qui avaient lieu d’être reconnaissants à son père. La plupart des soldats de la ville – à la différence de ceux qui étaient envoyés là en garnison depuis Lyon ou Paris – ne lisaient pas le français. Beaucoup préféraient également parler la langue ancestrale de leur région, l’occitan, lorsqu’ils ne se pensaient pas observés. Cela ne les empêchait pas de recevoir leurs affectations et leurs ordres par écrit, et d’être punis s’ils ne les respectaient pas à la lettre. Tout le monde soupçonnait que c’était une façon supplémentaire de rassembler des fonds et que le sénéchal cautionnait la pratique. Le père de Minou aidait ceux qu’il pouvait à éviter de subir les foudres de la loi en leur expliquant ce que disait la langue officielle ».
Lien vers la fiche du livre sur Babélio
https://www.babelio.com/livres/Mosse-La-Cite-de-feu/1184820
« Le livre de l’Ecclésiaste dit qu’il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux.
En ce jour, la main gauche sur la sainte Bible catholique et la droite maniant librement la plume, j’écris ces mots. Mon serment solennel, qui ne peut plus désormais être rompu. Je jure par le Seigneur Tout-Puissant que je ne laisserai pas la progéniture d’une catin huguenote me voler ce qui me revient de droit.
Je la tuerai avant ».
« Ils étaient aussi proches que des frères.
Leurs études achevées, Piet n’avait pas été surpris de voir Vidal entrer dans les ordres. Quelle meilleure façon de rétablir la situation familiale qu’en devenant partie intégrante de l’institution qui les avait dépouillés de leurs anciens droits ? Vidal s’était rapidement élevé dans la hiérarchie : d’abord vicaire dans l’église paroissiale de Saint-Antonin, il avait pris un emploi de confesseur auprès d’une famille noble de la Haute Vallée avant de revenir en tant que chanoine à la cathédrale Saint-Étienne. Déjà, on voyait en lui un futur évêque de Toulouse.
Piet avait choisi une autre voie ».
« « Vous nous trouvez en plein milieu d’une âpre discussion, monsieur.
– Piet n’a pas de temps à perdre, intervint Michel. Nous devrions passer aux choses sérieuses.
– Je suis certain qu’il trouvera grand intérêt à notre débat.
– Je vous en prie, fit Piet avec un geste de la main.
– Avant que vous n’arriviez, Michel était en train de dire qu’il croit que la liberté de culte accordée aux huguenots par l’édit de tolérance l’a été de bonne foi, mais mon noble cousin ici présent pense le contraire.
– L’édit ne vaut pas le papier sur lequel il est écrit, intervint Devereux.
– Il a quand même sauvé des vies », remarqua calmement Michel.
Crompton éclata de rire.
« Michel est convaincu que la reine régente souhaite sincèrement voir la fin de la discorde entre catholiques et protestants. Je ne le suis pas ».
« Minou remontait la colline en direction de la porte Narbonnaise. Derrière les remparts, les lampes de la Cité formaient des taches floues dans la brume. Dans les bois retentit le cri d’une chouette déjà en chasse. Le panache d’une queue de renard apparut brièvement au milieu des broussailles. Vidant son esprit des événements de la journée, Minou se concentra sur la soirée à venir. Elle s’engagea sur le pont-levis et salua la garde d’un signe de tête avant de passer sous l’étroite arche de pierre pour entrer dans la ville.
Elle était presque arrivée chez elle ».
« La souffrance de ceux que nous aimons est plus difficile à supporter que tout ce que nous pourrions endurer nous-mêmes ».
« Regardez autour de vous. Lorsque le commun des hommes croit pouvoir agir ainsi, sans la moindre crainte, alors peu importe ce que juges et prêtres ont à dire sur le sujet. C’est trop tard ».
« Lorsque l’amour tourne à la haine, c’est la plus puissante et la plus violente des émotions ».
« Il est parfois plus sûr d’être pris pour un imbécile et ignoré, que d’être jugé intelligent et de voir chacun de ses mots analysés ».
« La femme ne prie pas. Elle ne le peut pas. L’histoire des injustices commises au nom de la religion – envers ses ancêtres – est sûrement la preuve que Dieu n’existe pas. Car quel Dieu accepterait que tant meurent en son nom dans la souffrance et la terreur ? »
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