Ma passion les livres

Partage de mes lectures

Il était deux fois de Franck Thilliez

 

« Dans tous les domaines, Gabriel était largué. Il était un habitant de 2008 propulsé dans le futur par une machine à voyager dans le temps, avec le pire dans ses bagages. Un survivant dans l’ignorance ».

 

 

Résumé éditeur :

En 2008, Julie, dix-sept ans, disparaît en ne laissant comme trace que son vélo posé contre un arbre. Le drame agite Sagas, petite ville au cœur des montagnes, et percute de plein fouet le père de la jeune fille, le lieutenant de gendarmerie Gabriel Moscato. Ce dernier se lance alors dans une enquête aussi désespérée qu’effrénée.

Jusqu’à ce jour où ses pas le mènent à l’hôtel de la Falaise… Là, le propriétaire lui donne accès à son registre et lui propose de le consulter dans la chambre 29, au deuxième étage. Mais exténué par un mois de vaines recherches, il finit par s’endormir avant d’être brusquement réveillé en pleine nuit par des impacts sourds contre sa fenêtre…

Dehors, il pleut des oiseaux morts. Et cette scène a d’autant moins de sens que Gabriel se trouve à présent au rez-de-chaussée, dans la chambre 7. Désorienté, il se rend à la réception où il apprend qu’on est en réalité en 2020 et que ça fait plus de douze ans que sa fille a disparu…

 

528 pages – 4/6/2020

 

 

 

« La normalité, songea Paul. Peut-être pire encore que la folie. Au moins la folie, elle se voit ».

 

 

Je n’ai jamais été déçue par Franck Thilliez et ce n’est pas aujourd’hui que cela commence, bien au contraire ! Je pense sincèrement qu’il est arrivé au summum de son art. La maîtrise de l’écriture, de l’intrigue et des personnages est tout à fait exceptionnelle. C’est un vrai régal de le lire. L’histoire est plutôt sombre. Gabriel Moscato, gendarme de son état, vit la chose la plus terrible qu’il puisse arriver à des parents : la disparition de sa fille unique, Julie. Elle est partie faire son entrainement de vélo comme à son habitude, et n’est jamais revenue. On a juste retrouvé son vélo. Désespéré, son père mène l’enquête pour tenter de comprendre ce qu’il s’est passé et espérer la retrouver avec toute sa brigade de montagne et en particulier, Paul, son ami. Un soir, un mois après la disparition de Julie, il se rend à l’hôtel de La Falaise où sa fille a travaillé plusieurs étés. Le directeur de l’hôtel lui prête une chambre à l’étage pour qu’il puisse étudier son registre. Epuisé, Gabriel s’endort. Il est réveillé en sursaut en pleine nuit par des oiseaux qui se fracassent en nombre contre les vitres. Il sort de l’hôtel et découvre étonné qu’il est dans une chambre différente, au rez-de-chaussée de l’hôtel. Et surtout, il ne se reconnait pas dans la glace. Nous ne sommes plus en 2008 mais en 2020, douze ans après la disparition de Julie. Gabriel n’a aucun souvenir de ces douze dernières années. Le choc ! Et malheureusement sa fille n’a pas été retrouvée et pire encore, le dossier est clos pour la justice. Commence alors pour Gabriel une effroyable course poursuite pour relancer l’enquête mais aussi pour récupérer sa mémoire, ces années perdues, et également tenter de se comprendre et faire connaissance avec son « nouveau » moi. Cette quête va être douloureuse, parsemée d’embûches et de retours dans ces années passées dont il n’a vraiment aucun souvenir. Tout cela le conduira loin dans la folie de l’âme humaine qui peut être si tortueuse. Cette descente aux enfers est assez effrayante… Jusqu’où peuvent aller des soi-disant « artistes » au nom de l’art moderne et transgressif. Roman noir, tortueux mais diablement bien écrit et mené, « Il était deux fois » nous ramène également vers « Le manuscrit inachevé » du même talentueux Franck Thilliez…. Gros coup de cœur, à découvrir absolument !

 

 

 

« Dans son esprit, Obama avait encore le vent en poupe, il entendait encore son discours diffusé sur toutes les télés du monde, son « Yes we can ». Alors qui était ce gros joufflu à la cravate rouge vif et à la chevelure jaune paille ? »

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

https://www.babelio.com/livres/Thilliez-Il-etait-deux-fois/1208575

 

 

 

« À Sagas, le soleil pouvait disparaître pendant des semaines. Les habitants appelaient cette absence de luminosité prolongée « la mort noire ». La mort noire minait le moral et augmentait drastiquement le taux de suicides dans la vallée, surtout en automne. Des statistiques officielles en témoignaient ».

 

 

 

« Le dossier a été fermé en octobre 2015, en invoquant l’article 175 du code de procédure pénale. Quelques lignes donnant le droit à un magistrat de nous enterrer vivants, une page qu’on tourne, sans qu’on puisse rien y faire. Ça a été un vrai coup de poignard dans une plaie déjà bien à vif. Ça voulait simplement dire que, aux yeux de la justice, ma fille n’existait plus. Tel un objet perdu ».

 

 

 

« Quelque chose d’intimement beau et mélancolique se dégageait de cette grande baie où la mer se retirait si loin qu’on ne la distinguait plus. Le gris du ciel s’écrasait sur le gris de la mer, deux teintes aussi puissantes que les bleus du Sud, tout en contraste avec le jaune coquille d’œuf de l’étendue sauvage et ancestrale du sable ».

 

 

 

« Le cinéma comme la littérature transforment la représentation du meurtre en plaisir caché pour l’œil. Celui qui lit, qui regarde, est autant impliqué que celui qui agit, il devient complice par sa fascination pour le sang versé. Ainsi est fait l’être humain. Voyeurisme et délectation de l’abject ».

 

 

 

« La partie des Carpates polonaises vers laquelle il s’orientait était réputée pour ses nombreuses agences de chasse qui prenaient l’ensemble du séjour en charge. Pour quelques milliers d’euros, de riches étrangers, adeptes de la gâchette, venaient s’offrir le grand frisson : une escapade hors normes, avec l’autorisation du gouvernement de rapporter la peau et le crâne de l’animal en guise de trophée. Un tourisme sanglant qui permettait à cette région, une des plus pauvres du pays, de survivre ».

 

 

 

« L’une des photos avait été prise au ras de la table en acier. Depuis les orteils d’un cadavre, on voyait en arrière-plan, d’abord nette puis floue, la longue suture irrégulière réalisée par le légiste, de la pointe du pubis jusqu’à la clavicule. Le gendarme se demanda quelle était la motivation des gens qui venaient admirer ces horreurs. Que cherchaient-ils dans la mort abjecte d’autrui ? Pourquoi s’extasier devant des macchabées ? »

 

 

 

« Une citation de Kalinine : « La plastination révèle la beauté sous la peau, figée pour l’éternité entre la mort et la décomposition. » De nombreux articles de journaux internationaux vantant le succès des expositions étaient encadrés. Un panneau précisait que tous les corps provenaient de dons à la science, que les identités, âges et causes du décès demeuraient des informations confidentielles. Comme une mise en bouche, au milieu du couloir, sous un dôme de verre, une dizaine de cœurs étaient présentés, du plus petit – cœur de colibri – au plus grand – cœur de baleine.

Veines bleues, artères rouges. Le voyage commençait ».

 

 

 

« Par notre alliance au sein de la société du Xiphopage, nous souhaitons repousser les limites, atteindre la forme ultime de l’art contemporain transgressif, et l’exposer aux yeux du plus grand nombre ».

Un commentaire sur “Il était deux fois de Franck Thilliez

  1. Pingback: Franck Thilliez – Il était deux fois | Sin City

Votre commentaire

Choisissez une méthode de connexion pour poster votre commentaire:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

%d blogueurs aiment cette page :