Ma passion les livres

Partage de mes lectures

Sang d’encre de Cornelia Funke

 

« Les histoires ne finissent jamais. Même si les livres veulent nous le faire croire. Les histoires continuent toujours, elles ne s’arrêtent pas plus avec la dernière page qu’elles ne commencent avec la première ».

 

 

Résumé éditeur :

Meggie et ses parents savourent leurs retrouvailles lorsque Farid apporte une nouvelle bouleversante : prêt à tout pour revoir les fées et sa famille, Doigt de Poussière a regagné le Monde d’encre, ignorant qu’un grand danger l’attend. Farid et Meggie décident de partir à sa recherche. C’est le début d’un voyage incroyable… et terrifiant.

 

758 pages – 2/7/2009

 

 

 

« Doigt de Poussière avait l’air sceptique mais il n’insista pas. Il se contenta d’examiner la feuille de papier couverte des fines lettres d’Orphée. L’homme à la tête de camembert, lui, regardait toujours Farid.

– De quel livre viens-tu ? demanda-t-il. Et pourquoi ne veux-tu pas retourner dans ta propre histoire au lieu d’aller dans la sienne où tu n’as rien à faire ?

– Qu’est-ce que ça peut te faire ? rétorqua Farid, furieux.

Tête de Camembert lui plaisait de moins en moins. Il était trop curieux… et bien trop malin.

Doigt de Poussière eut un petit rire.

– Sa propre histoire ? dit-il. Non, Farid n’en a pas la moindre nostalgie. Ce garçon change d’histoire comme un serpent de peau.

Dans sa voix, Farid perçut quelque chose comme de l’admiration.

– Vraiment ?

Orphée dévisagea de nouveau Farid avec tant de mépris que, sans ce chien infernal qui le regardait toujours avec ses yeux avides, il lui aurait volontiers donné des coups de pied dans les tibias ».

 

 

Gros plaisir de retrouver les personnages de « Cœur d’encre » dans cette suite de la trilogie même si les souvenirs sont un peu flous. Cependant, très vite le monde d’encre nous revient et franchement c’est un bonheur de se replonger dans les mots de Fenoglio, le vieil homme qui a écrit ce livre, « Cœur d’encre » qui donne vie à un monde plein d’aventures et de péripéties avec des hommes et des femmes braves et généreux mais aussi des méchants aux cœurs noirs. Doigt de poussière, l’homme qui parle au feu et joue avec lui, transporté dans notre monde depuis 10 ans par la voix de Mo (Mortimer), le père de Meggie, surnommé Langue Magique, réussit enfin à rentrer chez lui grâce à Orphée qui a écrit et lu des mots tirés de « Cœur d’encre ». Orphée est comme Mo une langue magique mais avec cœur beaucoup plus sombre et cruel. Son jeune apprenti et compagnon, Farid, pensait partir avec lui mais Orphée l’a laissé sur place ainsi que Gwin, la martre avec des petites cornes apprivoisée de Doigt de poussière. Farid réussit à s’échapper et fuir Basta et son couteau. Il retrouve Meggie qui vit désormais auprès de ses parents chez Elinore, la grande tante de sa mère, Resa, enfin revenue du monde d’encre après 10 ans d’absence. Quand Mo avait fait venir Doigt de poussière du livre qu’il était en train de lire à voix haute, Cœur d’encre, sa femme avait été absorbée par le livre et s’était perdue dans ce monde étrange. Farid veut persuader Meggie de l’aider à rejoindre Doigt de poussière dans le monde d’encre. Meggie a toujours souhaité découvrir elle-aussi le monde d’encre et en plus elle est amoureuse de Farid. Meggie est comme son père, elle aussi a une voix qui permet de se déplacer dans les livres. Elle accepte donc d’envoyer Farid à condition qu’elle vienne aussi. Elle réussit le tour de force de se transporter elle-même dans le monde d’encre et de papier de « Cœur d’encre ». Ni son père, ni Orphée, ne sont capables de le faire. Et…. J’arrête de vous raconter car ceci n’est que le début d’une incroyable aventure où le destin des uns est aux mains ou plutôt aux mots des autres. Un monde merveilleux mais aussi effrayant et dur. On y croise des fées, des hommes de verre, des kobolds, des saltimbanques, des brigands au grand cœur, mais aussi des seigneurs assoiffés de sang et de pouvoir… Bref, c’est un vrai régal où les livres, les mots ont une grande place, voire la première place… et ça, forcément, ça ne pouvait que me plaire. Bien écrit, enlevé, plein d’émotions, c’est un plaisir de lecture. Ne vous arrêtez surtout pas au fait que ce soit chez Gallimard jeunesse, les grands y trouvent complètement leur compte. A découvrir, mais bien sûr, commencez par le 1er tome « Cœur d’encre ». Vous vous en doutez, je me suis précipitée sur la suite « Mort d’encre ». Chronique à suivre.

 

 

 

« Les fées n’allaient pas tarder à s’endormir dans leurs nids, les souris et les lapins dans leurs terriers, la fraîcheur de la nuit allait engourdir les pattes des lézards et les prédateurs se mettraient en route, leurs yeux brillant dans la nuit comme des lumières jaunes. « Espérons qu’ils n’auront pas envie de dévorer un cracheur de feu », songea Doigt de Poussière en étendant ses jambes sur le tronc de l’arbre. Il enfonça le couteau près de lui dans l’écorce friable, resserra autour de ses épaules la cape qu’il n’avait pas portée depuis dix ans et regarda les feuilles au-dessus de lui, qui s’assombrissaient de plus en plus. Une chouette s’envola d’un chêne vert et plana, telle une ombre entre les branches. Quand le jour s’éteignit complètement, un arbre chuchota dans son sommeil des mots qu’aucune oreille humaine ne comprenait.

Doigt de Poussière ferma les yeux et tendit l’oreille.

Il était rentré chez lui ».

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

https://www.babelio.com/livres/Funke-Sang-dencre/139930

 

 

 

« – Je t’ai tout raconté, disaient les mains, tout ce que tu m’as demandé.

Oui, c’était vrai. Oui, et Meggie lui en avait posé des questions, des milliers : « As-tu déjà vu un géant ? Comment étais-tu habillée ? Comment était la forteresse dans la forêt où Mortola t’a emmenée, et ce prince dont tu parles, le Prince insatiable, son château était-il aussi beau et somptueux que le château de la Nuit ? Parle-moi de Cosimo le Beau, et de Tête de Vipère et de ses cuirassiers. Est-il vrai que, dans son château, tout était en argent ? Quelle est la taille de l’ours que le Prince noir a toujours avec lui et qu’en est-il des arbres, parlent-ils vraiment ? Et la vieille femme que tous appellent l’Ortie. Elle vole vraiment ? »

Resa avait répondu du mieux qu’elle pouvait à toutes ses questions mais, même avec un millier de réponses, on ne peut reconstituer dix années, et il y a des questions que Meggie n’avait jamais posées ».

 

 

 

« Meggie regarda les lettres, les belles lettres noires. Elle chercha le goût des premières syllabes sur sa langue, essaya de se représenter l’univers dont les mots parlaient à mi-voix, les arbres, les oiseaux, le ciel inconnu… Alors, le cœur battant, elle se mit à lire. Son cœur battait presque aussi fort que la fameuse nuit où, avec sa voix, elle avait dû donner la mort. Et pourtant, ce qu’elle devait faire cette fois-ci n’était rien en comparaison. Simplement pousser une porte, une petite porte entre les lettres ».

 

 

 

« Mo tendit la main en direction des feuilles, comme si ses doigts devaient sentir ce que ses yeux avaient déjà vu. Resa se souvint qu’elle avait fait la même chose autrefois, qu’elle avait tout touché, stupéfiée que le monde de l’autre côté des mots soit si réel ».

 

 

 

« Tu as remarqué que les livres deviennent plus gros quand on les lit plusieurs fois ? lui avait demandé Mo lors de son dernier anniversaire, comme ils regardaient ensemble ses vieux volumes. On dirait que chaque fois quelque chose reste collé entre les pages. Des sentiments, des pensées, des bruits, des odeurs… Et quand tu feuillettes le livre des années plus tard, tu te retrouves dedans, un peu plus jeune, une peu différent, comme s’il t’avait conservé, à la manière d’une fleur séchée, à la fois familière et étrangère ».

 

 

 

« Langue Magique l’avait arraché à son histoire et lui avait volé sa vie, sans le faire exprès, comme quand on marche sur la coquille d’un escargot en passant ».

 

 

 

« Seule l’histoire de Fenoglio était là, présente partout, capable de les plonger dans l’horreur et les ténèbres… et sa mort était sans aucun doute prévue dans un des chapitres suivants ».

 

 

 

« Durant toutes ces années, ses souvenirs l’avaient rongé en même temps qu’ils l’avaient nourri. Puis ils avaient commencé à pâlir, à s’estomper peu à peu, à n’être plus qu’une douleur que l’on cherche à expulser de soi parce qu’elle déchire le cœur. En effet, à quoi servait de se souvenir de ce qui était perdu ? »

 

 

 

« Et pour toute arme, il n’avait que sa voix. Tu devrais l’entendre lire, lui ou sa fille. Crois-moi, après, tu verrais les livres différemment. J’imagine que tu les munirais de cadenas ».

 

 

 

« Orphée lisait comme s’il laissait fonde dans sa bouche son mets préféré, avec délectation, avide d’entendre le son des lettres, telles des perles sur sa langue, des semences auxquelles il donnait vie ».

 

 

 

« C’était exactement comme cela que Mo s’était imaginé le château de la Nuit : d’imposantes tours, massives et rondes, des meurtrières qui se découpaient sous les toits argentés. En voyant les prisonniers franchir la porte du château, titubants de fatigue, Mo crut voir écrits sous ses yeux les mots de Fenoglio, noirs sur du papier d’un blanc laiteux : « … Le château de la Nuit, un promontoire sombre au-dessus de la mer, chaque pierre polie par les cris, les murs glissants de larmes et de sang… » Oui, Fenoglio savait raconter les histoires. L’argent qui ornait le pourtour des créneaux et des portes formait une trace d’escargot tout le long des remparts. Tête de Vipère adorait ce métal, que ses sujets appelaient de la salive de lune, peut-être parce qu’un alchimiste lui avait fait croire qu’il gardait les Femmes blanches à distance car elles avaient horreur d’apercevoir leurs visages blafards s’y refléter ».

Votre commentaire

Choisissez une méthode de connexion pour poster votre commentaire:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

%d blogueurs aiment cette page :