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Les enfants sont rois de Delphine de Vigan

 

« Dans la plupart des cas, ce sont les parents qui filment leurs enfants et postent des vidéos plusieurs fois par semaine. Le phénomène a commencé aux États-Unis et s’est développé un peu partout ces trois dernières années parce que cela s’est révélé très, très lucratif. Cette année, le youtubeur qui a gagné le plus d’argent au monde est un petit Américain de huit ans. Il s’appelle Ryan et il est filmé par ses parents depuis ses quatre ans. Rien que pour 2019, le magazine Forbes a estimé ses revenus à vingt-six millions de dollars ».

 

 

Résumé éditeur :

« La première fois que Mélanie Claux et Clara Roussel se rencontrèrent, Mélanie s’étonna de l’autorité qui émanait d’une femme aussi petite et Clara remarqua les ongles de Mélanie, leur vernis rose à paillettes qui luisait dans l’obscurité. “On dirait une enfant”, pensa la première, “elle ressemble à une poupée”, songea la seconde.

Même dans les drames les plus terribles, les apparences ont leur mot à dire ».

 

À travers l’histoire de deux femmes aux destins contraires, Les enfants sont rois explore les dérives d’une époque où l’on ne vit que pour être vu. Des années Loft aux années 2030, marquées par le sacre des réseaux sociaux, Delphine de Vigan offre une plongée glaçante dans un monde où tout s’expose et se vend, jusqu’au bonheur familial.

 

352 pages – 4/3/2021

 

 

 

« Un bon casting de téléréalité obéissait toujours aux mêmes ingrédients, que les professionnels résumaient ainsi : une teigne + une bimbo + un rigolo + un beau gosse + un petit coq. L’expérience prouvait cependant qu’une personnalité moins saillante n’était pas inutile. Un bouc émissaire, un médiateur, une cruche, un ravi de la crèche pouvaient toujours servir. Mais, même dans ce rôle, Mélanie faisait figure de second choix ».

 

 

La thématique des réseaux sociaux et de leur prédominance sur notre société et notre futur m’a interpellé et intéressé. J’ai donc tenté la lecture du dernier ouvrage de Delphine de Vigan dont j’ai déjà lu un roman, « Rien ne s’oppose à la nuit » que j’avais bien aimé. Je m’étais promis à l’époque de lire d’autres ouvrages de Delphine de Vigan… Je le fais seulement aujourd’hui. Et je ne suis pas déçue de ma lecture, sujet très intéressant tout autant que terrifiant, écriture agréable. Le récit nous raconte l’histoire de deux jeunes femmes, Mélanie et Clara, complétement différentes l’une de l’autre, qui vont se rencontrer pour un sujet dramatique : la disparition de Kimmy, la petite fille de Mélanie. Clara est policière et fait partie du groupe Berger de la Brigade Criminelle qui prend en charge la disparition de la petite fille de six ans. Clara découvre alors un monde qui lui est complètement inconnu, le monde des influenceurs sur les réseaux sociaux et en particulier celui des chaînes familiales où les parents filment à longueur de journées et d’années leurs enfants dans toutes les situations possibles pour obtenir le plus d’abonnés possible, de fans et de likes. Mélanie et son mari, mais surtout Mélanie, ont créé sur youtube la chaîne Happy Récré. Ils y mettent en scène leur vie de famille et surtout leurs deux enfants, Samy et Kimmy. Ils ont obtenu tellement de fans et d’abonnés qu’ils sont devenus la première chaîne dans ce milieu très disputé et à l’arrivée obtenu de nombreux partenariats publicitaires et ils vivent très aisément de tous ces gains réalisés grâce à la mise en avant de toute leur intimité. Si Samy, leur fils aîné, semble le vivre « bien », Kimmy sa sœur cadette le vit de plus en plus mal, jusqu’au jour où elle disparaît. Commence alors une enquête sur ce milieu si particulier des youtubeurs familiaux. Le récit nous emmène ensuite dans les années 2030 pour découvrir ce que sont devenus tous les protagonistes de cette histoire originale. Elle met en lumière l’influence incroyable des réseaux sociaux, des publicités insidieuses sur des publics jeunes, de l’exploitation des enfants par leurs propres parents et les conséquences dévastatrices qui en découlent. Effarant ! Et c’est de notre vie actuelle dont nous parle Delphine de Vigan. Elle nous tend dans ce roman un miroir impitoyable pour essayer de nous mettre en garde. Mais cette situation est venue de manière tellement insidieuse depuis quelques années déjà dans nos vies, n’est-t-il pas déjà trop tard ? J’ai vraiment beaucoup aimé ce livre même si j’ai trouvé la fin un peu trop rapide à mon goût. A découvrir pour ouvrir les yeux sur notre société phagocytée par les réseaux sociaux.

 

 

 

« Une manière de lui signifier, en dépit du sentiment d’incompréhension – si ce n’est de trahison – qu’ils dissimulaient peut-être, qu’ils étaient prêts à fêter avec elle son succès. Ils trinquèrent. Son cousin Mario et sa cousine Elvira, les mains emprisonnées dans des menottes, improvisèrent une chorégraphie.

En fin de soirée, son oncle Dédé, qui les avait rejoints pour dîner, prit la guitare de Réjane et entama la chanson Hexagone de Renaud :

« La France est un pays de flics,

À tous les coins d’rue y’en a cent

Pour faire régner l’ordre public,

Ils assassinent impunément ». »

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

https://www.babelio.com/livres/Vigan-Les-enfants-sont-rois/1277281

 

Note : 4,24/5 (860 notes) – Ma note : 4/5

 

 

 

« Consciente de l’incrédulité à laquelle elle se heurtait, Mélanie sortit son téléphone portable pour montrer au commissaire et à son adjoint la chaîne qu’elle gérait sur YouTube, suivie par cinq millions d’abonnés. Chacune des vidéos publiées sur Happy Récré cumulait plusieurs millions de vues. Elle se connecta ensuite à son compte Instagram. Elle expliqua les chiffres : au-delà du nombre d’abonnés et de vues, ce qui comptait, c’était le nombre de likes et le nombre de commentaires. Tout cela représentait beaucoup, insista-t-elle, tout cela faisait d’eux des… elle hésita un instant sur le mot mais elle n’en trouva pas d’autres : oui, tout cela faisait d’eux des stars ».

 

 

L’auteure : Delphine de Vigan

La romancière, scénariste et réalisatrice française Delphine de Vigan est née le 1er mars 1966 à Boulogne Billancourt. Après une formation au Centre d’Etudes Littéraires et Scientifiques Appliquées, elle devient directrice d’études dans un institut de sondages. Sous le pseudonyme Lou Delvig, elle écrit son premier roman, d’inspiration autobiographique : « Jours sans faim » (2001), qui raconte le combat d’une jeune femme contre l’anorexie. Un recueil de nouvelles et un second roman suivront en 2005, publiés sous son vrai nom. En Août 2008, Delphine de Vigan se distingue avec « No et moi » ; ce roman, qui aborde le thème de la tolérance, recevra le Prix des libraires, le Prix du Rotary et sera adapté au cinéma par Zabou Breitman. Dans « Les heures souterraines », publié l’année suivante et nominé au Goncourt, elle dénonce le harcèlement moral dans le monde du travail. En 2011 parait « Rien ne s’oppose à la nuit », qui sera lui aussi en lice pour le Goncourt. Ce roman, qui raconte les souffrances de sa mère atteinte de trouble bipolaire, est très largement salué par la critique et obtient le Prix du roman Fnac, le Prix des lectrices de Elle, le Prix France Télévisions et le Prix Renaudot des lycéens. Cette même année, elle co-signe avec Gilles Legrand, le scénario du film « Tu seras mon fils ». En 2013, Delphine de Vigan réalise son premier film, « A coups sûr », (sortie en janvier 2014), dont elle cosigne, avec Chris Esquerre, le scénario. En 2015, elle obtient le prix Renaudot et le prix Goncourt des lycéens avec son roman « D’après une histoire vraie ».

En 2021 paraît son premier roman aux éditions Gallimard, Les enfants sont rois.

Elle a pour compagnon François Busnel, l’animateur de La Grande Librairie sur France 5.

 

Bio réalisée avec l’aide de France Inter et Wikipédia

 

 

 

« Vers deux heures trente du matin, après avoir récupéré les premiers procès-verbaux et l’ensemble des scellés, Clara avait fini par rentrer chez elle. Il fallait essayer de dormir au moins deux heures, elle le savait, avant de repartir au Bastion.

Mais au lieu de s’allonger, elle avait allumé son ordinateur, surfé sur Internet et trouvé Happy Récré ».

 

 

 

« Cette femme n’était ni une victime ni un bourreau : elle appartenait à son époque. Une époque où il était normal d’être filmé avant même d’être né. Combien d’échographie étaient publiées chaque semaine sur Instagram ou Facebook ? Combien de photos d’enfants, de famille, de selfies ? Et si la vie privée n’était plus qu’un concept dépassé, périmé, ou pire, une illusion ? »

 

 

 

« Question : Qu’est-ce qu’elle dit, maman, quand elle n’est pas contente ?

Réponse : Elle dit que ce n’est vraiment pas gentil de faire ça. Qu’on a beaucoup de chance de ce qui nous arrive, les millions d’abonnés et tout ça, et tous les enfants qui nous aiment, qui veulent faire des selfies avec nous et des autographes quand on fait des meet-up, ils font la queue pendant très longtemps pour nous voir, parfois même deux heures, et eux ils rêveraient vraiment d’être à notre place, en plus nous on est les premiers maintenant, les préférés de tous les enfants de France sur YouTube, plus préférés que Mélys et Fantasia, plus que les petits du club de Jouet, plus que Liam et Tiago de La bande des doudous, maintenant, on les a tous dépassés. Alors maman elle dit à Kimmy d’aller se changer vite fait, sinon, elle ne sera plus jamais sur nos vidéos et tant pis pour elle, plus personne ne l’aimera ». 

 

 

 

« Aujourd’hui, n’importe qui pouvait imaginer que sa vie était digne de l’intérêt des autres et en récolter la preuve. N’importe qui pouvait se considérer et se comporter comme une personnalité, un “people”…

Au fond, Youtube et Instagram avaient réalisé le rêve de tout adolescent : être aimé, être suivi, avoir des fans. Et il n’était jamais trop tard pour en profiter.

Mélanie était une femme de son temps. C’était aussi simple que cela. Pour exister, il fallait cumuler les vues, les likes et les stories ».

 

 

 

« Bref, nos filles regardent ce truc en boucle depuis des mois, sans que ni moi ni ma femme ne nous en soyons rendu compte. On a dû voir ça de loin, la musique sympa, les gamins en train de jouer, on ne s’est pas méfiés. Tant qu’elles ne regardent pas du porno, tu sais, on se dit que tout va bien. On n’a pas pensé une seconde à la quantité de pubs qu’elles se sont bouffé l’air de pas y toucher ».

 

 

 

« Je ne crois pas qu’un enfant de trois ans rêve d’être une star de YouTube… Ils sont embrigadés dès le plus jeune âge comme ils le seraient dans une secte. Les fondamentaux ont été adoptés une bonne fois pour toutes : je suis youtubeur donc je suis heureux ».

 

 

 

« Ce qu’elle sait, c’est qu’elle ne peut plus entendre ces mots procès, loi, assigner, justice, qui lui donnent envie de vomir.

Tout cela est si injuste. Pourquoi le gens ne veulent-ils pas comprendre qu’elle a toujours fait de son mieux ? Qu’elle a sacrifié sa vie intime, sa jeunesse, pour que ses enfants soient célèbres et heureux ? Enfin elle n’a tué personne ! »

Un commentaire sur “Les enfants sont rois de Delphine de Vigan

  1. Pingback: Delphine De Vigan – Les enfants sont rois | Sin City

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