« Les liens se forment plus rapidement sur internet… Dans ces échanges virtuels prolongés se mêlent les sensations paradoxales d’une distance géographique qui sécurise et d’une très grande proximité dans la discussion. On est chez soi, protégé sans le poids d’un regard posé sur soi. De plus, on idéale l’autre. Et l’on en vient très vite à raconter des choses que l’on n’aurait pas dites en tête à tête à un ami. »
Résumé éditeur :
On peut supprimer des vidéos violentes sur Internet, on ne peut pas supprimer la violence des hommes.
La nouvelle voix du polar est de retour avec un thriller terrifiant.
Elle a 17 ans et s’est enfuie de chez sa mère pour se sentir enfin libre. Accompagnée de son petit ami, elle fait escale chez un homme qu’elle n’a jamais rencontré mais avec lequel elle discute depuis des mois sur Internet. Elle en a fait son confident. Alors qu’il pourrait bien s’agir du plus abject des monstres…
Il a 40 ans, est réalisateur de cinéma, en couple avec la même femme depuis leurs années de lycée. De soudains déboires conjugaux et professionnels le contraignent à trouver un job alimentaire : modérateur pour Lifebook, le plus important des réseaux sociaux. Sa mission : supprimer des vidéos interdites du fait de leur caractère choquant, sexuel ou ultraviolent.
Dans une société en constante évolution, où le précepte » S’adapter ou mourir » connaît des résonnances tant dans la folie meurtrière des hommes que dans le monde du travail, les destins de ces deux êtres, si éloignés au départ, finiront par s’entrechoquer.
576 pages – 7/10/2021
« – J’ai fait d’autres achats avant de vous accueillir, j’ai hâte que tu les voies. Tu te demandes sans doute où est Adrien ? Je vais le chercher.
Il se redressa puis se dirigea gaiement vers la sortie du container, avança sur la terre sèche embrasée de soleil et disparut. Ambre se tortilla de nouveau, puis observa attentivement l’endroit où elle se trouvait. Un plancher en bois avait été posé sur toute la longueur du container. Elle était attachée à une extrémité et, de l’autre côté, elle aperçut un amas de chaînes à même le sol. L’ameublement se limitait au matelas sur lequel elle se trouvait.
Tout à coup, elle entendit du bruit dehors ; des sortes de gémissements plaintifs, mêlés à des sons de frottements ou de pas… Elle se tourna vivement en direction de la porte, attendit… Que survienne la vision d’horreur… »
J’ai beaucoup aimé les deux premiers thrillers d’Antoine Renand. J’étais donc certaine d’aimer son dernier, « S’adapter ou mourir », et j’avais hâte de le lire. Dès les premières lignes j’ai ressenti un malaise qui ne m’a pas quitté de toute ma lecture. Du coup, bien que bien écrit, je n’ai eu qu’une hâte : le terminer au plus vite pour me sortir de cette histoire lourde psychologiquement et assez cruelle. Pourquoi l’avoir lu jusqu’au bout ? Par respect pour l’auteur dont j’avais beaucoup aimé l’écriture pour ses deux premiers romans et dont je suis certaine d’aimer lire à l’avenir. Mais je vous avoue être tout de même heureuse d’en avoir terminé. Ceci dit, ne vous fiez pas seulement à mon ressenti car les notes et critiques sur Babélio sont très bonnes. Il faut de tout pour faire un monde. Je suis passée à côté pour cette fois-ci. L’auteur nous raconte deux histoires qui finiront par se rejoindre, assez brutalement je dois dire. D’un côté, on suit une toute jeune fille de 17 ans, Ambre, qui décide de partir de chez elle car elle ne s’entend plus avec sa maman et son actuel beau-père. Elle s’enfuit avec son petit ami Adrien. Elle l’a convaincu de faire une première halte sur le chemin de leur nouvelle vie, chez Baptiste, un ami, un confident, connu quelques mois plus tôt sur internet. Baptiste les accueille chaleureusement. Il fait même ami-ami avec Adrien, calcule moins Ambre qui se sent très mal à l’aise et ressent un drôle de pressentiment. Après une soirée bien arrosée, Adrien et Ambre s’endorment rapidement pour se réveiller le lendemain matin prisonniers de Baptiste. Ambre devient son esclave sexuelle. Si elle n’obéit pas, Baptiste roue de coups Adrien avec brutalité sous ses yeux. Ce n’est que le début du calvaire pour Ambre et son malheureux compagnon. De l’autre côté, l’auteur nous narre l’histoire d’Arthur, un quadragénaire, cinéaste malheureux dont le couple bat de l’aile. Son épouse Alexandra qui paie beaucoup les factures, a une aventure et lui demande de quitter le domicile conjugal. Ne sachant où dormir dans un premier temps, il demande de l’aide à son frère dont il n’est pas proche. Ce dernier accepte de l’héberger quelques jours mais pas plus. C’est par son frère qu’Arthur va trouver un job alimentaire chez Ménidas comme modérateur pour la plate-forme Lifebook (toute ressemblance avec Facebook est tout à fait voulue !). C’est là qu’il va rencontrer une bande de jeunes modérateurs (Yuna, Nico et Romain) avec qui il va se lier d’amitié, voire plus, et vivre avec eux en colocation dans la maison bleue. Sa vie va changer complètement et basculer dans un autre monde. Les images, violentes et révoltantes, sur internet sont la trame principale de ce thriller. Ces images auront un impact profond sur Arthur et ses amis et les pousseront à réagir de manière assez violente. Quant à Ambre et son tortionnaire, leur destin va lui aussi basculer grâce ou à cause d’internet. Violence psychologique et violence physique sont présentes tout au long du thriller. Ce que j’ai tout de même apprécié dans ce livre, c’est la dénonciation d’une certaine utilisation d’internet qui me parle beaucoup. Pour le reste, je vous laisse seul juge.
« Un matelas, un sceau. Elle parcourut une énième fois du regard l’endroit où elle se trouvait. Quel objet serait susceptible de l’aider à s’évader ? Pourrait-elle l’étrangler avec sa chaine s’il essayait de s’en prendre à nouveau à elle ? Elle doutait d’y parvenir. Il était sec, mais fort. Que lui ferait-il si elle échouait ? »
Lien vers la fiche du livre sur Babélio
https://www.babelio.com/livres/Renand-Sadapter-ou-mourir/1353753
Note sur Babélio : 4,26/5 (93 notes) – Ma note : 2/5
« Tout semblait se refermer sur moi : mes métiers, mon mariage. Je perdais la dernière chose qui me préservait un peu de l’échec. Je pris conscience que je n’avais rien construit de solide, tout s’était effondré. Hormis mon fils… Mais n’importe quel con était capable de faire un fils. »
L’auteur : Antoine Renand
Antoine Renand est un écrivain, scénariste et réalisateur français né en 1979 dans l’Ain. En 2019, il publie son premier roman, « L’Empathie », aux éditions Robert Laffont. Très remarqué par la critique et par le public, le livre est lauréat du prix Nouvelles Voix du polar et finaliste du prix Maison de la presse. Paru l’année suivante, « Fermer les yeux » est de nouveau finaliste du prix Maison de la presse et connaît le même succès.
« – On va faire un tour, vous et moi. Je vous réserve la surprise. Qu’on soit tous bien d’accord encore une fois, reprit-il en agitant le fusil : si vous faites du foin derrière, si j’entends que vous essayez d’attirer l’attention, c’est Adrien qui morflera. Il ne me sert à rien, déclara-t-il comme une évidence. Tu ne me sers à rien, tu m’entends, connard ? Si tu fais le malin, ou si c’est ta copine, je m’arrêterai sur le bord d’une route déserte et je te liquiderai. Et toi, Ambre, le reste du voyage, tu le feras contre son cadavre. Vous m’avez bien compris et vous me prenez au sérieux ?
Les deux hochèrent la tête.
Baptiste, satisfait, attrapa le lourd hayon et le fit claquer. »
« Le matin, Géraldine nous avait avertis :
– Aujourd’hui vous passerez un cap. Vous serez mis en conditions réelles, pendant deux heures. La semaine prochaine, ceux qui resteront à Ménidas auront des plages de modération beaucoup plus longues, mais nous procédons par étapes. Ce sera difficile et celles et ceux qui se sentiront mal pourront sortir de la salle et faire une pause. J’attire cependant votre attention sur le fait que je vous évaluerai selon deux critères : sur la précision de vos choix ET sur le nombre de contenus que vous réussirez à modérer durant le temps imparti.
Donc il ne fallait pas traîner… Au début, je ressentis de toute façon une montée d’adrénaline devant ces vidéos choquantes. M’étant mentalement préparé, j’essayai de ne pas me laisser atteindre et j’enchaînai les clics à vitesse stable. Puis, petit à petit, je mollis, davantage affecté par ce que je voyais. Je m’efforçais de ne pas m’attarder sur certaines vidéos, de supprimer dès la première image violente, mais la stupéfaction prenait parfois le dessus et je les laissais durer, comme hypnotisé. Le malaise s’amplifia en moi, un peu comme une gueule de bois. »
« Elle hurla. Autant qu’elle le pouvait.
Moins fort qu’elle aurait voulu, car le torchon noué obstruait sa bouche.
Baptiste se délectait. Se mit à rire et à la provoquer. Elle voyait trouble, les yeux embués. Le ravisseur continuait de désigner la viande et les haricots en se marrant et en lui parlant.
Elle se pencha, et c’est un caillou qu’elle ramassa et lui lança. Lourd, rond. Baptiste l’esquiva, surpris. Et parut plus amusé que fâché.
Elle allait le tuer, ou faire qu’il la tue.
Un autre caillou, touché !
Il rit plus fort.
Une pierre cette fois, lourde pour elle, qui passa loin de lui. Il se déplaça, trébucha contre les jambes d’Adrien, sans tomber.
C’était la première fois qu’elle le voyait autant rire… »
« Le jour où j’ai rencontré Yuna, elle avait encore dix-neuf ans.
Ce mardi-là, elle a déboulé dans la salle, tout sourire, avant de s’élancer vers moi et de se débrouiller pour que Nico libère le poste de travail juste à côté du mien, ce qu’il fit sans histoires et même avec une étonnante docilité. Elle se présenta ; je fis de même et elle m’interrompit vite pour m’informer qu’elle me connaissait bien, qu’elle avait vu mes films, que c’était un truc de fou que je sois là, qu’elle était trop contente. »
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