« L’enfant ne sait pas qui est son véritable père. Il ne l’a jamais demandé à Vera. Probablement une des mouches de passage.
Un petit gros qui, avant de disparaître, a mis sa laideur dans le ventre de Vera. Et le résultat, c’est lui. Voilà peut-être pourquoi Vera lui a interdit de l’appeler « Maman ». »
Résumé éditeur :
L’homme qui nettoie rôde autour de nous.
Parmi nos déchets, il cherche des indices sur nos vies.
En particulier sur celles des femmes seules.
Une femme lui a fait beaucoup de mal enfant : sa mère.
La chasseuse de mouches, elle, tente de sauver les femmes en péril.
Et elles sont nombreuses…
Surtout quand l’homme qui nettoie rôde autour d’elles.
Un nouveau thriller d’une intensité rare où violence et angoisse cohabitent pour questionner notre attirance pour le mal, et les traces indélébiles que peuvent laisser les maltraitances du passé.
304 pages – 20/10/2021
« Il était conscient de la perception négative de son travail : les gens comprenaient que quelqu’un doive s’occuper de leurs déchets, mais éprouvaient une pitié silencieuse pour ceux qui s’en chargeaient. Comme s’il s’agissait d’un acte de contrition, ou d’une condamnation. Mais cela ne lui pesait pas, au contraire. Il n’était pas incommodé par les mauvaises odeurs, ni gêné de mettre les mains dans ce que les autres rejetaient. Il fallait bien que quelqu’un accepte cette mission ingrate, c’était une loi irréfutable de la vie. »
Pour moi, et je ne dois pas être la seule, Donato Carrisi restera à jamais l’auteur génial du thriller à l’énorme succès mérité « Le chuchoteur ». Donc quand je commence un de ses livres, je suis très en attente. Avec « Je suis l’abysse » que mon neveu et filleul a eu la gentillesse de m’offrir (merci à toi), je n’ai pas été déçue. Avec l’homme qui nettoie, on ne connaîtra jamais son nom, on s’enfonce effectivement dans l’abysse de l’enfer. Ce livre est le chemin de souffrances de tous les personnages. Aucun n’y échappe. Et chacun réagira à sa manière. Donato Carrisi nous emmène dans un labyrinthe tortueux où chaque histoire tisse sa toile de douleur et finit par se rejoindre. On y croise donc l’homme qui nettoie au passé d’enfant martyre, devenu un être solitaire et dangereux. Mais aussi la chasseuse de mouches, une femme pétrie de chagrin, de regrets et de colère qui tente avec ses maigres moyens de sauver des femmes battues. Dans cette galerie de personnages, il y a aussi la fille à la mèche violette qui a essayé de se suicider. Finalement elle est sauvée de la noyade par l’homme qui nettoie. Pourquoi a-t-il donc fait ce geste généreux au risque de sa vie, lui l’homme si sombre et solitaire ? Il ne le sait même pas lui-même mais toute sa vie va en être chamboulée. L’ambiance de ce livre est noire, bien noire, violente et dure mais surtout au niveau psychologique. En effet, les meurtres et les blessures infligées sont souvent suggérées et pas vraiment décrites. C’est peut-être encore pire. Bref, un excellent thriller angoissant et glaçant jusqu’au bout. Le suspense est très bien mené. Je recommande pour les amateurs du genre.
« L’air matinal était le meilleur, alors il essayait toujours de se faire assigner la première tournée. Cela comportait l’avantage, outre le fait de ne pas avoir à interagir avec ses collègues, de profiter de la quiétude du matin. Un privilège aussi intime ne pouvait être partagé avec personne. L’homme qui nettoyait était taciturne. Même quand il pensait, ses raisonnements étaient de longues réflexions où les images défilaient dans sa tête, accompagnées de sensations très simples.
Toutefois, son introversion mettait les gens mal à l’aise.
Il ne voulait pas gêner les autres par sa présence. Personne n’apprécie la compagnie de quelqu’un qui ne parle pas, ne fume pas, ne boit pas d’alcool, ne s’intéresse ni au sport ni aux femmes et n’a ni épouse ni enfants dont se plaindre. Un homme sans amis. Un homme qui n’en a pas besoin, aurait-il dit s’il avait été capable de le formuler. En effet, l’homme qui nettoyait ne possédait pas de définition de lui-même.
Nettoyer était ce qui le représentait le mieux. »
Lien vers la fiche du livre sur Babélio
https://www.babelio.com/livres/Carrisi-Je-suis-labysse/1348040
Note sur Babélio : 4,01/5 (277 notes) – Ma note : 4/5
« Il se hisse comme il peut et sort de la fosse sombre. Il fait chaud mais il a si froid. L’urine coule entre ses jambes, il ne s’en rend pas compte. Il ne perçoit que son cœur emballé.
– Maman… appelle-t-il pour la première fois d’une voix étranglée. Maman…
Il sanglote, tant pis si elle se moque de lui.
Il ne sait pas quoi faire ni où aller. Il n’a que deux certitudes.
Sa mère l’a laissé seul. Et maintenant, il sait nager. »
L’auteur : Donato Carrisi
Donato Carrisi, né le 25 mars 1973 à Martina Franca (Italie), est un romancier, journaliste, dramaturge, réalisateur et scénariste italien, auteur de roman policier.
Donato Carrisi est l’auteur d’une thèse sur Luigi Chiatti, un tueur en série italien.
Juriste de formation, spécialisé en criminologie et sciences du comportement, il délaisse la pratique du Droit en 1999 pour se tourner vers l’écriture de scénarios.
« Le Chuchoteur », son premier roman policier où apparaît l’experte dans les affaires d’enlèvement Mila Vasquez, vendu à plus de 200 000 exemplaires en Italie et traduit en France, est édité dans douze pays et remporte quatre prix littéraires, dont le prix SNCF du polar européen 2011 et le prix des lecteurs du Livre de poche 2011.
Quelques récompenses viennent souligner le talent de Donato Carrisi : le prix Camaiore, le prix Il Belgioso, le prix Bancarella et enfin le prix Mediterraneo del Giallo y del Noir.
Il est l’auteur italien de thrillers le plus lu dans le monde.
Donato Carrisi est également dramaturge.
En 2017, il passe à la réalisation avec son premier film, « La Fille dans le brouillard » (La ragazza nella nebbia), une adaptation d’un de ses romans, qui lui vaut de remporter le prix du meilleur réalisateur débutant lors de la 63e cérémonie des David di Donatello.
« Les poubelles d’une personne racontent sa véritable histoire. Car à la différence des gens, les poubelles ne mentent pas.
On peut beaucoup apprendre de ce que jettent les gens. Dans le fond, c’était pour lui une façon d’interagir avec d’autres êtres humains. Mais pas avec tous : il s’intéressait uniquement à ses semblables.
Les solitaires. »
« Les gens le croisaient, le frôlaient. Personne ne savait qui était l’homme qui marchait parmi eux. Il n’était qu’une tache transparente qui passait furtivement dans leur champ de vision avant de disparaître. Il se demandait parfois comment ils auraient réagi s’ils l’avaient regardé ne serait-ce qu’un moment. Quand, rarement, l’homme qui nettoyait décidait de se noyer dans une foule, c’était pour ressentir le pouvoir de son invisibilité. »
« La vie d’avant me manque. Tu me manques… Le divorce n’efface pas la mémoire des choses : même quand on se sépare, on continue de partager les souvenirs. C’est juste qu’on ne le fait plus ensemble. »
« Un ongle cassé, verni de rouge.
Il le fixa, stupéfait et enchanté. C’était bien plus qu’un simple déchet. C’était une partie de son corps.
Une relique.
Il le posa délicatement sur la table. Il émettait une étrange radiation, un signal profond qu’il percevait distinctement. Il se sentit excité : cet ongle cassé était son premier véritable contact avec l’Élue.
L’homme qui nettoyait se tourna vers la porte verte : il se sentait à nouveau prêt à l’ouvrir.
Le moment était venu d’en référer à Micky. »
« Il entra dans la chambre.
La jeune fille à la mèche violette dormait, sereine. Elle était probablement sous sédatifs. Sa bouche était recouverte d’un masque à oxygène. Un appareil électronique surveillait les battements de son cœur et préviendrait si elle se réveillait. Mais pour le moment, il émettait des bips réguliers, aussi l’homme s’approcha du lit. »
« Elle empoigna plus solidement le tison et posa l’autre main sur la porte : elle allait la pousser, quand son portable sonna dans sa poche. Le réseau était revenu. Elle tenta de le faire taire mais le laissa tomber sur le sol. Elle eut le temps de lire numéro inconnu sur l’écran et de penser que, cette fois encore, le destin avait été formidablement ponctuel. Elle se pencha pour le ramasser, et c’est alors que quelque chose s’abattit avec force sur sa nuque et la projeta en avant. »
« Il ne dit pas un mot. Il la serra contre elle et ils pleurèrent. Ils savaient qu’ils ne se remettraient jamais ensemble. Pourtant, à ce moment-là, ils étaient à nouveau les deux jeunes gens qui avaient mis un enfant au monde par amour. »
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