« Le cerveau étant malléable, il se réorganisait en permanence, et un souvenir n’était pas une photo précise, comme on l’avait longtemps pensé : chaque fois qu’il remontait à la surface, il se reconstruisait avec de nouveaux éléments, mutait, et était réenregistré ainsi. En définitive, plus on se remémorait un instant, plus celui-ci s’éloignait de la réalité du passé. »
Suivez le fil infernal
Une scène de pure folie dans un chalet. Une victime au visage réduit en bouillie à coups de tisonnier. Et une suspecte atteinte d’une étrange amnésie. Camille Nijinski, en charge de l’enquête, a besoin de comprendre cette subite perte de mémoire, mais le psychiatre avec lequel elle s’entretient a bien plus à lui apprendre. Car avant de tout oublier, sa patiente lui a confié son histoire. Une histoire longue et complexe. Sans doute la plus extraordinaire que Camille entendra de toute sa carrière…
« Tout d’abord, mademoiselle Nijinski, vous devez savoir qu’il y a cinq protagonistes. Toutes des femmes. Écrivez, c’est important : “la journaliste”, “la psychiatre”, “la kidnappée”, “la romancière”… Et concentrez-vous, parce que cette histoire est un vrai labyrinthe où tout s’entremêle. Quant à cette cinquième personne, elle est le fil dans le dédale qui, j’en suis sûr, apportera les réponses à toutes vos questions. »
384 pages – 5/5/2022
« Pour avoir un aperçu de sa noirceur, il suffisait de lire ses livres, si crus et si sombres qu’on se demandait quel genre d’individu était capable d’imaginer des histoires pareilles. Un pervers. Un malade. Voilà ce qu’il était. »
Soyons claire d’emblée, j’aime beaucoup Franck Thilliez. J’étais donc hyper impatiente de lire son dernier thriller « Labyrinthes ». Et bien à ma grande surprise, j’ai bien failli ne pas le finir. J’ai vraiment eu envie d’arrêter ma lecture, tant une partie de cette histoire me mettait très mal à l’aise, était à mon goût particulièrement glauque et malsaine. Pourtant j’en ai déjà lu des histoires glauques mais là ça ne passait plus. Je me demande si les auteurs de thrillers, pour vendre, ne vont pas à force trop loin. S’ils ne repoussent pas trop loin les limites du supportable. Il faut toujours plus de « sensationnel » pour vendre. Nous, lecteurs, sommes sans doute les responsables de cette dérive. Bref, j’ai bien failli arrêter ma lecture, mais finalement… C’est quand même un Franck Thilliez ! Alors par respect pour l’auteur qui m’a déjà tant donné de plaisir de lecture et pour connaître la fin (et oui je suis curieuse et je voulais connaître le dénouement), j’ai poursuivi. La fin vaut le coup même si cette maladie mentale à la base de l’intrigue et qui existe malheureusement, mais rarement fort heureusement, je l’avais déjà lu dans un thriller exceptionnel de Jean-Christophe Grangé. Je préfère ne pas vous donner le titre car vous comprendriez tout de suite de quoi il s’agit. Or le plaisir de cette lecture est la surprise. Donc motus. Malgré cette entrée quelque peu « négative », je vous conseille néanmoins de vous faire votre propre opinion car sur Babélio les chroniques sont très bonnes, voire excellentes. Dans ce roman, nous suivons tour à tour plusieurs jeunes femmes à des moments clés de leurs vies. Nous débutons avec Julie, une jeune de 17 ans qui vient d’être enlevée alors qu’elle faisait du vélo. Elle se retrouve enfermée dans une pièce totalement insonorisé, tapissée d’articles de faits divers. Elle est nourrie et vêtue par une trappe qui s’ouvre. Elle a reconnu la voix de son ravisseur, celle d’un auteur de thrillers, très connu, à succès dont elle a fait la connaissance quelques mois plus tôt. Que lui veut-il ? Arrivera-t-elle à s’échapper ? Il y a aussi Lysine, une journaliste qui a fui trois mois plus tôt suite à un cambriolage la maison dont elle avait hérité de ses parents décédés dans un accident de car. Réfugiée à Rouen, elle vient passer quelques jours pour vendre cette maison qui maintenant lui fait peur. A cette occasion, elle se rend compte qu’une personne a usurpé son identité. Elle reçoit de cette dernière une vieille bobine de film 8 mm. Dessus un film d’horreur. Lysine bien qu’apeurée et complètement perdue et aussi avec des problèmes de mémoire, mène l’enquête. Et puis on suit également Véra, psychiatre de son état, qui est devenue une hypersensible qui ne supporte plus les ondes, même celles d’un téléphone portable éteint. Elle a donc fini par rejoindre l’une des rares zones blanches du pays, dans les Vosges. Un coin très reculé où tentent de survivre des personnes comme elle en reconstruisant un village abandonné. Pour l’instant, Véra vit dans un chalet isolé avec pour seul contact humain, un vieil homme qui l’a pris sous son aile, André dit Vieil ours. Et puis de manière plus succincte on suit également Ariane, une jeune artiste à l’inspiration sombre qui vivait sous les ponts avant d’intégrer une communauté. Et bien sûr Camille, une jeune flic à qui est confiée une drôle d’enquête : un meurtre brutal dans un chalet avec une meurtrière présumée qui a complètement perdu la mémoire. Heureusement avant de tout oublier, elle a confié son histoire à un médecin qui va lui-même la raconter à Camille. Et c’est parti pour « Labyrinthes ». Voilà, comme je vous l’ai dit plus haut, tentez l’aventure, c’est un Franck Thilliez et faites-vous votre propre opinion.
« Là, dans cette prison conçue par un taré, chaque réveil était pire que le précédent. Elle oubliait chaque fois où elle était l’espace d’un instant. Les paupières closes, elle s’imaginait dans sa chambre, chez elle. »
https://www.babelio.com/livres/Thilliez-Labyrinthes/1389271
Note sur Babélio : 4,17/5 (172 notes) – Ma note : 3/5
« L’art était-il un univers à part où la liberté d’expression pouvait tout permettre, tout représenter ? Censurer la création revenait-il à porter atteinte à la démocratie et aux libertés individuelles ? »
Franck Thilliez, né le 15 octobre 1973 à Annecy, est un écrivain français, auteur de romans policiers et de thrillers, également scénariste.
Né en 1973 à Annecy, Franck Thilliez étudie à ISEN Lille afin de devenir ingénieur en nouvelles technologies, vit à Mazingarbe, petite commune entre Lens et Béthune dans le Pas-de-Calais.
Romancier, il est également scénariste et a coécrit, avec Nicolas Tackian, les dialogues du téléfilm intitulé Alex Hugo, la mort et la belle vie inspiré du roman américain Death and the Good Life de Richard Hugo, relocalisé en Provence pour l’adaptation à la télévision.
Grand passionné de thrillers, on retrouve dans ses romans quelques clins d’œil à leurs auteurs, comme Jean-Christophe Grangé, Stephen King, Joël Schumacher, Maurice Leblanc et bien d’autres.
« Aucun doute, la personne qui avait souscrit à ce service en s’appropriant son identité était aussi celle qui avait noté l’adresse sur le papier kraft et qui, logiquement, avait glissé l’enveloppe au fond de la boîte postale. Mais quand ? Et surtout, pourquoi ? Lysine parcourut les pages du contrat : règlement en liquide, cadre correspondant au numéro de portable vide. Autrement dit, elle n’avait aucun moyen de remonter à son usurpatrice.
Elle déchira l’enveloppe et en tira une clé de petite taille ainsi qu’un boîtier circulaire, en plastique noir, sur lequel était scotchée une étiquette avec un numéro de téléphone. Dessus, toujours la même écriture : « Film H. C. »
Avec appréhension, elle en souleva le couvercle.
À l’intérieur, une bobine de pellicule.
Un film 8 mm. »
« Mais elle pouvait encore rebrousser chemin. Une petite voix dans sa tête lui intimait de se débarrasser rapidement du paquet. D’oublier l’adresse griffonnée, le numéro de téléphone, et de ne surtout pas visionner la bobine. Tout brûler dans la cheminée et faire comme si de rien n’était.
Mais c’était impossible. Car, à présent, Lysine n’avait qu’une envie : savoir. »
« Ce feu intérieur, elle ne l’avait plus ressenti depuis des mois. Il brûlait pourtant au fond de son ventre. Fidèle. Il était son arme la plus puissante, et elle devait la garder pour elle. La colère maintenait en vie, faisait réfléchir, donnait des objectifs. La colère poussait le lion à tenter de fuir de sa cage à la moindre erreur du geôlier. »
« – Véra au Vieil Ours…
Une voix grave lui parvint en retour. André Lambert alignait soixante-dix bougies. Ancien garde forestier de cette partie du parc régional, il vivait dans un chalet à peine plus confortable que le sien et tout autant isolé. Elle n’était allée chez lui que deux fois. Excellent marcheur, c’était toujours lui qui se déplaçait, soit parce qu’il chassait dans le coin, soit parce qu’il venait chercher ou rapporter les livres qu’il lui empruntait. Mais, depuis l’automne, elle ne l’avait plus vu. Désormais, le seul lien qui subsistait entre eux, c’étaient ces communications.
– Ouais, gamine, j’suis là. Bien le bonjour, en ce 13 février, jour des Héloïse, en l’honneur de la bienheureuse Héloïse, ermite bénédictine morte je ne sais plus quand.
Véra sourit et arracha la feuille de son éphéméride. C’était André qui le lui avait donné. »
« Qu’est-ce que Traskman croyait ? Qu’elle allait être son pantin ? C’était hors de question. Et, pour le prouver, elle bondit au milieu de la pièce avant de déchirer le papier avec rage. Puis elle courut se réfugier près du lit, en chien de fusil, les yeux braqués sur le couloir. Viendrait-il ?
Elle perçut soudain comme un souffle, un feulement, avant d’être surprise par une pointe de douleur dans l’épaule gauche. Elle arracha aussi vite que possible la fléchette à l’extrémité plumée de rouge, ôta sa veste de survêtement et pressa la peau au niveau de la piqûre pour tenter d’en extraire le produit. Mais il était trop tard.
Quand elle se réveilla, couchée sur son matelas, un article identique à celui qu’elle avait déchiqueté avait été replacé sur le mur, intact, exactement au même endroit… »
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