« Si ce n’est pas l’enfer, le diable prend à coup sûr des notes. »
Ce soir à 23 heures, Evelyn Hardcastle va être assassinée. Qui, dans cette luxueuse demeure anglaise, a intérêt à la tuer ? Aiden Bishop a quelques heures pour trouver l’identité de l’assassin et empêcher le meurtre. Tant qu’il n’est pas parvenu à ses fins, il est condamné à revivre sans cesse la même journée. Celle de la mort d’Evelyn Hardcastle.
Mixez Agatha Christie, « Downton Abbey » et « Un jour sans fin »… voilà le roman le plus divertissant de l’année. Lauréat du prestigieux Costa Award, le premier roman de Stuart Turton est à la fois un formidable jeu de l’esprit et un régal de lecture.
600 pages – 11/6/2020 (sortie format broché chez Sonatine : 16/5/2019
« Désemparé, j’en reviens à la dernière préoccupation de l’homme que j’étais. « Anna ! » Qui que soit cette femme, elle est clairement la raison de ma présence ici, mais je n’arrive pas à me la représenter. Peut-être est-ce ma femme, ou ma fille ? Aucune de ces deux possibilités ne semble coller, et pourtant ce nom exerce sur moi une attraction. Je le sens qui tente d’entraîner mon esprit quelque part. Plus éperdu que plein d’espoir, je crie : « Anna ! » »
J’ai découvert l’auteur avec son second roman que j’ai énormément aimé, « L’étrange traversée du Saardam » et comme son premier était qualifié de phénomène littéraire, j’avais hâte de le découvrir. Enthousiasme un peu retombé je l’avoue à sa lecture. Dans un premier temps, je n’ai absolument rien compris à l’histoire. Pourtant j’aime les mystères, les intrigues même un peu tordues, mais là j’en ai perdu mon latin ! Un homme, amnésique, se réveille en pleine forêt, avec pour seul repère un prénom, Anna. A part ce prénom, sa tête est vide ! Dans cette forêt profonde et angoissante, il entend un cri et il est aussitôt persuadé que c’est Anna qui est agressée voire tuée. Il court désespérément pour lui porter secours, mais une petite hésitation (est-il lâche ?) lui semble laisser le temps à l’assassin de commettre son méfait. Désemparé et tremblant, il finit par se diriger vers une bâtisse luxueuse mais délabrée ce qui la rend assez sinistre, Blackheath. Une étrange communauté de personnes y est rassemblée pour assister à une fête organisée par la famille Hardcastle, propriétaire des lieux. Un drame s’est déroulé près du lac de cette demeure il y a une vingtaine d’années, jour pour jour, et chose étrange, tous les invités étaient déjà présents alors. Comme un sinistre anniversaire. Commence alors une drôle de valse du temps pour le « héros » de cette histoire. Chaque jour, son esprit, en tout cas ce qu’il en reste, change de corps et se retrouve dans un nouvel hôte. Il finit par comprendre et nous avec, qu’il a 8 hôtes différents pour résoudre une énigme : qui a tué Evelyne Hardcatle. Une sorte de jour sans fin, où à chaque fois la même journée recommence mais avec un hôte différent. Il lui faut alors rassembler ses maigres souvenirs et mener l’enquête avec les rares conseils du médecin de peste tout en essayant de ne pas se faire tuer par le valet de pied. Vous n’y comprenez rien ? Sachez pourtant que je vous donne des éléments pour comprendre que je n’avais pas au début de ma lecture. Et que je fais au plus simple car les règles à Blackheath sont bien plus compliquées. Cette lecture a été une vraie prise de tête. J’ai bien failli lâcher. Mais ma curiosité a été la plus forte. Je reconnais un véritable tour de force de l’auteur pour un premier roman. Mais trop c’est trop. Je crois que je n’ai pas tout compris en refermant le livre mais ma curiosité a été satisfaite néanmoins avec en plus une surprise en fin de livre assez bien trouvée ! Mais être obligée à ce point de gamberger finit par tuer le plaisir de la lecture. Alors si vous aimez vraiment vous retourner le cerveau, lancez-vous dans l’aventure. Pour les autres, passez votre chemin.
« Toussant de la fumée de cigare, j’ouvre une nouvelle paire d’yeux et me découvre tout habillé sur un plancher, une main victorieusement posée sur un lit encore fait. Mon pantalon est autour de mes chevilles et je serre une bouteille de brandy contre mon ventre. Une tentative de me déshabiller a clairement eu lieu la nuit dernière, mais l’entreprise semble avoir été au-delà des forces de mon nouvel hôte, dont l’haleine empeste comme un vieux sous-bock. »
Note sur Babélio : 3,77/5 (1381 notes) – Ma note : 2,5/5
« Je m’entends manger, la mastication et les craquements, les bruits de succion et la déglutition. La sauce me coule sur le menton, le gras confère à mes lèvres une épouvantable brillance chatoyante. La férocité de mon appétit est telle que je me retrouve haletant entre les bouchées et que ma serviette ressemble à un champ de bataille. Les autres convives observent ce spectacle hideux du coin de l’oeil, tentant d’entretenir les conversations alors même que le décorum de la soirée est broyé entre mes dents. Comment un homme peut-il connaître une telle faim ? Quel vide doit-il essayer de combler ? »
Stuart Turton est né en 1980 à Widnes, Royaume-Uni.
Il a une maîtrise d’anglais et de philosophie. Après ses études, il décide de voyager pendant trois mois, mais son périple se prolonge, puisqu’il repousse l’échéance de son retour chaque semaine, pour finalement revenir cinq ans plus tard.
Stuart Turton est un touche-à-tout, qui ne prévoit rien à l’avance. Il a notamment enseigné l’anglais à Shanghaï, rédigé des chroniques de voyage à Dubaï, et travaillé pour un magazine de technologie à Londres.
« Les Sept Morts d’Evelyn Hardcastle », son premier roman, a été désigné comme un must read par les magazines Style, Harper’s Bazaar et Marie Claire. Vendu à plus de 150 000 exemplaires en Grande-Bretagne il a remporté le prix Costa du meilleur premier roman en 2019.
Son deuxième roman, « L’Étrange Traversée du Saardam », a été élu meilleur roman de l’année 2021 par The Guardian, Daily Mail, Financial Times, Sunday Times et Publishers Weekly.
Stuart Turton est journaliste freelance, il vit à Londres avec son épouse.
« Peut-être est-ce le costume, mais ce geste semble quelque peu théâtral, presque répété. J’ai soudain le sentiment de faire partie d’une pièce dans laquelle tout le monde connaît ses répliques sauf moi. »
« De tous les tours que joue Blackheath, être exposé au côté très déplaisant d’une personne que vous considériez auparavant comme une amie est sûrement l’un des plus cruels. »
« Pour autant que je sache, nous courons en rond, chacun défaisant le travail de l’autre. Il ne s’agit plus simplement de trouver la bonne réponse, il s’agit de s’y accrocher suffisamment longtemps pour l’apporter au médecin de peste. »
« Il serait rafraîchissant de trouver pour une fois quelqu’un dans cet endroit qui serait exactement ce qu’il semble être. »
« On m’a promis huit hôtes pour résoudre ce mystère et on me les a donnés, sauf que Bell était un lâche, le majordome s’est quasiment fait battre à mort, Ravencourt pouvait à peine bouger, et Derby est incapable de retenir une pensée. C’est comme si on m’avait demandé de creuser un trou avec une pelle faite de plumes. »
« « La compétition n’était pas égale, dis-je. J’ai eu huit hôtes alors qu’Anna et Daniel n’en ont eu qu’un seul. Je pouvais me souvenir de la semaine, mais pas eux. Il marque une pause, me considérant. « Vous avez eu ces choses parce que vous avez choisi de venir à Blackheath, répond-il doucement, comme s’il craignait d’être espionné. Eux, non, et c’est tout ce que je peux dire sur cette question ». »
« Par chance, les feuilles et les brindilles sont tellement démoralisées par la pluie de tout à l’heure qu’elles n’ont pas le cœur de crier sous mes pieds. »
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