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La Reine oubliée, tome 1 : Les Enfants d’Alexandrie de Françoise Chandernagor

« Alexandre et Séléné étaient des enfants de l’amour. Autant naître orphelin ! Les couples amoureux sont trop occupés d’eux-mêmes pour s’intéresser à leur progéniture : l’arbre qui pousse se soucie-t-il des fruits qui tombent ? »

Résumé éditeur :

« En ce temps-là, le monde était jeune, et Alexandrie, la plus belle ville du monde. Au ras des flots, la Très-Brillante éblouissait par sa blancheur. Blanches, les terrasses de pierre tendre, les colonnes d’albâtre, les avenues pavées de marbre, et blanc, le grand Phare… Alexandrie : joyau d’un empire qu’Antoine et Cléopâtre vont entrainer dans leur chute. » Des amours de l’Imperator et de la reine d’Egypte étaient nés trois enfants : Séléné et Alexandre, des jumeaux fille et garçon, brun et blond, et le petit Ptolémée. Princes éphémères, qui grandissaient dans la pourpre et l’encens du Quartier-Royal auprès de leur demi-frère, l’enfant-pharaon né de César, Césarion. Tous si jeunes encore, si fragiles, quand la tourmente s’abattit sur eux. Quatre enfants au destin tragique. Séléné, l’unique rescapée, n’oubliera jamais l’anéantissement de son royaume, de sa dynastie, de ses dieux. Prisonnière en terre étrangère, elle vivra désormais pour venger ses frères et faire survivre dans le monde des vainqueurs la lignée des vaincus… Avec la sensibilité d’écriture et la force romanesque qui ont fait de L’Allée du Roi un classique, François Chandernagor s’empare de la vie méconnue de la dernière des Ptolémées, la Reine oubliée. Explorant les dits et les non-dits de l’Histoire avec une érudition qui n’empêche pas l’empathie, elle questionne un passé deux fois millénaire. Un récit singulier, haletant. Une fresque grandiose.

400 pages – 6/4/2011

« C’est l’été. La petite fille a deux ans et demi. Elle parle assez bien, mais n’est pas raisonnable pour autant. Ce soir, elle vient d’échapper à la surveillance d’une servante, on la cherche, la nuit tombe. Cypris, sa nourrice, parcourt en gémissant les chambres intérieures et les courettes sombres comme des tombeaux, elle invoque tour à tour Sérapis, le dieu tout-puissant d’Alexandrie, et Isis la secourable, la madone à l’enfant, Isis aux dix mille noms, étoile de la mer, déesse parmi les femmes, mère salvatrice. Cependant on ne trouve pas la princesse. »

Je découvre l’écriture de Françoise Chandernagor avec cet ouvrage sur l’Egypte. Je n’ai pas résisté. L’histoire de Séléné, fille de Cléopâtre et Marc Antoine, se déroule dans une époque de l’Egypte antique que je connais peu. Pour moi, les Ptolémées ne sont pas des Egyptiens. Normal, ils sont d’origine grecque. Mais en lisant « Les enfants d’Alexandrie », j’ai été tout de même étonnée à quel point ils étaient éloignés de la civilisation égyptienne. Du coup, cela m’a intéressé de découvrir cette période. Par contre, j’ai été déstabilisée par l’écriture de l’autrice et surtout par son parti pris quant à sa position par rapport à ses personnages. Assez régulièrement, elle intervient dans le récit en tant qu’autrice et nous livre ses réflexions. Cela met de la distance entre nous et les personnages. Cette manière de faire ne m’a pas permis de m’attacher aux personnages et de m’immerger complètement dans l’histoire. Et je n’ai pas aimé. Cela m’a dérangé. J’aurais préféré qu’elle nous communique ses réflexions en fin d’ouvrage, ce qu’elle fait longuement d’ailleurs. Visiblement, elle a à cœur de nous expliquer les difficultés de l’écrivain pour trouver sa place, entre l’Histoire et la fiction. Je respecte tout à fait ses réflexions mais je n’en veux pas dans le récit. Ça casse l’intrigue. De plus, le livre est intitulé « Les enfants d’Alexandrie », or l’autrice parle essentiellement de Cléopâtre et de Marc Antoine. C’est intéressant bien sûr mais elle parle relativement peu des enfants. Bref, je suis ambivalente par rapport à ce livre. Je n’ai pas réussi à adhérer complètement à l’histoire et du coup je ne suis pas certaine de lire les tomes suivants. Je tiens tout de même à dire que même si je n’ai pas apprécié le parti pris de l’autrice, cette dernière est érudite et écrit très bien. A vous de voir !

« Pas de chance, Cléopâtre n’est pas égyptienne, elle est macédonienne ; c’est au nom des conquérants grecs qui dominent l’Egypte depuis trois siècles qu’elle exerce le pouvoir. Certes, ces Grecs-là, colons sans métropole, se disaient « Égyptiens », et, bien sûr, leurs rois avaient adopté certaines coutumes locales, comme celle du mariage entre frère et sœur. Mais, pour le reste, ils vivaient en Grecs, pensaient en Grecs, s’habillaient en Grecs, se coiffaient en Grecs et, obligés de se métisser, se vengeaient de cette mésalliance en méprisant les indigènes, « des demeurés, juste bons à écorcher la terre et à embaumer les chats » ! La perruque d’Isis, cette perruque large et sombre qu’on voit sur les murs des tombeaux, Cléopâtre la portait sans doute. De temps en temps. Pour les manifestations officielles. Quand elle « faisait » le pharaon. Les autres jours, elle adoptait la coiffure toute simple des tanagras : les cheveux longs, ondulés, séparés en boucles autour du front, puis renoués sur la nuque en chignon. »

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

https://www.babelio.com/livres/Chandernagor-La-Reine-oubliee-tome-1–Les-Enfants-dAlexandrie/525248

Note sur Babélio : 3,63/5 (219 notes) – Ma note : 3/5

« Au départ d’Antioche, fin avril, Séléné, assise dans sa litière aux rideaux ouverts, joue avec une figurine de faïence bleue qu’elle entortille dans des chiffons. Cette poupée, pourquoi n’est-elle pas articulée comme la belle dame en ivoire qu’elle a laissée à Alexandrie ? ou joliment peinte comme l’autre dame, en bois, qu’on a oubliée à Antioche ? Et pourquoi la poupée tient-elle un bébé sur les genoux ? Pas facile d’habiller cette bonne femme sans étouffer son nourrisson ! Séléné a beau s’appliquer, elle finit toujours par emballer la tête du mioche dans la robe de la mère. « Mais tu vas le tuer ! dit Taous en riant. Si tu l’enveloppes comme ça, il ne pourra plus respirer ! Tu vas tuer notre petit Horus… – Il n’a qu’à ne pas être là ! » »

Autrice : Françoise Chandernagor

Françoise Chandernagor, née le 19 juin 1945 à Palaiseau (Essonne), est une femme de lettres et haut-fonctionnaire française. Membre de l’Académie Goncourt, elle a écrit une quinzaine d’ouvrages après avoir travaillé dans la haute administration française.

Françoise Chandernagor est la fille d’André Chandernagor, ancien député de la Creuse et ministre des Affaires européennes du gouvernement Pierre Mauroy. Elle est aussi la petite-fille d’un maçon de la Creuse et d’un artisan-coutelier de la Vienne. Cette famille limousine est issue d’un esclave indien, dit « Bengale », qui reçut le nom de Charles-François Chandernagor à son affranchissement et à son baptême dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Charles-François Chandernagor fut élevé par sa marraine à Bussy-Castelnau dans le Cher. Il devint ensuite cuisinier dans le Poitou.

Françoise Chandernagor, mariée en premières noces à Philippe Jurgensen, énarque, inspecteur général des finances, dont elle eut trois enfants puis divorça, et en deuxièmes noces mariée à Gérard Denis de Senneville-Grave, inspecteur général de l’Équipement, a toujours partagé sa vie entre Paris et la Creuse.

Après un diplôme de l’Institut d’études politiques de Paris et une maîtrise de droit public, elle entre à vingt et un ans à l’École nationale d’administration (ENA), d’où elle sort deux ans plus tard major de sa promotion. Elle est alors la première femme à obtenir ce rang.

En 1969, elle intègre le Conseil d’État où elle va exercer différentes fonctions juridictionnelles, notamment celles de rapporteur général. En 1991, elle a rédigé le rapport annuel du Conseil d’État sur l’insécurité juridique.

Elle a occupé aussi plusieurs postes dans des administrations extérieures, tant dans le secteur culturel que dans des services économiques, et a assumé à titre bénévole des responsabilités dans des organismes caritatifs, notamment la vice-présidence de la Fondation de France jusqu’en 1988 et la vice-présidence de la Fondation d’Aguesseau.

Elle quitte l’administration et abandonne sa carrière de fonctionnaire en 1993 pour se consacrer entièrement à l’écriture. Elle est membre de l’académie Goncourt depuis 1995.

Depuis 1981, date à laquelle elle a publié « L’Allée du Roi » (mémoires imaginaires de Madame de Maintenon, seconde épouse de Louis XIV), Françoise Chandernagor a écrit de nombreux romans, des essais et une pièce de théâtre (jouée à Bruxelles en 1993-1994 et à Paris en 1994-1995, reprises à Bruxelles, puis à Paris, dans les années 2000). Plusieurs de ses romans ont été traduits dans une quinzaine de langues, et deux d’entre eux (« L’Allée du Roi » et « L’Enfant des Lumières ») ont fait l’objet d’adaptations télévisuelles.

Françoise Chandernagor est ancienne présidente du prix Jean-Giono et du prix Chateaubriand ; elle est membre de l’académie Goncourt (depuis juin 1995) et vice-présidente de cette académie depuis 2010. Elle est vice-présidente de l’association « Liberté pour l’histoire » créée par René Rémond et Pierre Nora.

« Elle vit. Elle avait vu. Elle voyait ! Les servantes s’extasièrent, lui embrassèrent les paupières, rendirent grâce à Isis, et coururent prévenir Glaucos. La Reine, elle, ne semblait pas très étonnée – ses dons de guérisseuse, sa capacité à infuser la vie, elle n’en avait jamais douté. Rien de miraculeux dans cette guérison. Ni même de psychosomatique : en rejoignant la litière de sa mère, l’enfant s’est simplement trouvée séparée des cônes de cyprès qu’elle traînait avec elle comme un trésor. Deux mille ans après, nous le savons : le cyprès est allergisant et son fruit, même sec, peut provoquer une conjonctivite violente. Voilà pourquoi, cruelle romancière, j’ai poussé Séléné à ramasser, dans le faubourg de Daphné, quelques pommes de cyprès – après tout, les cyprès de Daphné étaient célèbres et c’est à Daphné que Cléopâtre avait installé sa suite… Pour autant, personne ne sait, évidemment, à quoi jouait sa fille de trois ans dans les jardins de sa résidence. »

« Il est rare, dans l’Histoire, qu’un chef d’armée fasse progresser la technique militaire à l’occasion d’une défaite, mais plus rare encore qu’il obtienne des troupes démoralisées, pressées de toutes parts, l’exécution parfaite d’une manœuvre inédite. »

« De quel œil regarde-t-on une femme dont on croit qu’elle songe à vous supprimer ? Une femme que son propre médecin traitait d’empoisonneuse un an plus tôt ? Antoine et Cléopâtre, ces deux fauves qui, dès le premier jour, se sont reconnus, mesurés et appréciés, s’aiment maintenant d’un amour déchiré : ils s’y sont trop aiguisés les dents. »

« Il s’est vu mourir : s’il n’y eut jamais un homme auquel appliquer cette expression-là, c’est Marc Antoine. Une année entière d’agonie. Il s’est vu mourir. À petit feu. Par petits bouts. Il perdait tout – ses alliés, ses villes, ses amis, même ses affranchis, l’un après l’autre. Entre deux amputations, deux renoncements, il arrivait qu’il reprît courage. Cléopâtre lui insufflait sa propre énergie : chaque jour était pour elle une aventure nouvelle. Comme Isis, elle donnait aux morts une seconde vie et un espoir aux désespérés. »

« Dans cette déchirure l’éclat d’un casque. Les enfants ne comprennent pas les ordres, la langue du soldat, mais ils comprennent le casque, les armes, le sang. C’est un langage universel. »

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Cette entrée a été publiée le 27 octobre 2022 par dans découverte auteur, historique, Livre, mes déceptions, Mes lectures, et est taguée , , , , , , , , , , , .
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