L’Arabe du futur, tome 2 de Riad Sattouf

 

 

« Ensuite, elle nous a fait nous mettre debout, et a commencé à nous apprendre l’hymne nationale syrien.

« Je vais chanter chaque phrase… et ensuite vous répéterez tous en même temps.

Salut à vous défenseurs de la patrie !

Mettez une main sur le cœur pour le sentir battre.

A VOUS ! »

« Salut à vous défenseurs de la patrie ! »

« Nos nobles esprits refusent d’être soumis !

PLUS FORT ! »

« Nos nobles esprits refusent d’être soumis ! »

« La tanière du panarabisme un sanctuaire sacré ! »

« La tanière du panarabisme un sanctuaire sacré ! »

« Il faut chanter toi là devant ! »

« J’chante m’dame ! »

« Tes mains ! »

« Si vous aimez Dieu, me tapez pas… Je vous en supplie par Dieu ».

CLAC

Quand elle parlait, la maîtresse avait un visage apaisé et une voix très douce.

« Compris ? »

Mais juste avant de frapper avec son bâton, elle se mordait la lèvre inférieure et son visage exprimait la haine absolue.

Ensuite elle reprenait son air très doux ».

 

 

Résumé de l’éditeur :

Dans le premier tome (1978-1984) le petit Riad était balloté entre la Libye, la Bretagne et la Syrie.

Dans ce second tome, qui couvre la première année d’école en Syrie (1984-1985), il apprend à lire et écrire l’arabe, découvre la famille de son père et, malgré ses cheveux blonds et deux semaines de vacances en France avec sa mère, fait tout pour devenir un vrai petit syrien et plaire à son père.

La vie paysanne et la rudesse de l’école à Ter Maaleh, les courses au marché noir à Homs, les dîners chez le cousin général mégalomane proche du régime, les balades assoiffées dans la cité antique de Palmyre : ce tome 2 nous plonge dans le quotidien hallucinant de la famille Sattouf sous la dictature d’Hafez Al-Assad.

 

 

 

« Depuis toujours, je les lisais en ne regardant que les dessins. Il y avait bien ces signes dans les bulles blanches, qui sortaient de la bouche des personnages, mais je les ignorais.

Puis un jour, ces signes ont commencé à prendre sens ! Ca…pi…taine… ?!?! Had…DOCK ??

C’est pas du tout l’histoire que j’avais imaginée !

Ce que je découvrais était infiniment mieux que ce que je m’étais raconté. Je me mis à lire frénétiquement. Je bouchais mes oreilles pour mieux entendre les voix des personnages.

« Cirssulèze »… « Cirssulèze »… Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ?? »

 

 

Voici donc le 2^e volume de « L’Arabe du futur » de Riad Sattouf. Sous-titré : Une jeunesse au Moyen-Orient (1984-1985). Le petit Ryad est donc de retour en Syrie avec sa famille après des vacances en France qu’il avait cru définitives. Ce qui lui fait peur au plus au point, c’est son entrée à l’école. Ses cousins et leurs langues de vipère lui ont tellement dit que son professeur l’attend pour le tuer, choqué qu’il ne soit pas déjà venu en classe l’an passé. De plus, ses cousins le traitent de sale juif étant donné que sa mère n’est pas Syrienne mais Française. Etre traité de juif en Syrie est la pire insulte possible et est très dangereux. La Syrie est en guerre contre Israël et les petits garçons, à leur niveau, jouent à la guerre contre les sales juifs. Le jour tant redouté arrive. Et l’on découvre l’endoctrinement qui est fait à l’école. Châtiments corporels cruels et injustes, apprendre l’hymne syrien avant même d’apprendre à lire et écrire. Réciter le Coran, même si on n’y comprend rien etc.

Le père est toujours dans son délire de supériorité de la nation arabe, la nation syrienne, son rêve de richesse, de revanche avec son désir de construire une immense villa encore plus grande et plus belle que son cousin général. Il essaie en vain de se faire des relations, de se montrer plus important qu’il n’est. Décalage entre la vie dans les villages, pauvres, avec une mentalité très rustre et certaines villes où la vie est plus facile, le respect de l’islam moins marqué. On assiste aussi à un crime d’honneur. L’assassinat d’une demi-sœur du père, jeune veuve qui tombe enceinte sans être remariée. Son père et son frère la tuent. C’était une jeune femme très gentille, très douce, ouverte qui s’était intéressée et attachée à Ryad et vice-versa. Après quelques jours de prison, les 2 hommes sont ressortis de prison libres et auréolés d’un grand respect admiratif des habitants du village. Malgré la révolte de la mère de Ryad, son mari, lâche, bien sûr, a laissé faire. Une horreur !

Bref, je me suis sentie moins mal à l’aise que lors de la lecture du 1^er volume, mais c’est simplement dû au fait que je savais à quoi m’attendre. Je pense toujours que c’est une lecture utile, pour s’ouvrir les yeux et comprendre, mais je n’y prends aucun plaisir. Je suis juste triste, révoltée, dégoûtée. Je suis également pleine de compassion pour la population syrienne qui subit un véritable lavage de cerveau et une dictature.

 

 

 

« A la récréation, j’essayai de savoir discrètement si j’étais le seul à n’avoir rien compris à la première sourate du Coran que j’avais lue à haute voix.

Tous les garçons éludaient la question.

Saleem finit par reconnaître que lui non plus ne comprenait pas tout.

« – Mon père m’a dit que plus on grandit et plus on comprend.

– Ça veut dire que la maîtresse comprend ?

– Bien sûr ! C’est la maîtresse « . »

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

http://www.babelio.com/livres/Sattouf-LArabe-du-futur-tome-2/720159

 

 

« Comment ça va ? Je suis tellement content de vous voir…

Vous, vous m’amenez les enfants quand je peux encore faire quelque chose pour eux…

Ici, on m’amène les enfants quand ils sont déjà morts… »

 

 

 

« Mange de l’air, et ne m’adresse plus jamais la parole.

(Expression syrienne pour dire « ta gueule ») »