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La Daronne d’Hannelore Cayre

 

 

« Et pourquoi m’a-t-on appelée Patience ?

Mais parce que tu es née à dix mois. Ton père nous a toujours dit que c’était la neige qui l’avait empêché de sortir la voiture pour venir te voir après l’accouchement, mais la vérité, c’était qu’après une attente aussi longue, il était juste archi déçu d’avoir une fille. Et tu étais énorme… cinq kilos… un monstre… et d’un moche… avec la moitié de ta tête écrasée par les forceps… Quand enfin on est arrivé à t’extirper hors de mon corps, il y avait autant de sang autour de moi que si j’avais sauté sur une mine. Une vraie boucherie ! Et tout ça pour quoi ? Pour une fille ! C’est tellement injuste ! »

 

 

Résumé éditeur :

« On était donc fin juillet, le soleil incendiait le ciel ; les Parisiens migraient vers les plages, et alors que j’entamais ma nouvelle carrière, Philippe, mon fiancé flic, prenait son poste comme commandant aux stups de la 2e dpj.

Comme ça on se verra plus souvent, m’a-t-il dit, réjoui, en m’annonçant la nouvelle deux mois auparavant, le jour de sa nomination.

J’étais vraiment contente pour lui, mais à cette époque je n’étais qu’une simple traductrice-interprète judiciaire et je n’avais pas encore une tonne deux de shit dans ma cave. »

Comment, lorsqu’on est une femme seule, travailleuse avec une vision morale de l’existence… qu’on a trimé toute sa vie pour garder la tête hors de l’eau tout en élevant ses enfants… qu’on a servi la justice sans faillir, traduisant des milliers d’heures d’écoutes téléphoniques avec un statut de travailleur au noir… on en arrive à franchir la ligne jaune ?

Rien de plus simple, on détourne une montagne de cannabis d’un Go Fast et on le fait l’âme légère, en ne ressentant ni culpabilité ni effroi, mais plutôt… disons… un détachement joyeux.

Et on devient la Daronne.

Prix Le Point du Polar européen 2017

 

 

 

« Pendant longtemps je n’ai pas eu les moyens financiers d’être belle et fraîche ; maintenant que je les ai, je me rattrape. Vous me verriez, là, en ce moment sur le balcon de mon joli hôtel, on dirait Heidi dans sa montagne.

On dit de moi que j’ai mauvais caractère, mais j’estime cette analyse hâtive. C’est vrai que les gens m’énervent vite parce que je les trouve lents et souvent inintéressants. Lorsque par exemple ils essayent de me raconter laborieusement un truc dont en général je me fous, j’ai tendance à les regarder avec une impatience que j’ai peine à dissimuler et ça les vexe. Du coup, ils me trouvent antipathique. Je n’ai donc pas d’amis ; seulement des connaissances ».

 

 

Après avoir lu un article sur « La Daronne », le thème et visiblement le style un peu décalé m’ont interpellé et donné envie de lire ce polar. Et je ne regrette absolument pas cette lecture.

L’écriture d’Hannelore Cayre est différente, tonique, décalée… Le ton est franc, « cache » et son personnage La Daronne (Patience), est haut en couleurs. Elle travaille comme traductrice pour la police (les stups) mais a été élevée par des parents qui vivaient hors de la légalité et son état d’esprit est fortement marqué par cette éducation. Si bien que le jour où le hasard lui permet de récupérer des tonnes de cannabis et par là même l’occasion de mettre ses filles à elle-même à l’abri du besoin, elle n’hésite même pas, elle fonce, elle s’organise et met en place la revente de son pactole de shit à des dealers un peu « bas de plafond » comme elle dit, dont elle traduit les conversations pour la police. Dealeuse sans état d’âme, tout en travaillant pour la police et sortant depuis quelques temps avec un flic…. le même qui enquête sur son trafic. Voilà en quelques mots l’univers de ce polar bien sympa. J’ai juste été un peu frustrée par la fin un peu rapide et sans inspiration.

À découvrir pour changer un peu des polars plus classiques.

 

 

 

« Quoi qu’il en soit le trafic de stups m’a fait vivre pendant pratiquement vingt-cinq ans au même titre que les milliers de fonctionnaires chargés de son éradication ainsi que les nombreuses familles qui sans cet argent n’auraient que les prestations sociales pour se nourrir.

Même aux États-Unis, en matière de dépénalisation, on était moins con que chez nous, et c’est peu dire. On y vidait les prisons pour laisser de la place aux vrais criminels.

Tolérance zéro, réflexion zéro, voilà la politique en matière de stupéfiants pratiquée dans mon pays pourtant dirigé par des premiers de la classe. Mais heureusement, on a le terroir… Être cuit du matin au soir, ça au moins c’est autorisé. Tant pis pour les musulmans, ils n’ont qu’à picoler comme tout le monde s’ils ont envie de s’embellir de l’intérieur.

Et je ressentirais de la culpabilité ? Quelle blague ! »

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

http://www.babelio.com/livres/Cayre-La-Daronne/921398

 

 

« Je n’avais jamais eu de relations simples avec ma mère. Je ne l’avais par exemple jamais représentée sur mes dessins d’enfant avec une jupe en triangle, de gros yeux rieurs et un sourire en forme de banane. Non, non..je l’ai toujours dessiné comme une grosse araignée hirsute avec des pattes plus grandes pour faire les jambes. Les mères au sourire banane c’est ce que j’appelais les mamandannes. Elles savaient tout faire les mamandannes : des fleurs en papier crépon, des costumes de théâtre, des gâteaux en glaçage rose et aux formes tarabiscotées. Elles accompagnaient les enfants aux sorties scolaires et portaient sans se plaindre une montagne de manteaux dans les queues. Dès que l’on posait une question à propos d’une initiative qui avait du panache, une crèche en boîte d’œufs, une chasse au trésor, un lustre en pots de yaourts…la réponse était invariablement la même : c’est la maman d’Anne qui l’a fait ».

 

 

 

« Il faut savoir que beaucoup d’interprètes français d’origine maghrébine ne connaissent que l’idiome de leurs parents alors qu’il existe dix-sept dialectes arabes aussi éloignés les uns des autres que le français l’est de l’allemand. Ces dialectes, il est impossible de les connaître tous si on n’a pas sérieusement étudié l’arabe à l’université. Autrement dit, les écoutes d’un Syrien ou d’un Libyen traduites par une mannequin marocaine, l’épouse tunisienne d’un flic ou le coach sportif algérien d’un commissaire de police… comment dire… je ne critique pas… je demande juste à voir ».

 

 

« En l’épousant je pensais baigner pour toujours dans l’amour et l’insouciance. Je ne pouvais pas m’imaginer qu’il puisse se passer dans la vie quelque chose d’aussi affreux qu’une rupture d’anévrisme en plein milieu d’un fou rire. C’est comme cela qu’il est mort à trente-quatre ans face à moi au Hyatt de Mascate ».

 

 

« Ma cave étant pleine à ras bord de meubles appartenant à mes parents, j’étais obligée d’entreposer tout le shit dans mon appartement, du coup on ne pouvait plus y faire un pas sans buter dedans. On ne pouvait plus y respirer non plus, l’odeur grasse de résine reconnaissable entre mille envahissant tout l’espace.

J’ai fermé les fenêtres et calfeutré le dessous de la porte d’entrée avec mon teckel en toile anti-courants d’air, mais malgré cela elle continuait à s’insinuer dans la cage d’escalier, se livrant à une lutte fratricide avec celle de Nuoc-mâm de mes voisins ».

7 commentaires sur “La Daronne d’Hannelore Cayre

  1. Celui là je veux le lire absolument chère Lilou ! 🙂

    Aimé par 1 personne

  2. pachrimaco
    3 Mai 2017

    biz ma Véro

    Aimé par 1 personne

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Cette entrée a été publiée le 26 avril 2017 par dans découverte auteur, mes coups de coeur, polar, policier, et est taguée , , , , , .