Beaucoup d’amour et quelques cendres de Julien Sandrel

« J’ai toujours pensé que nous étions de ceux-là. Ceux dont le cœur serait incapable de vivre une seule minute sans l’autre. »

Résumé éditeur :

Mystère, aventure, humour et larmes… Un nouveau roman magistral d’émotion signé Julien Sandrel.
Lucia, Hortense, Joséphine, Arsène, Max.
Cinq inconnus qui n’auraient jamais dû se rencontrer, mais qui ont reçu la même invitation, aussi excitante qu’inattendue, pour une mystérieuse chasse au trésor à travers la Californie.
Lucia est une étudiante enceinte de quatre mois, Hortense une quadra aux prises avec un maître chanteur, Joséphine et Arsène forment un couple de retraités fantasque, Max exerce l’étrange métier de « disperseur de cendres » des défunts…
Tous les cinq se retrouvent sur le tarmac de l’aéroport de San Francisco, où les accueille Jim, qui sera leur guide tout au long du voyage.
Très vite, des détails vont dérailler. Et ce voyage qui s’annonçait comme une parenthèse de rêve va se révéler beaucoup plus déstabilisant que prévu.
Et s’il ne s’agissait pas d’un simple jeu ?
Au bout de l’aventure, un trésor les attend, qui ne ressemblera en rien à ce qu’ils imaginaient… Il y aura quelques larmes.
Et beaucoup d’amour.

En explorant la rédemption et l’amour sous toutes ses formes, Julien Sandrel nous offre ici un nouveau roman d’une grande intensité, au dénouement bouleversant

300 pages – 2/5/2024

« Et puis le disc-jockey a lancé une chanson de Christophe, Les mots bleus. Arsène m’a invitée à danser, et c’est ainsi que tout a commencé.
Je crois que dès cet instant, j’ai su.
J’ai su que je ne pourrais plus me passer de ses mains sur mes hanches, de son souffle dans mon cou. Et de ses sourires, dans la tiédeur d’une nuit d’été. »

Mon avis

Ayant lu deux excellentes chroniques (merci Yvan et Aude !) qui disaient en substance que « Beaucoup d’amour et quelques cendres » était un livre fort en émotions, joyeux aussi et doux à lire. En bref, un bon livre à lire entre deux lectures plus pesantes. Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde. Après ma dernière lecture, j’avais besoin d’une respiration différente, apaisante et douce. J’ai donc démarré le dernier Julien Sandrel et bien m’en a pris. Après un début un peu à la Agatha Christie… plusieurs personnes qui ne se connaissent pas (à part le couple de Joséphine et Arsène bien sûr) sont invitées à participer à une course au trésor en Californie. Toutes ces personnes sont à un moment décisif de leur vie et leur horizon est plutôt bouché. Ce voyage aux Etats-Unis leur apparait comme une bouée de sauvetage, un moyen de tourner la page et laisser loin derrière eux leurs difficultés. Il y a donc un couple très amoureux de personnes plutôt âgées, Arsène et Joséphine, une jeune Espagnole enceinte de quatre mois, Lucia, qui n’a plus de toit et a du mal à poursuivre ses études, une quadra française qui vient de perdre son emploi et qui est sous la menace d’un maître chanteur, Hortense, et pour finir un jeune homme au métier improbable de disperseur de cendres de défunts, Max, qui est dépressif car sa jeune épouse tant aimée est décédée dans un accident de voiture alors qu’il était au volant. Tout ce petit monde se retrouve à San Francisco où ils font la connaissance de Jim qui va être leur accompagnateur tout au long de ce jeu grandeur nature. Au fil des épreuves, les participants commencent à se dévoiler et à sympathiser. Mais peu à peu, cette aventure leur paraît de plus en plus étrange, à la limite de l’effrayant parfois. Ils ne sont pas au bout de leurs surprises. Je ne vous en dirai pas plus sur l’histoire ou plutôt les histoires car le suspense et les rebondissements font partie du plaisir de cette lecture. L’originalité de l’intrigue a été agréable pour moi, l’amatrice de polars, j’aime être surprise et là, je l’ai été formidablement. Ce qui est également très précieux et mémorable dans ce livre, comme dans tous ceux de Julien Sandrel d’ailleurs, c’est le côté humain, généreux et attachant de ses personnages. L’auteur cisèle le caractère de ses personnages et son récit avec bienveillance, humanité et je dirais même tendresse. Au fil des pages je me suis fort attachée à tous les personnages, chacun différent mais tous avec un cœur bon. Et j’ai ressenti énormément d’émotions fortes et je dois avouer que mes larmes ont coulé vers la fin du livre. C’est rare, mais cela m’arrive parfois. Le titre est merveilleusement trouvé pour cette belle histoire que je vous recommande chaudement de découvrir. Gros coup de cœur !

« Elle ramena son attention sur l’enveloppe rouge, et se demanda l’espace d’un instant si ce Jim Smith qui signait le courrier n’avait pas, en douce, espionné sa vie – la vraie, pas celle d’Instagram – tant cette proposition ne pouvait pas mieux tomber, vu sa situation financière. Lucia chassa cette pensée parasite : peu importaient les raisons de son invitation à prendre part à cette aventure saugrenue, l’essentiel était d’en être. Et puis, l’Office de tourisme de Californie n’était pas le premier à lancer une opération extravagante pour faire parler de lui : Lucia se souvenait de ce job de gardien d’une île déserte paradisiaque proposé par l’Australie il y a quelques années… Les retombées médiatiques s’étaient avérées phénoménales, boostant comme jamais la fréquentation touristique du pays. Alors pourquoi pas une chasse au trésor ? »

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

Beaucoup d’amour et quelques cendres de Julien Sandrel sur Babélio

Note sur Babélio : 4,36/5 (220 notes) – Ma note : 5/5

« Si elle acceptait de participer, Hortense intégrerait dès son arrivée à San Francisco un petit groupe de participants. Il ne lui restait plus qu’à renvoyer son accord signé, et à télécharger les billets d’avion libellés à son nom.
Hortense s’apprêtait à se servir une nouvelle tasse de son pisse-mémé à la réglisse, mais elle se ravisa, et opta finalement pour un verre de Vermentino bien frais : ce qui venait de lui tomber dessus valait bien quelques lampées de son vin blanc italien favori. Elle trinqua avec elle-même, et se promit de tout faire non seulement pour découvrir l’emplacement du trésor, mais aussi pour obtenir cette green card qui lui permettrait de tourner définitivement la page. »

L’auteur : Julien Sandrel

Julien Sandrel est un écrivain français né en 1980 à Hyères.
Julien Sandrel est né en 1980 dans le sud de la France, et vit à Paris. De formation scientifique, après quinze ans en entreprise, il décide de changer de carrière et de se consacrer à l’écriture. Son premier roman « La Chambre des merveilles » a connu un succès fulgurant et a obtenu plusieurs prix littéraires, dont le Prix Méditerranée des lycéens 2019. Traduit dans 26 pays, il a été adapté au cinéma par la réalisatrice Lisa Azuelos et l’actrice Alexandra Lamy, une adaptation au théâtre a été également réalisée.
Parallèlement à son activité de romancier, Julien Sandrel travaille également en tant que scénariste, aussi bien sur des adaptations de ses romans que sur des projets originaux.

« Joséphine le réveilla juste avant que les roues de l’avion ne se posent sur le tarmac. Elle lui sourit, et l’espace d’un instant, Arsène eut l’impression d’être projeté quarante ans en arrière. À la veille de leur voyage de noces.
Il prit la main de sa bien-aimée dans la sienne, comme tous les soirs avant de s’endormir, et tandis qu’elle lui souriait toujours, il ne put s’empêcher de déposer un baiser dans le creux de son cou. »

« – Rassurez-vous, cela fait bien longtemps qu’Alcatraz n’accueille plus que des visiteurs, mais ça reste un lieu fascinant – j’espère qu’il vous inspirera !
Arme à feu, prison… Le cœur de Lucia se mit à battre fort dans sa poitrine. Jim Smith avait donc une affinité particulière avec les univers interlopes, et des feux rouges se mirent à clignoter dans la tête de la jeune Espagnole. Détends-toi ma vieille, c’est juste une attraction touristique… Elle feignit l’indifférence et se rapprocha des autres participants. Comme s’ils allaient la protéger. Il lui fallut quelques minutes pour se raisonner, mais Lucia retrouva vite ce qui faisait son charme : une solide assurance teintée d’un brin d’insouciance. »

« Max s’appuya contre la rambarde de sécurité, observa la sublime vallée à fond plat de Yosemite, qui n’avait pas usurpé son surnom de « grande cathédrale de la nature », et fut gagné par une émotion palpable, curieux mélange d’émerveillement et d’étouffement, devant tant d’immensité et de beauté. Il eut tout à coup la perception aiguë de son insignifiance face à cette prodigieuse gorge sculptée au fil des millénaires, de sa fragilité devant ces formations granitiques hautes de centaines de mètres… et en même temps, ici, la vie était tellement présente, qu’il se sentit soudain coupable de laisser la mosaïque de prairies et de forêts s’infiltrer sous sa peau, diffuser sa sève à travers ses cellules. »

« Je suis sorti de la maison et j’ai marché, seul, le sourire aux lèvres, dans le soleil de la campagne cévenole. Et tout m’a semblé magnifique. Les arbres, le vent, les nuages, les montagnes au loin. J’ai pensé : c’est incroyable comme une grande joie peut balayer d’un seul coup des années de douleur. Et c’était vrai. J’ai eu, pour quelques heures, l’impression qu’il n’y avait rien d’autre dans mon cœur qu’une gratitude infinie. »

« Lorsqu’il éteignit la lumière, Max ne put s’empêcher de se dire que s’il avait été dans un roman policier… eh bien, il commencerait sérieusement à se poser des questions. »

« Je ne veux pas. Je ne veux pas que tu deviennes mon infirmier. Je ne veux pas ne plus me souvenir de toi. Je ne veux rien de tout ça. Alors quand le moment sera venu, quand je sentirai mon esprit sur le point de se faire la malle, pour de bon, je veux mettre fin à mes jours. Et si je ne suis plus suffisamment lucide, je veux que tu promettes de m’y aider. »

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