« Ah ben, ma saudite air bête!
Maudit torrieu ! hurla-t-il. Même pas capable de traire une vache comme du monde !
Maudit calvinus de calvinus ! »
Je remercie vivement Babélio et ses opérations Masse Critique et les éditions Kennes pour l’envoi de ce 1er tome de la saga québécoise « Un bonheur si fragile » intitulé « L’engagement ».
Comme je suis tombée en amour du Québec il y a déjà pas mal de temps, bien évidemment ce livre ne pouvait que me tenter. Et il m’a conquis.
L’histoire se déroule dans le Québec rural du début du 20e siècle. On démarre à la fin de l’hiver, début du printemps en 1901 à Saint-François-du-Lac dans une famille chaleureuse et travailleuse : Lucienne et Napoléon Joyal et leurs nombreux enfants. On s’intéresse en particulier à Corinne, leur fille cadette qui est amoureuse d’un garçon d’un autre village, Laurent Boisvert de Saint-Paul-des-Prés. Parti travailler tout l’hiver au chantier, elle l’attend avec impatience… Ses 2 frères partis au même chantier sont déjà rentrés… Lui se fait attendre. Il finit enfin par revenir, et après quelques chicaneries, il fait sa grande demande auprès du père de la jeune fille. Les fiançailles et le mariage sont programmés. Par ailleurs, on suit aussi l’histoire du village de Saint-Paul-des-Prés et de ses habitants et surtout les péripéties de l’église qui a brulé 3 ans plus tôt… le pauvre curé de la paroisse, Anselme Béliveau, fait tout son possible pour réunir l’argent nécessaire et démarrer les travaux. Il doit faire face aux manigances malveillantes et mesquines de Gonzague Boisvert, le père de Laurent et futur beau-père de Corinne…. Au fil des jours et des saisons, on suit la vie de tout ce petit monde. Le mariage, l’installation du jeune couple dans son nouveau logis à Saint-Paul-des-Prés. Corinne devra s’habituer à son nouveau logis, sa vie de femme mariée, sa belle-famille, bien différente de la sienne et son 1er hiver seule, sans son mari parti de nouveau au chantier…
Une écriture agréable à lire teintée de québécois (j’ai adoré ce langage qui nous parait un peu exotique pour nous Français, mais tout à fait compréhensible), des personnages attachants ou franchement détestables mais qu’on aime suivre tout de même et une découverte de la vie rurale dans un Québec qui doit affronter en plus du reste des conditions météorologiques pas faciles, pour le moins ! Bref, j’ai beaucoup aimé. Et bien évidemment, ce 1er tome nous laisse un peu en plein milieu d’une attente… Tout est fait pour qu’on ait envie de lire la suite… c’est de bonne guerre et bien sûr je vais tout faire pour pouvoir suivre de nouveau Corinne, Laurent, Rosaire, Juliette, Lucienne, Napoléon, Gonzague etc.
Une belle découverte aussi de cet auteur québécois, Michel David, qui est visiblement fort connu chez lui mais que je ne connaissais pas.
« J’espère qu’il va faire beau demain, ajouta la jeune fille, l’air inquiet.
-T’as juste à aller installer ton chapelet sur la corde à linge, lui conseilla Lucienne.
-Voyons donc, m’man, protesta Germaine. Vous allez pas nous dire que vous croyez à ça. ..
– Tout ce que je sais, c’est que je l’ai fait pour mes noces et Blanche a fait la même chose pour les siennes et ça a marché, déclara tout net la mère de famille ».
Résumé éditeur :
Dans le Québec rural de 1900, la vie demeure rythmée par les saisons. Alors que fidélité, piété et esprit de travail sont des vertus encouragées par le clergé tout-puissant, Corinne Joyal, issue d’une famille dont les membres sont liés par l’amour et l’esprit d’entraide, n’aurait jamais cru qu’en épousant Laurent Boisvert, elle allait faire son entrée dans une famille où l’argent et l’égoïsme sont rois. Dès les premiers mois de vie commune, Corinne découvrira rapidement que le fils de Gonzague Boisvert est un homme irresponsable et un coureur de jupons. Dans son nouveau village d’adoption, Corinne apprendra à se défendre autant des excès de son mari, qui aime bien prendre un verre, que de l’avarice de son beau-père, un homme rongé par l’ambition et en lutte ouverte avec le curé de la paroisse.
Cette saga se compose de 4 tomes.
Illustration de la couverture : Régis Loisel et Jean-Louis Tripp. Illustration inspirée de la BD Magasin général.
« Dès que Corinne eut entendu la porte se refermer sur eux, les traits de son visage se durcirent.
— Laurent Boisvert, j’ai jamais eu aussi honte de ma vie ! s’exclama-t-elle.
— Qu’est-ce qu’il y a ? lui demanda-t-il en esquissant une grimace comme si le son de sa voix accroissait sa migraine.
— Il y a que ma sœur et mes frères partent de Saint-François pour venir nous donner un coup de main et ils te trouvent encore couché à dix heures du matin, la barbe longue, le visage sale, avec l’air de relever d’une brosse.
— Mais je viens de te dire que j’ai presque rien bu hier soir.
— C’est pas l’air que t’as ! Je t’avertis tout de suite que je veux pas marier un ivrogne, tu m’entends ? »
« – Ecoute, dit-elle à mi-voix. Ce que je vais te dire est pas facile. Tu te maries aujourd’hui avec Laurent parce que tu l’aimes, pas vrai ?
– Oui, m’man
– A soir, vous allez… vous allez dormir dans le même lit.
– …
– ton mari va te demander de faire des choses que tu connais pas.
Corinne rougit mais ne dit pas un mot.
– Pose-toi pas de question. Ferme les yeux et dis toi que tu fais ton devoir de femme mariée. Si j’ai un conseil à te donner, fais même semblant d’aimer ça, même si c’est pas vrai. La vie d’une femme mariée est pas toujours rose, mais il y a de belles compensations.
– C’est correct, m’man, répondit Corinne que cette conversation avait plus troublée que rassurée ».
Lien vers la fiche du livre sur Babélio
http://www.babelio.com/livres/David-Un-bonheur-si-fragile-tome-1–Lengagement/245914
« Laurent embrassa sa belle-sœur sur une joue et serra la main de son père et de son frère en leur promettant de leur envoyer de ses nouvelles depuis le chantier. Corinne remarqua en sortant que personne ne l’avait invitée à revenir les visiter lorsqu’elle se retrouverait seule. Aucun Boisvert ne lui avait même proposé son aide s’il se produisait quelque chose durant l’hiver. Elle prit bonne note de la chose et monta dans le boghei sans se retourner ».
« – Parle pas à travers ton chapeau, ma fille, lui ordonna Gonzague d’aussi mauvaise humeur qu’elle. J’avais pas le choix de laisser partir Rosaire, et elle le savait, la petite maudite !
– Voyons donc, monsieur Boisvert ! voulut protester sa bru.
– T’as rien compris, toi, intervint son mari. T’as pas compris que si mon père lui laissait pas l’orphelin pour l’hiver, elle partait demain matin pour retourner chez son père en laissant l’école du rang Saint-Joseph sur les bras de mon père. Elle vient de nous montrer qu’elle a du front tout le tour de la tête, la petite Joyal.
– Je sais pas comment sa mère l’a élevée, repris Gonzague, mais ce qui est sûr, c’est que c’est pas comme ça qu’une femme qui connaît sa place doit se conduire ».
« J’aimerais te donner un conseil avant de partir.Tu vas à l’école. Profites-en pour apprendre tout ce que tu peux. Fais pas comme moi, j’ai passé ma vie tout seul, à quêter sur les routes. C’est une vie de chien. Pour être heureux dans la vie, il faut vivre avec du monde qu’on aime et qui nous aime. Oublie jamais ça ».
« Lucienne attendit que Blanche et Amédée soient montés à l’étage pour se tourner vers sa cadette qu’elle examina en plissant légèrement les yeux.
– Pendant qu’on est toutes seules, dis-moi donc, toi, est-ce que tu serais pas en famille, par hasard ? lui demanda-t-elle à mi-voix.
– Je pense pas, m’man. Pourquoi vous me demandez ça ?
– Parce que t’as l’air d’attendre du nouveau, ma fille. J’ai juste à te regarder les yeux pour le savoir. T’es sûre que tu l’es pas ?
– Je le sais pas.
– T’as pas mal au cœur en te réveillant le matin ?
– Oui.
– Souvent ?
– Presque tous les matins.
– Depuis quand ?
– A peu près trois semaines, avoua la jeune femme.
– Bien, cherche pas plus loin ; t’es en famille. Il va falloir que t’ailles voir le docteur pour voir si tout est correct, ajouta Lucienne.
– Vous êtes sûre que j’attends un petit ? dit Corinne, bouleversée ».
« – Sais-tu, mon Napoléon, qu’il est pas mal pantoute, ton petit boire. Je pense que j’en reprendrais tout de suite un petit peu avant que tu te dépêches d’aller cacher ton cruchon.
– Aie pas peur, Nésime, fit Joseph Crevier, sarcastique. Tu devrais savoir que le beau-frère nous laissera pas mourir de soif.
Napoléon et Édouard eurent un sourire entendu parce qu’ils connaissaient depuis longtemps le goût marqué d’Onésime Blanchette pour l’alcool.
– C’est vrai, reconnut l’hôte, mais il faudrait pas que tu partes d’ici les pieds trop ronds parce que tu vas te faire parler dans le casque par ma sœur. Tu la connais.
– Crains rien, répliqua le petit homme rondelet à la calvitie prononcée, c’est pas deux ou trois petits verres de caribou qui vont énerver mon Emérentienne ».
« Les yeux à demi-fermés pour se protéger de la neige, ils avançaient tous les deux, penchés vers l’avant, assourdis par le vent qui s’était mis à hurler. Instinctivement Corinne s’était emparée de la main de Rosaire autant pour se rassurer que pour ne pas le perdre. Elle ne voyait pas plus loin que quelques pieds devant elle. A un certain moment, elle n’était même plus sûre d’être encore sur la route tant elle avançait à l’aveuglette. Pendant qu’elle luttait pour regagner son logis, la pensée l’effleura qu’elle pourrait même mourir là, en pleine tempête, après avoir raté sa maison qu’elle ne serait pas parvenue à voir ».
aux anges ma Véro .. biz tout plein et bon WE .. soleil en prime !
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voui aux anges ! lol tu me connais…. gros bisous ma Pascalou
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