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Les dames blanches de Pierre Bordage

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« « Léo ! »

Elle gagnait du terrain sur lui. Il ne se retournait pas, tendu vers son but. La bulle grandissait encore, comme si elle se dilatait pour se rapprocher de l’enfant. Elle ressemblait à un gigantesque ballon en plastique. Sa surface ne présentait aucune aspérité, aucune crevasse. Elle ne contournait pas les rochers ni les autres reliefs qui se dressaient devant elle, elle les absorbait, purement et simplement, comme s’ils n’avaient aucune consistance.

Un bosquet aux feuilles rousses disparut du champ de vision d’Élodie.

Une petite dizaine de mètres la séparaient désormais de Léo. Elle tendait déjà le bras pour l’agripper. Son angoisse se changeait en colère. Une colère noire. Une envie terrible de le rouer de coups. Au moment où elle opérait la jonction, son pied s’enfonça dans un trou et se déroba. Elle perdit l’équilibre et roula sur l’herbe humide. Son peignoir s’ouvrit dans sa chute. L’herbe détrempée, froide, lui cingla le ventre, les fesses et le dos. Elle poussa un hurlement de rage. Une sensation de présence la poussa à se relever rapidement, à resserrer les pans de son peignoir. Elle eut un hoquet de terreur lorsqu’elle aperçut, tout près d’elle, la paroi convexe de la bulle qui atteignait une vingtaine de mètres de hauteur.

« Léo ? »

Elle fouilla les environs du regard.

Aucune trace de son fils.

« Léo ? » »

 

 

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Résumé éditeur :

Une étrange bulle blanche d’une cinquantaine de mètres de diamètre est découverte un jour dans une bourgade de l’ouest de la France. Elle attire et capture Léo, trois ans, le fils d’Élodie. D’autres bulles apparaissent, grossissent, et l’humanité échoue à les détruire. Leur activité magnétique de plus en plus importante perturbe les réseaux électriques et numériques, entraînant une régression technologique sans précédent. Seule l’« absorption » de jeunes enfants semble ralentir leur expansion…La peur de disparaître poussera-t-elle l’humanité à promulguer la loi d’Isaac ? Mais peut-on élever un enfant en sachant qu’il vous sera arraché à ses trois ans ? Camille, qui a elle-même perdu un fils, et son ami Basile, d’origine malienne, ufologue de son état, vont essayer de percer le mystère des dames blanches afin d’éviter le retour à la barbarie.

Un livre poignant, dans lequel Pierre Bordage donne toute la mesure de sa passion pour les grands mythes fondateurs de l’humanité et sa haine des fanatismes.

 

 

 

« L’éventualité de vies exobiologistes intelligentes remettrait à leur juste place les problèmes ordinaires agitant l’humanité, ces histoires mesquines de territoires, de religions, de société, de dominations économiques ou militaires ».

 

 

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Un vrai coup de cœur et surtout un coup au cœur que ce livre de Pierre Bordage. Premier livre que je lis de lui suite à la lecture d’une critique très enthousiaste d’un babéliote dont je suis également le blog « Gruz ». Oui j’ai été touchée au cœur par cette histoire très bien écrite avec beaucoup d’humanité sur un sujet, certes de science-fiction (mais à peine), mais qui parle de notre propre humanité, notre vie d’être humain sur cette terre.

J’ai vraiment été touchée par cette histoire, les destins des différents personnages qui représentent bien notre société. La cruauté, l’égoïsme et l’indifférence d’autrui qui sont sous-jacents de notre société, de l’être dit humain. Et aussi combien l’Homme s’habitue à tout, même au plus abject, aux pires cruautés. Ce qui explique que les massacres, les guerres, les barbaries et les génocides se répètent invariablement dans l’histoire de l’humanité. Il est aussi assez sidérant, mais réaliste, de voir à quelle vitesse, toute notre société basée sur les technologies, peut très rapidement régresser sans ces dernières.

Je me suis réellement attachée aux personnages, souvent complexes, chacun avec sa part d’ombre, à part peut-être Basile, être assez lunaire ou solaire plutôt qui procure un bien fou. Est-il vraiment humain pour être si rempli d’humanité ?

Je me suis laissée happer par l’histoire, son suspense. Envie de savoir ce que cache ces dames blanches, qu’advient-il des enfants et comment cela va-t-il se terminer pour l’humanité.

J’avoue que j’avais peur d’une fin un peu bâclée comme cela arrive parfois, trop souvent à mon goût, où on est tenu en haleine tout le long du roman et puis l’auteur, sans doute à bout de souffle ou d’idée, nous balance vite fait une fin décevante. Et bien là, non. Pierre Bordage nous offre une fin intéressante, sensée, avec encore des parts de mystère, mais vu le sujet cela me paraît évident… et plein d’humanité comme son roman.

Vraiment, vraiment à découvrir. Quel bon moment de lecture et de réflexion.

 

 

 

« Mois après mois, Camille avait interrogé un grand nombre de familles qui déploraient la perte d’un enfant. Les témoignages concordaient : les parents, inquiets, s’assuraient que leur progéniture dormait paisiblement dans la chambre, fermaient même, pour certains, la porte à clef et découvraient au matin une pièce vide sans qu’aucune trace d’effraction n’ait été constatée. Dans les cas où les enfants dormaient à plusieurs dans le même espace, les plus âgés n’avaient rien remarqué au cours de la nuit. On ne relevait aucun indice sur les lieux, aucune trace, aucune empreinte.

La résignation des familles touchées par le fléau avait frappé Camille. Dès sa première investigation, Élodie Mangin lui avait paru abattue, fataliste, comme persuadée qu’elle ne reverrait jamais son fils. La jeune journaliste en avait conclu, puisque les bulles n’avaient restitué aucun corps, puisqu’elles demeuraient hermétiques, énigmatiques, qu’elles revêtaient le caractère inconnaissable et irréversible de la mort et ne laissaient aucun espoir aux parents qu’elles frappaient ».

 

 

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Lien vers la fiche du livre sur Babélio

http://www.babelio.com/livres/Bordage-Les-dames-blanches/719611

 

 

 

« Les scientifiques rechignent à reconnaître l’existence d’une vie extraterrestre intelligente. Ce serait admettre que l’être humain n’est pas le summum de l’évolution et remettre en cause nos misérables connaissances. Remettre en cause leur position dominante en haut de l’échelle du savoir. »

 

 

 

« Tu devrais acheter des pigeons voyageurs de la Poste, lança Jason.

— Pour faire quoi ?

— Les communications sont plus rapides. Tu en élèves trois ou quatre dans ton pigeonnier, tu m’en donnes un ou deux, je te donne un ou deux des miens, et on peut s’échanger des messages en moins de deux heures. C’est la meilleure façon de remplacer le téléphone portable ».

 

 

 

« Basile hésita quelques secondes, puis, voyant que la fillette continuait de se rapprocher, il se releva et fonça dans sa direction.

Elle semblait ne pas avoir remarqué sa présence. Ses yeux bleu pâle étaient rivés sur la sphère. Elle marchait de plus en plus vite, les bras tendus vers l’avant, comme ces enfants qui, à la sortie de l’école, viennent de repérer leur mère ou leur père. Basile accéléra l’allure pour l’intercepter avant qu’elle n’arrive près de la dame blanche. Elle le contourna en gardant une distance suffisante pour qu’il ne puisse pas se saisir d’elle.

« Stop ! »

Il pensait que le son de sa voix briserait l’envoûtement, mais la fillette ne s’arrêta pas.

« Reviens ! Tu n’as rien à faire là ! »

Il s’élança, la rattrapa à une vingtaine de mètres de la bulle et la saisit par le bras.

Il eut l’impression d’être entré en contact avec une ligne à haute tension. Une lumière insupportable lui blessa les yeux.

Une douleur fulgurante le contraignit à lâcher prise. Le sol vacilla puis se déroba sous lui ».

 

 

 

« Même s’il bouleversait l’existence des êtres humains, le phénomène devenu banal ne suscitait plus la curiosité ».

 

 

 

« Camille se leva, s’avança à son tour vers la fenêtre et fixa la F1674 avec une tristesse mêlée de colère. Elle ne pourrait faire son deuil de Nathan tant qu’elle ne saurait pas quel sort la dame blanche avait réservé à son fils, même s’il fallait pour cela sacrifier des milliers d’autres enfants. Elle ne parvenait pas à bâillonner la petite voix qui lui soufflait qu’elle appartenait à une humanité devenue aussi monstrueuse que les anciens Carthaginois et Phéniciens offrant leurs nouveau-nés aux dieux. La peur et la douleur engendraient un égoïsme sans borne ».

 

 

 

« Quelque chose avait empêché Élodie de s’attacher à Jason – son aspect ingrat, sa maladresse, son désir forcené de lui plaire, ses difficultés d’élocution, son odeur ou encore sa façon de manger. Peut-être, également, avait-elle épuisé son gisement maternel avec Léo, et son cœur s’était-il desséché, transformé en pierre. Les gestes, les émotions et les réflexes d’amour ne lui venaient pas, comme si son cerveau et son corps les avaient occultés. Elle se demandait souvent pourquoi la vie s’était montrée si cruelle avec elle, pourquoi elle avait enlevé Léo et épargné Jason ».

 

 

 

« Un jour, l’humanité aura honte d’elle-même.

– Elle oubliera vite, les hommes recommenceront à se battre pour des bouts de territoires, pour des dieux, pour les ressources, ils utiliseront des enfants au besoin. »

3 commentaires sur “Les dames blanches de Pierre Bordage

  1. pachrimaco
    20 septembre 2016

    coucou ma Véro .. la dame blanche, c’est la coupe glacée que je vends le plus chez nous .. glace vanille et sauce chocolat .. mais on ne parle pas des mêmes hein ! biz ma belle

    Aimé par 1 personne

    • Lilou
      20 septembre 2016

      mdr non ce ne sont pas les mêmes ! 🙂 les tiennes sont beaucoup plus délicieuses miam ! gros bisous

      J’aime

  2. Pingback: Bilan : Mon top coups de cœur 2016 | Ma passion les livres

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Cette entrée a été publiée le 18 septembre 2016 par dans découverte auteur, mes coups de coeur, science-fiction, et est taguée , , , , , , , , .