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Partage de mes lectures

Le triomphe des ténèbres de Éric Giacometti et Jacques Ravenne

 

« Cette nuit l’Allemagne s’embrasait. Demain ce serait le monde.

A cause d’un livre.

Un livre maudit ».

 

 

Résumé éditeur :

  1. Dans une Europe au bord de l’abîme, une organisation nazie, l’Ahnenerbe, pille des lieux sacrés à travers le monde. Ils cherchent à amasser des trésors aux pouvoirs obscurs destinés à établir le règne millénaire du Troisième Reich. Son maître, Himmler, envoie des SS fouiller un sanctuaire tibétain dans une vallée oubliée de l’Himalaya. Il se rend lui-même en Espagne, dans un monastère, pour chercher un tableau énigmatique. De quelle puissance ancienne les nazis croient-ils détenir la clé ?

À Londres, Churchill découvre que la guerre contre l’Allemagne sera aussi la guerre spirituelle de la lumière contre l’occulte.

 

Ce livre est le premier tome d’une saga où l’histoire occulte fait se rencontrer les acteurs majeurs de la Seconde Guerre mondiale et des personnages aux destins d’exception : Tristan, le trafiquant d’art au passé trouble, Erika, une archéologue allemande, Laure, l’héritière des Cathares…

 

 

 

« Neumann n’en revenait pas. Ces hommes avaient parfaitement identifié les ouvrages. D’où sortaient ces brutes lettrées, à la fois férus de symbolisme et érudits ? En général, ces individus se cantonnaient aux besognes de basse police et de protection des dignitaires du régime.

Le colonel intercepta son regard étonné et prit son ouvrage dédicacé.

— Suis-je sot, j’ai oublié de vous parler de nos attributions. Nous travaillons à l’Institut pour la race et l’héritage des ancêtres, l’Ahnenerbe. Et j’en suis le directeur général. Ne faites pas attention à nos uniformes de SS, nous sommes tout comme vous des universitaires, des intellectuels, mais tous de sang pur.

Neumann fronça les sourcils. Intellectuel et nazi… Quel sinistre oxymore, songea-t-il ».

 

 

C’est toujours un plaisir pour moi de retrouver Éric Giacometti et Jacques Ravenne dont l’écriture est toujours aussi impeccable et agréable à lire. Ici, nous ne suivons pas leur flic fétiche, Antoine Marcas (quoiqu’un Marcas finisse par apparaître néanmoins… hé hé) mais nous sommes plongés dans la fureur et la folie nazies durant la seconde guerre mondiale. Le sujet abordé dans cette trilogie (et oui, il y aura encore deux autres tomes, j’ai hâte d’ailleurs de les lire), est le côté occulte, ésotérique de l’âme nazie. De nombreux Nazis, dont Hitler bien sûr, Himmler, Hesse et bien d’autres, pensaient que pour rétablir la toute-puissance du peuple allemand, race supérieure au sang pur aryen, ils devaient s’appuyer sur des forces anciennes, occultes et puissantes. Les Nazis avaient créé l’Institut pour la race et l’héritage des ancêtres, l’Ahnenerbe, afin de prouver la supériorité de la race aryenne par tous les moyens possibles dont l’archéologie. Cette branche des SS était dirigée par Himmler qui s’est lancé dans une quête effrénée et cruelle de talismans anciens dotés selon lui d’une force magique terrifiante capable donner la victoire à Hitler et au peuple allemand. Ici, la quête va du Tibet à l’Espagne en passant par les châteaux Cathares dans le sud de la France pour retrouver des swastikas. Ce symbole très ancien que l’on retrouve dans de nombreuses civilisations partout dans le monde, en Inde, en Asie, en Europe, en Océanie, aux Amériques, en Afrique… sera repris par les Nazis, la fameuse Croix gammée de sinistre souvenir. « Le triomphe des ténèbres » est bien sûr romancé mais repose sur des faits véridiques (ça fait encore plus froid dans le dos) et les personnages principaux allemands ont malheureusement existé ainsi que le Premier Ministre anglais, Churchill. Les autres personnages principaux de fiction de cette histoire, comme Tristan, un Français féru d’art, ou encore Erika von Essling, archéologue allemande et bien d’autres sont complexes, parfois touchants, attachants et j’ai pris plaisir à les suivre dans ces aventures fortes en émotions et j’ai hâte de les retrouver très vite, enfin ceux qui sont encore vivant, pour connaître la suite de cette incroyable histoire.

J’ai beaucoup aimé ce roman bien qu’il soit assez noir et tragique vu le contexte historique. Je le recommande vivement à ceux qui aiment l’Histoire, le suspense et les aventures.

 

 

 

« L’été s’achève.

Et le maître de la swastika savoure son triomphe.

Il ne reste qu’une seule nation pour lui tenir tête.

Une seule : l’Angleterre.

Une nation affaiblie et humiliée. Jour et nuit, les bombardiers de la Luftwaffe ravagent l’île meurtrie et l’invasion par la mer doit être déclenchée d’un jour à l’autre.

L’été s’achève.

Il s’est déroulé bien des faits étranges et cruels pendant ces derniers mois de feu et d’acier, pourtant ce n’est rien à côté de ce que prépare le conquérant à la croix gammée. Au nom du Bien qu’il rêve pour son peuple, il va répandre le Mal. Un Mal tel que l’humanité n’en a jamais connu jusqu’alors.

L’été s’achève ».

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

https://www.babelio.com/livres/Giacometti-Le-triomphe-des-tenebres/1029230 

 

 

 

« L’homme qu’elle avait en face d’elle pouvait écraser une larme, authentique, devant le portrait de sa femme et exécuter de pauvres types pendant des parodies de chasse à courre ».

 

 

 

« Une première pelletée de terre tomba dans la fosse.

— Le parfum d’une exécution n’est jamais le même. Un corps criblé de balles a une odeur âcre, repoussante, mais qui ne dure pas. Les pendus, eux, sentent les excréments dont ils se sont souillés…

Déjà les jambes de Jaime étaient noires d’humus. Il avait cessé de hurler. Ses yeux dilatés étaient rivés sur le ciel bleu comme une énigme insoutenable.

— Les enterrés vivants en revanche, ils sentent une odeur aigre, l’odeur de la peur… Vous commencez à la sentir ?

Seul le visage surnageait, cerné de terre sombre. Autour de lui, les deux gardiens, une pelle à la main, attendaient l’ordre du juge pour en finir. Tieros hocha la tête. Une pelletée tomba.

— Vous êtes-vous demandé quelle serait votre odeur lorsque nous vous tuerons ? interrogea le juge ».

 

 

 

« — Dans mon rêve, je voulais me suicider. Existe-t-il des capsules de cyanure au whisky ?

— Pas que je sache, je vais me renseigner. Dans l’affirmative, vous les voulez pur malt ou avec un soupçon de tourbe ?

Churchill lui renvoya un sourire complice, il appréciait aussi son aide de camp pour son humour impeccable ».

 

 

 

« Pour lui, la France se devait d’être joyeuse, ensoleillée et verte. Désormais, elle se peignait en gris et kaki, les couleurs du désespoir, et se déchirait en deux, du lac Léman jusqu’aux contreforts des Pyrénées ».

 

 

 

« Cinq jours qu’on l’avait oublié dans cette chambre. De quoi connaître par cœur le papier peint, les reflets ondulants du soleil sur les stucs du plafond et la ligne bleue de la mer à l’horizon. À la vérité, Tristan savait très bien qu’on ne l’avait pas oublié. Non, on le laissait mariner ente doute et espoir jusqu’à ce qu’il soit à point pour un premier interrogatoire. Les nazis ne semblaient perdre du temps que pour en gagner. Pour ne pas laisser son esprit battre la campagne à chaque moment d’angoisse, Tristan s’allongeait sur le lit et se rappelait les musées qu’il avait visités. Il lui avait fallu deux jours pour parcourir, en mémoire, les principales galeries du Louvre, une journée pour le Prado de Madrid – il faut dire qu’il avait visité à grandes enjambées en pleine guerre civile – et depuis hier, il se consacrait aux Offices de Florence.

Il en était à contempler un détail – le noir éclatant d’une cuirasse – de La Bataille de San Romano de Paolo Uccello quand la porte s’ouvrit sur le claquement de talon d’un garde. En un instant, Tristan se retrouva dans le couloir avant de descendre le grand escalier qui menait aux salons ».

 

 

 

« — Ce feu ne s’éteint jamais, il est le symbole de la puissance des SS : le brasier qui doit purifier le monde.

Le visage rougi par la danse effrénée des flammes, Himmler ressemblait à un spectre jailli des profondeurs de l’enfer. D’un coup, Erika comprit comment cet homme pouvait faire peur jusqu’à Goering.

— Mais le feu pour vivre a besoin de dévorer sans cesse. Et nous, nous devons le nourrir.

Jusque-là immobiles dans un recoin sur mur, les deux gardes surgirent avec leur prisonnier, les yeux blanchis de peur.

— Un Polonais, commenta Himmler, l’inutile fait homme. Mais sa mort, elle, va servir à quelque chose. Allez-y ».

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