« Vingt-deux ans auparavant, Ernest avait été sollicité par un commanditaire pour la dernière fois. Il ne l’avait jamais vu, ne lui avait jamais parlé. Ils communiquaient par petits messages, déposés à la consigne de la gare.
Il y avait deux cibles. La première balle en avait touché une. Mais la deuxième n’avait jamais atteint la sienne. Sa trajectoire avait été déviée par la prison et la maladie. Et la deuxième cible avait disparu. Or Ernest détestait les balles perdues, et il n’aimait pas faire les choses à moitié. C’était comme s’il ne vivait et ne respirait qu’à cinquante pour cent ».
Résumé éditeur :
De retour à New York, la célèbre profileuse Hanah Baxter espérait reprendre le cours d’une vie normale, ou presque… Mais on n’échappe pas à son destin, encore moins à son passé, et celui d’Hanah est peuplé de démons. Baxter fait l’objet d’un mandat d’arrêt international, accusée d’un meurtre commis vingt ans auparavant, celui de son mentor, Anton Vifkin.
Rapatriée en Belgique, Hanah accepte de collaborer avec le commissaire Peeters, chargé de rouvrir l’enquête. La découverte d’un homme dévoré par des pit-bulls en pleine forêt de Seignes les lance sur la piste d’un manoir qui semble étrangement familier à Baxter. Elle est déjà venue ici, du temps de Vifkin.
Tandis qu’Hanah et Peeters se débattent en plein mystère, quelqu’un les guette. Un tueur redoutable, à qui il reste une dernière balle passée à l’or fin, la balle qui aurait dû atteindre Hanah vingt ans plus tôt…
Effrayant, troublant, ténébreux, ainsi va le monde selon Hanah Baxter.
Sélection du prix Landerneau Polar 2020
296 pages – 28/3/2020
Toujours un plaisir de retrouver l’écriture de Sonja Delzongle et là en particulier, sa profileuse récurrente, Hanah Baxter, mais cette fois-ci teinté d’un peu de nostalgie car apparemment ce serait sa dernière apparition avant un repos et une vie plus calme bien mérités. On verra. En tout cas, je ne sais pas si elle pourra réellement goûter à une vie calme tant son passé dur et mouvementé vient encore la hanter dans cette enquête et plus généralement dans sa vie. A peine est-elle rentrée aux Etats-Unis qu’elle est arrêtée manu militari et expédiée en Belgique où le message d’un corbeau vient de faire redémarrer l’enquête du meurtre de son mentor et ex associé, Anton Vifkin. Vingt ans, elle est rouverte avec elle comme principale suspecte. Elle retrouve à Bruxelles le commissaire Peeters qui avait mené l’enquête à l’époque et qui l’avait fortement soupçonnée avant qu’elle ne soit relaxée. On n’a jamais retrouvé l’assassin de Vifkin. Peeters travaille maintenant avec une jeune commandante, Abel. Finalement assez vite les soupçons qui pèsent sur Baxter sont levés et elle fait maintenant équipe avec Peeters et Abel pour démêler les fils de cette enquête aux nombreuses ramifications bien ténébreuses. Ils sont aussi sur l’enquête d’un homme retrouvé déchiqueté et dévoré par des chiens en pleine forêt. Cela les emmène là aussi sur les pas du passé de Baxter et de Vifkin dans un manoir qui appartient maintenant à une étrange jeune femme, Ange. Et pour corser un peu les choses, Baxter est poursuivie par un tueur à gage qui serait peut-être l’assassin de Vifkin et qui l’attend depuis vingt ans. Les histoires sont bien entremêlées et mystérieuses. Sonja Delzongle sait y faire pour mener par le bout du nez son lecteur et l’envoyer sur de nombreuses pistes et le perdre. Mais elle, elle sait où elle va et c’est avec brio qu’elle nous emmène jusqu’au bout. On a difficile à lâcher le livre avant d’avoir eu le fin mot de l’histoire. Oui vraiment Sonja Delzongle est excellente et j’ai beaucoup aimé « L’homme des plaines du nord » même s’il nous plonge dans les bas-fonds de l’humanité et le noir de l’âme des hommes et des femmes aussi d’ailleurs. Les personnalités des personnages sont ambivalentes à souhait et super bien ciselées. Ils ont tous leur part d’ombre. A dévorer si j’ose dire, sans jeux de mot. Pour les amateurs du genre bien sûr.
« Sur un dernier regard rempli de larmes, Karen tourna les talons et sortit du restaurant. Aussitôt avalée par la nuit urbaine, elle laissa Hanah seule face à leurs assiettes où traînaient les restes d’un plat fin et succulent. Un plat qui, comme l’amour, mal préparé, pouvait tuer. Leur plat préféré ».
Lien vers la fiche du livre sur Babélio
https://www.babelio.com/livres/Delzongle-Lhomme-de-la-plaine-du-Nord/1212499
« Ces races molossoïdes souffrent de trop d’a priori. Les chiens deviennent ce qu’on attend d’eux et sont le reflet fidèle de leur maître. Si le maître est un con, ses chiens aussi ».
« Hanah avait remarqué à son poignet droit une montre connectée avec un bracelet d’acier en maille italienne. Très peu pour elle, ce genre d’objet, qui ne ferait que lui rappeler qu’aujourd’hui tout le monde est tracé sous prétexte de connexion, que les goûts du consommateur sont systématiquement analysés, les fichiers et les données vendus par les opérateurs ou les géants du Net sans le moindre respect de la vie privée ».
« Pourtant, les restes de Vifkin, réduits à leur strict minimum avant le retour à la poussière, juraient dans cette modernité et cet air aseptisé où un système d’aération neutralisait les relents putrides comme les odeurs chimiques.
— Je ne pensais pas te revoir un jour, Vif, surtout dans cet état…, dit Peeters à voix haute, debout au-dessus du squelette, une fois que le légiste en chef eut quitté la salle à sa demande pour le laisser seul avec la victime ».
« Il s’en été passé des choses, ici… A commencer par son dépucelage, sur le tapis mité, devant l’une des cheminées. Puis les parties fines, sous alcool et coke-fines étant un mot bien délicat pour désigner ce qui était loin de l’être. Des partouzes, en somme, avec des ténors du barreau, leurs femmes, un député, des chefs d’entreprise… La langue française a l’art d’enrober d’une délicatesse hypocrite les plus grandes obscénités ».
« Ange monta quatre à quatre les marches jusqu’à la chambre. Elle n’avait plus que sa mère, désormais. Et Jérémy. Leur frère aîné avait fait sa vie loin d’eux. Il habitait en ville, si différent d’elle, après avoir été si proche, dans leur enfance. Il venait parfois les voir malgré un travail prenant. Il leur apportait les produits qu’Ange ne pouvait fabriquer elle-même. Comment était-il possible qu’une même fratrie réunisse des personnalités aussi disparates, aussi opposées…
Elle trouva sa mère assise par terre, prostrée, berçant Jérémy dans ses bras, endormi ou inconscient. Il était impossible de distinguer un état de l’autre, le jeune homme se trouvant dans un état végétatif ».
« Mais Frida n’eut pas à se donner le mal qu’elle redoutait pour satisfaire Ernest Gare. Le commissaire s’invita dans la loge avec un bouquet de roses rouges. Pas vraiment original, mais tellement touchant, se dit-elle, sentant ses joues devenir brûlantes. En tout cas, il avait un sacré courage pour venir se présenter à elle sous les regards entendus des filles ».
Coucou merci pour cette découverte, hop dans ma PAL
J’aimeAimé par 1 personne
super !! bonne lecture alors 🙂
J’aimeJ’aime