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Shutter Island de Dennis Lehane

 

« – Il ne s’est rien passé d’inhabituel ?

– Veuillez préciser ce que vous entendez par « inhabituel ».

– Pardon ?

– Vous êtes dans un établissement psychiatrique, marshall. Pour malades criminels. Croyez-moi, ce ne sont pas les faits « habituels » qui jalonnent notre quotidien ».

 

 

Résumé éditeur :

Nous sommes dans les années cinquante. Au large de Boston, sur un îlot nommé Shutter Island se dresse un groupe de bâtiments à l’allure de forteresse. C’est un hôpital psychiatrique. Mais les pensionnaires d’Ashecliffe Hospital ne sont pas des patients ordinaires. Tous souffrent de graves troubles mentaux et ont commis des meurtres particulièrement horribles. Lorsque le ferry assurant la liaison avec le continent aborde ce jour-là, deux hommes en descendent : le marshal Teddy Daniels et son coéquipier Chuck Aule. Ils sont venus à la demande des autorités de la prison-hôpital car l’une des patientes, Rachel Solando, manque à l’appel. Un shocker, c’est ainsi que Dennis Lehane définit son roman. Mystère, suspense, angoisse, tous ces ingrédients savamment dosés plongent le lecteur dans un état de fièvre qui culmine aux toutes dernières pages, porteuses d’un extraordinaire rebondissement.

 

300 pages – 09/2003

 

 

 

« – Z’avez pas mal roulé votre bosse, hein ?

– Tout juste. J’ai vu du pays.

– Et vous en pensez quoi ?

– Différentes langues, même merde partout ».

 

 

J’ai vu le film « Shutter Island » de Martin Scorsese avec Leonardo DiCaprio à sa sortie et j’en suis sortie bouleversée et surtout sur ma faim. Car le film, extrêmement bien réalisé joue sur plusieurs tableaux… et à la fin, on croit voir enfin la vérité et les dernières images chamboulent tout. Un peu frustrée je vous l’avoue, je m’étais jurée de lire le livre dont était issu ce film pour enfin vraiment comprendre. J’y ai mis le temps, mais voilà c’est fait, je viens de lire « Shutter Island » de Dennis Lehane. Livre très bien écrit, intrigue très bien maîtrisée, l’auteur nous mène par le bout du nez. Constatation également que le film est très fidèle au livre. Arrivée à la fin, j’ai ressenti la même frustration, car la fin est pratiquement la même que dans le film donc on ne sait pas comment l’interpréter, quoi en faire. J’ai fouillé un peu sur internet et j’ai constaté que je ne suis pas la seule à ne pas savoir vers quelle interprétation pencher. Donc, bon faut le savoir, vous ne saurez pas tout à la fin. Mais néanmoins, franchement, je vous conseille la lecture de ce thriller psychologique très bien ficelé, avec une atmosphère qui peu à peu devient lourde et stressante. Remarquez, on se trouve tout de même sur une île avec des malades mentaux dangereux avec en plus un ouragan qui déferle et qui rajoute à l’ambiance stressante. Il y a de quoi être angoissé je vous l’assure. Malgré ma frustration à la fin de ma lecture, je ne regrette rien car j’ai beaucoup aimé « Shutter Island ».

 

 

 

« – Si j’avais un fils, j’ignore si je le laisserais partir au front. Même pour une guerre comme celle-là, où on avait pas le choix. À mon avis, on ne devrait exiger ça de personne.


– Exiger quoi ?

– De tuer ».

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

https://www.babelio.com/livres/Lehane-Shutter-Island/3780

 

 

 

« Si Dolores était morte depuis deux ans, elle ressuscitait la nuit dans ses rêves, et il lui arrivait certains matins de penser durant de longues minutes qu’elle était dans la cuisine ou en train de boire son café sur le balcon de leur appartement à Butoowood. C’était un cruel tour pour son imagination, oui, mais Teddy avait appris depuis longtemps à en accepter la logique ; le réveil, après tout, s’apparentait presque à une naissance. On venait au monde sans passé, puis on reconstituait son histoire personnelle en deux clignements d’yeux et trois bâillements, on remettait les morceaux dans l’ordre chronologique pour trouver la force d’affronter le présent ».

 

 

 

« – Alors, qu’est-ce que vous savez de cet endroit, chef ?

Teddy haussa les épaules.

– Pas grand-chose. Pas assez. Mais suffisamment pour me flanquer la frousse.

– Chouette. Si vous, vous avez la frousse, le commun des mortels est censé ressentir quoi ?

Un sourire vint aux lèvres de Teddy.

-Une terreur abjecte ? Suggéra-t-il.

– Ok considérez moi comme mort de trouille ».

 

 

 

« – Vous croyez en Dieu ?

Teddy éclata de rire.

Son interlocuteur se pencha en avant comme pour mieux l’entendre.

– Oh, vous étiez sérieux ? s’étonna Teddy.

De toute évidence, Naehring attendait une réponse.

– Eh bien, vous avez eu l’occasion de visiter un camp d’extermination, docteur ?

Naehring fit non de la tête.

– Non ? reprit Teddy, en se voûtant à son tour. Votre anglais est excellent, docteur ; je dirais même presque parfait. Mais vous prononcez encore les consonnes avec un peu trop de dureté.

– L’immigration légale est-elle considérée comme un crime, marshal ?

Un sourire naquit sur les lèvres de Teddy, qui esquissa un geste de dénégation.

– Alors, revenons en à Dieu, si vous le voulez bien.

– Quand vous aurez vu un camp de ce genre, docteur, vous me reparlerez de vos sentiments sur la question.

Les paupières de Naehring se fermèrent puis se soulevèrent lentement en signe d’assentiment ».

 

 

 

« Elle esquissa un sourire sans joie en remuant la tête.

– Je ne suis pas folle. Oh non. Mais vous allez me répondre que c’est exactement ce que dirait une folle, n’est-ce pas ? C’est toute l’absurdité kafkaïenne de la situation. Si vous n’êtes pas fou, mais qu’on vous a présenté comme tel au reste du monde, toutes vos protestations ne servent qu’à conforter les autres dans leur opinion ».

 

 

 

« Des années durant, c’est vrai, il n’avait pas vu la nécessité de vivre. Mais pas celle de mourir non plus ».

 

 

 

« – Chacun a le droit de penser ce qu’il veut.

Le visage du directeur s’assombrit.

– Faux. Les hommes sont des imbéciles. Ils mangent, ils boivent, ils libèrent des gaz, ils forniquent et ils procréent – ce qui est d’ailleurs tout à fait regrettable, car le monde serait un endroit bien plus supportable si nous étions moins nombreux. Des retardés, des bâtards, des cinglés et des individus sans moralité – voilà ce que nous produisons. La souillure que nous répandons sur cette terre ».

 

 

 

« Je l’ai tenue dans mes bras. Je l’ai tenue dans mes bras pendant que Bing Crosby roucoulait dans la cuisine ; je sentais son odeur et ses lèvres ont frôlé mes doigts.

Je l’ai tenue dans mes bras. Ce monde-ci ne peut pas m’offrir ça. Ce monde-ci ne peut m’offrir que des souvenirs de ce que je n’ai pas, de ce que je n’aurai jamais plus, de ce que je n’ai pas eu suffisamment longtemps.

Nous étions censés vieillir ensemble. Avoir des enfants. Nous promener sous les arbres séculaires. Je voulais voir les rides se graver une à une dans ta chair en sachant précisément à quel moment elles étaient apparues. Je voulais mourir avec toi.

Mais je ne voulais pas ça. Oh non.

Je l’ai tenue dans mes bras, et j’étais sûr qu’il me suffirait de mourir pour pouvoir la serrer de nouveau contre moi ».

 

 

 

« Si le temps n’est réellement pour moi qu’une série de marque-pages, alors quelqu’un a dû secouer le livre pour en faire tomber tous les morceaux de papiers jaunis, rabats de pochettes d’allumettes, touillettes aplaties, avant de lisser avec soin les feuilles cornées ».

 

 

 

« Une fois que vous êtes ici, vous n’en sortez plus. Personne ne quitte le pavillon C. Personne ».

 

 

 

« La Lune est capable de bousculer l’océan, imaginez ce qu’elle peut remuer dans la tête ».

4 commentaires sur “Shutter Island de Dennis Lehane

  1. catherineperrin
    29 avril 2023

    La fin m’a laissée totalement perplexe, mais comme vous je ne regrette pas la lecture de Shutter Island. Il fait partie de ma liste de livres à lire absolument. Mais ma lecture est trop ancienne pour que je rédige une critique pertinente. Je vais donc faire un lien vers votre chronique. Je vous dirai quand cette page sur laquelle je travaille actuellement sera en ligne. Je ne demande pas de lien en retour.

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