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Les folles enquêtes de Magritte et Georgette : Nom d’une pipe ! de Nadine Monfils

 

« Magritte n’était pas un grand buveur, mais n’avait rien contre une bonne bière à l’occasion. Puis, pour les Belges, la bière, c’est pas de l’alcool ».

 

 

Résumé éditeur :

Après Les Détectives du Yorkshire de Julia Chapman et Son Espionne royale de Rhys Bowen, la nouvelle pépite du cosy mystery dénichée par La Bête noire : Les folles enquêtes de Magritte et Georgette ! Une nouvelle série d’enquêtes menées par le peintre René Magritte et sa femme, Georgette.

 

C’était au temps où Bruxelles bruxellait…

À l’arrêt du tram qui le ramènera chez lui à Schaarbeek, un quartier de Bruxelles, René Magritte, chapeau boule et costume bleu, a une vision étrange : une jeune femme en robe fleurie, debout à côté de son corps ! Obsédé par cette image, il en parle à sa femme, Georgette, et immortalise la scène dans une peinture. Quelques jours plus tard, cette femme est retrouvée assassinée, avec une lettre d’amour parfumée dans son sac et un bouquet de lilas mauves sous sa robe. Puis une deuxième jeune femme est tuée.

Sur son corps on découvre également une lettre d’amour parfumée et un bouquet de roses. Attentive aux détails, Georgette en conclut que le meurtrier a voulu laisser un message… Un tueur de demoiselles rôde-t-il sur les pavés mouillés de Bruxelles ? Invisible, se glisse-t-il parmi ceux qui boivent des kloech dans les vieux cafés de la Grand-Place ? Conjuguant imagination débridée et pragmatisme, Magritte et Georgette cogitent pour empêcher un troisième assassinat. Sous son aspect de petit bourgeois pépère, Magritte est un enquêteur malicieux dont la logique iconoclaste ouvre des pistes imprévisibles. Avec Georgette et son intuition féminine, ainsi que leur chienne Loulou au flair bien aiguisé, ils vont former un trio de choc, non peut-être !

 

312 pages – 6/5/2021

 

 

 

« Quelle aubaine ! Elle se mettait à rêver pour la première fois depuis longtemps. Qui avait bien pu lui écrire ces mots qui ne cessaient de danser dans sa tête, diablotins malicieux à la langue saupoudrée de venin ? Car elle savait que le jeu était dangereux. Or elle aimait ça, un peu de piment enfin, dans la pâleur de ses nuits ».

 

 

J’aime bien la peinture de Magritte depuis longtemps. Adolescente, j’avais des posters ou des cartes postales de ses tableaux au-dessus de mon lit. Alors quand j’ai vu qu’il y avait une série intitulée « Les folles enquêtes de Magritte et Georgette » (son épouse), je n’ai pas hésité longtemps pour tenter cette lecture qui promettait d’être savoureuse. A l’arrivée un peu d’humour et de légèreté, mais beaucoup moins que je ne l’espérais. Et moi qui suis accroc aux enquêtes qui me tiennent en haleine, j’ai été un peu déçue à ce niveau. L’auteure nous parle beaucoup de Bruxelles, de la Belgique, ainsi que de Magritte et ses tableaux, qu’elle aime beaucoup, cela se sent. Ce livre est donc un hymne à la Belgitude et à Magritte et dans une moindre mesure (à peine) à Brel. Ce n’est pas désagréable, au contraire, mais je me suis un peu languie par moment, l’intrigue se perdant dans de longs méandres littéraires. Dans ce roman, on découvre un Magritte facétieux, malicieux, volontiers transgressif et adorant jouer au détective. Quand il aperçoit Madeleine assise sur un banc, au loin, dans sa robe fleurie, Magritte est troublé et a l’impression de la voir à côté de son corps. Découvrant dans le journal le lendemain qu’elle a été assassinée, il décide de mener l’enquête sur son meurtre. En cela, il est aidé par Georgette qui adore aussi jouer au détective. Georgette est attentive aux détails et a beaucoup d’intuitions. Pour mener l’enquête, René (Magritte) prend contact avec un de ses bons amis qui est policier, Jefke. Le peintre fait croire à son ami qu’il écrit un roman policier ce qui lui permet de soutirer à Jefke des informations sur l’enquête. Quelques jours plus tard, c’est une autre jeune femme que l’on retrouve assassinée, Rosa. Elles ont reçu toutes les deux des lettres bleues parfumées d’un amoureux mystérieux. Ces meurtres sont-ils liés ? L’assassin a-t-il voulu laisser un message ? A vous de faire connaissance avec le couple Magritte et de découvrir le résultat de leurs pérégrinations de détectives amateurs et passionnés. Si vous aimez la Belgique, Bruxelles, Brel et Magritte vous serez sous le charme.

 

 

 

« Était-ce son imagination qui frétillait lorsque tout était mis en place pour l’éveiller, comme ce moment de grâce où il l’avait aperçue, cette violette sauvage, au bon endroit, baignée d’une lumière poudreuse qui la rendait un peu diaphane et irréelle, dans sa petite robe printanière qu’un vent léger faisait onduler ? Ou était-ce un mirage ? Et si cette fille n’existait que dans sa tête ? Il espérait la revoir. Histoire d’avoir une sorte de certitude qu’il n’était pas fou ».

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

https://www.babelio.com/livres/Monfils-Les-folles-enquetes-de-Magritte-et-Georgette–Nom/1317775

 

Note sur Babélio : 4,22/5 (66 notes) – Ma note : 3/5

 

 

 

« – René, si tu avais une maîtresse, je veux dire une régulière à laquelle tu tiens, tu nous tuerais toutes les deux ?

– Non, tu l’aurais déjà zigouillée avant, se marra-t-il ».

 

 

L’auteure : Nadine Monfils

Nadine Monfils (née à Etterbeek le 12 février 1953) est une écrivaine et réalisatrice belge, vivant à Montmartre.

Mariée et mère de deux enfants. Éclectique, elle excelle dans tous les genres : poésie (douze prix), théâtre, bande dessinée (un projet de scénario adapté des « vacances d’un serial killer » avec Borris), roman, nouvelle… Le théâtre fait beaucoup appel à elle puisqu’elle a elle-même joué dans des pièces en wallon brabançon au Cercle l’Effort d’Ottignies.

Wikipédia

 

Nadine Monfils a publié une vingtaine de polars, d’abord dans la Série noire, puis chez Flammarion, et enfin chez Belfond. Également cinéaste, elle a réalisé Madame Edouard, un film truculent et grinçant, où elle met en scène le célèbre commissaire Léon, héros de sa série policière aujourd’hui étudiée dans les lycées. Chez Belfond, elle a publié notamment Babylone Dream, prix Polar & Co de Cognac 2007, Nickel Blues, prix des Lycéens de Bourgogne 2008, Coco givrée, prix de la ville de Limoges 2010. Les Vacances d’un serial killer (2011), La Petite Fêlée aux allumettes (2012) et La vieille qui voulait tuer le bon Dieu (2013) ont été de grands succès de librairie.

 

 

 

« René Magritte allait les rejoindre dans leur estaminet habituel, La Fleur en Papier Doré, pas loin de la Grand-Place de Bruxelles, facilement reconnaissable à ses branchages en fer forgé ornant la façade. Devenu le repère des surréalistes, cet endroit avait un charme fou, avec la bouilloire oubliée sur le vieux poêle Godin, ses tables en chêne patiné par ceux qui y ont laissé leurs rêves de poivrots tels des ballons rouges dont on ne lâche jamais la ficelle ; ses tableaux, ses collages, ses aphorismes et ses objets insolites parsemés çà et là dans un joyeux bric-à-brac ».

 

 

 

« Georgette était friande de faits divers croustillants, comme son René, passionné depuis tout gamin par les détectives américains, Nat Pinkerton et Nick Carter, au point d’avoir écrit des romans policiers dans sa jeunesse sous le nom de Renghis détective. Il était aussi fasciné par Zigomar et Fantômas. Son idole était Edgar Allan Poe, dont il dévorait les histoires mystérieuses.

Du coup, Georgette attendait le jeudi avec impatience. Et elle se délectait des cancans de Carmen, qui les enveloppait d’un langage fleuri, sans oublier les épines pour que ça ne manque pas de piquant ».

 

 

 

« Magritte eut un choc en découvrant la maison de Rosa. Elle lui rappelait celle qu’il avait peinte dans « L’Empire des Lumières ». Ce tableau le hantait et il ne cessait d’y travailler, multipliant les versions, inversant le ciel de jour et la maison blottie dans la nuit. Il cherchait à unir le jour et la nuit en une seule image, une vision qui lui avait été inspirée par Lewis Carroll… »

 

 

 

« Jefke était déjà devant une grosse chope de bière quand Magritte entra dans la taverne.

– Et une Vieux Temps pour mon ami, s’écria Jefke aussitôt qu’il eut franchi la porte.

– T’as une baise de Georgette. Lui ai dit qu’on se voyait.

– Toujours aussi jolie ?

– J’en suis éperdument amoureux, avoua Magritte.

René et Jefke se connaissaient depuis longtemps ».

 

 

 

« Elle se remémorait souvent sa jeunesse avec lui ; il était fantasque, malicieux, farceur, élégant et mystérieux. Il y avait des zones d’ombre dans lesquelles elle savait qu’elle ne pénétrerait jamais, comme le suicide de sa mère, qu’il refusait systématiquement d’aborder. Et puis, elle le soupçonnait d’aller parfois s’encanailler ailleurs. Pour elle, ce n’était qu’une façon de rester lié au garnement d’autrefois. Les hommes ont besoin de se rassurer, pensait-elle. Tout ce qui lui importait, c’est qu’il n’aimait qu’elle et ça, elle pouvait en être sûre. Ces deux-là étaient soudés depuis leur enfance. Même la guerre n’avait pas réussi à les séparer, puisqu’ils s’étaient retrouvés dans les jardins du Botanique ! Georgette avait plaisir à se rappeler les moments passés avec son amoureux au cinéma bleu, aménagé par un marchand d’instruments de musique. La façade, les murs, les portes, les volets et les châssis des fenêtres, tout était peint en bleu ! Un incendie détruisit ce petit paradis, qui heureusement fut reconstruit pour devenir Le Palais du film ».

 

 

 

« Quand on est triste, quel que soit le pays où l’on s’enfuit, on emporte dans notre valise tous les chagrins qu’on n’a pas réussi à étouffer ».

 

 

 

« Elle était tombée sous le charme de l’artiste et de son œuvre. Ce n’était pas si évident. On peut aimer une personne et pas ce qu’elle crée, ou inversement. Là, l’alchimie était parfaite ».

 

 

 

« Il aimait sa femme et ses amis, point. Devant son mutisme, les mémères avaient fini par ne plus lui adresser la parole et dans le quartier on le traitait d’ours mal léché. Tant mieux, il avait la paix ».

 

 

 

« – La police a interrogé le mari, je suppose.

– Oué. Il était chez lui. Il a regardé la télé en attendant que sa femme revienne. Elle lui avait laissé un mot pour le prévenir qu’elle devait faire un extra le soir à cause des touristes qui avaient débarqué. Elle bossait comme serveuse au Roy d’Espagne.

– Tiens, tiens, on devrait aller faire un tour là-bas…

– Bonne idée, c’est l’occasion de boire une Trappiste, hein, menneke.

– C’est dur, le métier de policier, se moqua René.

– Oué, sauf quand y a des zievereirs qui viennent flanquer le bazar chez nous autres ».

 

 

 

« Quand je peins, je vous déshabille. L’œil d’un peintre transperce les apparences, va au-delà de ce qu’on lui montre. Un tableau doit entraîner le spectateur ailleurs et ouvrir les limites de notre univers. Mes peintures ne donnent pas de solutions, seulement des possibilités d’avancer dans l’énigme. Et l’énigme, c’est notre condition humaine, pourquoi on est là… »  

 

 

 

« Même après toutes ces années, elle arrivait encore à le troubler. Pour lui, Georgette resterait toujours cette petite fille de douze ans qui l’avait tant charmé avec son regard clair et son si joli visage, et à qui il tenait la main sur le chemin de l’école ».

 

 

 

« Le mensonge ne dérangeait pas Magritte, car sans lui le monde serait sans intrigues. Pourtant, contrairement à ce que pouvaient penser certaines personnes en voyant sa peinture, notamment Ceci n’est pas une pipe, Magritte, lui, n’était pas un menteur. « La fameuse pipe, disait-il, me l’a-t-on assez reprochée ! Et pourtant pouvez-vous bourrer ma pipe ? Non, n’est-ce pas, elle n’est qu’une représentation. Donc, si j’avais écrit sous mon tableau Ceci est une pipe, j’aurais menti ! » »

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