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La Conjuration de Dante de Fabrice Papillon

« À cette pensée, Castelain saisit son compteur Geiger et l’approcha du cadavre. À l’intérieur du cercueil, les crépitements augmentèrent légèrement. Il toucha les membres et le crâne de Marie Curie. L’appareil crachota plus fort, avec des rayonnements alpha et bêta deux fois plus élevés que dans le bruit de fond ambiant. Heureusement, pas de quoi fouetter un chat, ni même faire tousser une mouche. Le chef de groupe fit signe à ses hommes de se détendre et d’ôter leurs masques à oxygène. Ils ne risquaient rien. En près d’un siècle, la radioactivité du corps de Marie Curie s’était largement atténuée. Ne restait qu’une légère contamination par le radium 226 au niveau des masses osseuses les plus importantes : pieds, hanches et boîte crânienne.
Pour le dernier acte, Castelain décida d’agir seul. »

Résumé éditeur :

Les tombeaux des plus grands scientifiques profanés.
Des meurtres inexpliqués dans plusieurs capitales européennes.
Un complot d’une envergure sans précédent.
Une enquête de la commissaire Vernay, sous haute tension.
Fabrice Papillon, journaliste et producteur de documentaires, est l’auteur de plusieurs ouvrages de vulgarisation scientifique et de thrillers. Il revient avec un quatrième roman dantesque !

512 pages – 8/3/2024

« Louise n’était pas à l’aise. Les nouveaux locaux de la PJ, le fameux « Bastion » niché dans le quartier des Batignolles, un building surprotégé de trente mille mètres carrés, était bien trop froid et impersonnel pour mettre en confiance. Le bureau du taulier n’avait plus aucun charme. Oubliés les parquets, moulures et cheminées du Quai des Orfèvres. Maintenant, c’était dalles glacées, vitres blindées, béton, peinture immaculée et modernité. Fonctionnalité. Efficacité.
Pour sa première visite dans les nouveaux locaux de la Direction régionale de la police judiciaire elle n’en menait pas large. Elle redoutait surtout de replonger dans la catégorie « frappadingue qui trempe dans des histoires sans queue ni tête ». »

Mon avis

J’ai adoré les deux premiers romans de Fabrice Papillon. Son troisième qui avait pour héroïne Louise Vernay m’avait laissée un peu plus mitigée surtout à cause de cette fameuse Louise. Trop borderline, trop énervée et partant dans tous les sens, elle m’avait passablement agacée. Et là, je découvre que « La conjuration de Dante » est de nouveau avec Louise Vernay, devenue entre-temps commissaire. Mutée à Paris, elle est depuis deux ans placardisée dans un service truffé de geeks, suite à sa dernière enquête quelque peu mouvementée à Lyon et ailleurs. Mais comme j’apprécie énormément l’écriture de Fabrice Papillon et l’intelligence de ses intrigues, je n’allais pas m’arrêter à ce genre de considération. D’autant que les chroniques élogieuses s’accumulent. Et j’ai bien fait parce que dans cette aventure, Louise Vernay est toujours aussi borderline, n’écoute personne et fonce tête baissée, quitte à en payer le prix, mais elle m’a moins énervée (la force de l’habitude ?) et surtout l’auteur nous donne des éléments de son passé assez difficile et donc des clés de compréhension de son caractère. Venons-en à l’histoire. Ne comptez pas sur moi pour vous raconter toutes les péripéties de cette intrigue hors norme… trop compliqué et surtout cela retirerait tout le sel du suspense. Car du suspense il y en a. Fabrice Papillon joue avec nos nerfs et notre cerveau (oui je sais, jeu de mot facile, mais je n’ai pas résisté !). Il nous emmène sur les traces d’une mystérieuse association, Gyrum Novem, qui visiblement s’intéresse aux cerveaux des grands de ce monde, passés ou actuels : Marie Curie, Dante, Darwin, Einstein, Descartes, Stephen Hawking etc. Des commandos s’attaquent aux sépultures de ces savants et dérobent leurs crânes. Ils sèment également des cadavres dont certains n’ont plus leurs cerveaux. Ces criminels laissent d’énigmatiques indices qui tournent tous autour de l’Enfer de Dante, de la mythologie, de Charon, de l’enfer, du cerveau… Louise réintégrée dans un service actif pour mener l’enquête est accompagnée par un collègue italien, Massimo Bianchi, qu’elle apprécie mais aussi de Ceylac un collègue français qu’elle ne supporte pas, et c’est réciproque. Le trio va être balader au gré des meurtres sordides jusqu’à Londres, Rome et retour en France à Passy, au fin fond de la Haute-Savoie. L’enquête est virevoltante, les enquêteurs sont sur les dents et ne savent plus vers quel spécialiste se tourner pour tenter de comprendre cette quête mystérieuse. Au fil des pages, l’auteur retourne dans le passé de ces grands hommes, nous dévoilant quelques indices. Cette lecture est prenante et nous distille des éléments de connaissance. Agréable et passionnant. Petit bémol pour la fin qui arrive de manière abrupte et m’a laissée quelque peu désappointée. Bon, vous verrez par vous-même. Une suite peut-être à cette aventure ? L’avenir nous le dira. En tout cas, si vous êtes curieux et que vous aimez les intrigues intelligentes et rythmées, « La conjuration de Dante » est faite pour vous ! Bonne découverte.

« Juste avant de remettre les gaz, le pilote s’adressa à elle. Distinctement, sans hésitation.
– Tous les couvercles seront levés, et d’au-dedans sortiront les cris des hérésiarques et des disciples de toute secte. Celui-ci souffrira comme les autres, depuis son tombeau brûlant. Pourrez-vous le sauver ?
Puis il fila en zigzaguant entre les voitures.
La flic demeura bouche bée. Qui était ce type ? Sonnée par ces propos délirants, elle n’eut même pas le réflexe d’apercevoir la plaque d’immatriculation. Elle baissa le menton, son regard buta contre le mystérieux passager, recroquevillé à terre. Elle s’agenouilla et lui serra l’épaule.
– Monsieur ? Eh oh ? Ça va ?
Aucune réaction. »

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

https://www.babelio.com/livres/Papillon-La-Conjuration-de-Dante/1597643

Note sur Babélio : 4,/5 (73 notes) – Ma note : 4,5/5

« Louise pensait en mode warrior. Tous ses vieux réflexes refirent surface.
– On nous dessine un joli jeu de pistes… Un groupuscule écolo-terroriste prêt à tout pour nous contraindre à sortir du nucléaire ?
– Je ne sais pas s’ils sont écolos, mais ce qui est sûr, c’est qu’ils ne plaisantent pas. Les fouille-merde l’ignorent encore au moment où je vous parle, mais on a deux macchabées sur les bras. Deux frais, je veux dire, en plus de la Polonaise.
Le taulier fit pivoter trois clichés face à Louise. »

L’auteur : Fabrice Papillon

Fabrice Papillon né à Lyon le 13 avril 1973, est un journaliste, producteur et écrivain français.
Né à Lyon (Croix-Rousse) le 13 avril 1973, Fabrice Papillon poursuit des études littéraires (hypokhâgne, khâgne, licence d’histoire) avant d’intégrer en 1994 l’École supérieure de journalisme de Lille. En 1996, il commence sa carrière à Europe 1, où il est recruté parmi les lauréats de la bourse Lauga-Delmas.
Tout en occupant diverses fonctions au sein de la rédaction d’Europe 1 (reporter, chroniqueur, présentateur de journaux), il devient journaliste scientifique, et se spécialise dans les questions de génétique et de bioéthique. C’est sa rencontre avec le généticien et intellectuel Axel Kahn, au moment de la révélation de l’existence de la brebis clonée Dolly, qui déterminera cette orientation inattendue de sa carrière. En 1998, les deux hommes publient leur premier ouvrage commun, « Copies conformes, le clonage en question » (Nil éditions), qui précise pour la première fois les risques techniques et surtout éthiques du clonage reproductif. L’ouvrage connaît un fort retentissement et contribue largement au débat sur les perspectives du clonage humain.
Ensuite, après deux autres livres et un film, les deux hommes sont restés proches. Fabrice Papillon considérait d’ailleurs Axel Kahn comme son père spirituel. En 2001, parallèlement à sa carrière à Europe 1, il participe avec Yves Calvi à la création de l’émission quotidienne « C dans l’air » sur France 5, pour laquelle il réalise des reportages scientifiques.
Il poursuit ses réflexions éthiques en publiant de nouveaux essais avec des personnalités comme Albert Jacquard ou Joël de Rosnay. Par ailleurs, il réalise, co-réalise ou co-écrit une dizaine de films scientifiques.
En 2004, Fabrice Papillon, alors maître de conférences à Sciences po, où il crée le premier enseignement du journalisme de cette grande école, se voit confier par son directeur Richard Descoings la rédaction d’un rapport qui aboutira à la création de l’école de journalisme de Sciences po. Depuis 2003, il enseigne les techniques de vulgarisation et de prise de parole devant les médias à de nombreux chercheurs, ingénieurs ou médecins, dans le cadre de formations « media training » organisées par les grandes institutions scientifiques comme l’INSERM, le CNRS ou l’Ifremer.
En 2005, il démissionne d’Europe 1 et quitte l’équipe de « C dans l’air ». Avec sa femme Valérie Rossellini Papillon, alors secrétaire générale du Centre de recherches politiques de Sciences Po, il crée la société de production Scientifilms, dans le but « de rendre la science accessible, quelle que soit la complexité du sujet abordé. » Il produit de nombreux films, notamment pour Arte et France Télévisions.
En 2017, Fabrice Papillon publie son premier roman, un thriller scientifique et historique, « Le Dernier Hyver » (éditions Belfond), salué par la critique, et couronné par le prix du meilleur polar des lecteurs de Points 2018. En 2019, Fabrice Papillon publie son deuxième roman, « Régression » (éditions Belfond), suivant le même type de structure (alternance passé / présent). Là encore salué par la critique, et récompensé par le Prix Méditerranée polar 2020, ce thriller scientifico-historique embarque le lecteur dans le temps (de la préhistoire au XXᵉ siècle) et l’espace (de la Corse à la Sibérie) pour découvrir l’un des secrets les plus mystérieux de l’humanité. En 2021, l’auteur publie son troisième roman, « Alienés » (éditions Plon), un thriller scientifique adoptant un style encore plus vif et fluide que ses deux premiers romans. Il remplace les allers-retours dans le temps par deux enquêtes parallèles, l’une dans l’espace à bord de la Station spatiale internationale où flotte le cadavre éviscéré d’un astronaute américain, l’autre à Lyon, à la suite d’un crime similaire commis dans les mystérieuses « arêtes de poisson ». En 2024, il publie « La Conjuration de Dante » (éditions du Seuil) dont Franck Thilliez affirme que « le scénario est tordu, solide, et mêle finesse et grand spectacle. Tout est écrit avec un réel talent. Brillant ! »

« Elle n’allait certainement pas attendre d’ordre de mission officiel, une perte de temps insupportable.
Louise avait donc filé à l’anglaise en Italie d’autant que Ceylac l’avait invitée à aller se faire voir chez les Grecs. Logique. »

« La maladie addictive ne guérit jamais vraiment. Et Louise le savait mieux que quiconque. Mais qui peut se targuer de n’avoir aucune dépendance ? A la nicotine, à l’alcool, au sexe à l’argent, au travail, aux jeux vidéo, et même au sport ? Tout plaisir, même banal, entraîne un besoin toujours plus fort, plus puissant, plus grisant. Et quand une substance disparaît, une autre la remplace. Il fallait vivre avec. Elle devait vivre avec. »

« Ils étaient tous penchés sur l’inscription.
– « Le pécheur conduit par Charon à travers l’Achéron »… Alors on est en pleine mythologie. Charon…
Belaïd faisait glisser son index sur l’écran de son portable. Comme tous les flémards, il se contentait de survoler Wikipédia.
– … « Charon est le passeur des Enfers. Il a pour mission de faire traverser le fleuve Achéron aux âmes de tous ceux qui doivent entrer dans le royaume des morts. Exécuteur du destin qui régit la vie des humains, Charon n’épargne ni jeunesse, ni beauté, ni vaillance. »
Cela n’augurait rien de bon.
– En grec ancien, on le surnomme le « psychopompe ». »

« Bianchi lisait ses pensées et s’était posé la même question la veille. Ils étaient connectés, partageaient la même vision des crimes.
– La violence. Le septième cercle de L’Enfer de Dante emprisonne l’âme des hommes qui se sont rendus coupables de violence envers les autres – les assassins ; envers eux-mêmes – les suicidés ; ou envers Dieu – les blasphémateurs. Ceux qui ont tué sont condamnés à passer l’éternité dans le Phlégéthon, un fleuve de sang en ébullition où ils sont ébouillantés nuit et jour.
Au même instant, Louise pivota vers l’étang.
Était-ce son imagination ou distinguait-elle des reflets pourpres à la surface ? Comme hypnotisée, elle crut apercevoir une silhouette en haillons, ample capuche dissimulant le visage, debout sur une barque en train de traverser le bassin à l’aide d’une longue rame. Le spectre de Charon, le passeur des Enfers, la terrifia.
Louise battit plusieurs fois des paupières et reprit ses esprits.
– Donc, d’après toi, le type a été torturé à mort parce qu’il avait lui-même fait preuve de violence ? C’est quoi, l’idée : œil pour œil, Dante pour Dante ?
Bianchi sourit. »

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2 commentaires sur “La Conjuration de Dante de Fabrice Papillon

  1. Escrocgriffe
    1 avril 2024

    Intrigant ! Merci pour ce retour…

    Aimé par 1 personne

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