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Les incroyables aventures des sœurs Shergill de Balli Kaur Jaswal

 

« Soyez patientes. L’Inde va vous changer de Londres. À peine descendues de l’avion, vous étoufferez à cause de la pollution et de la foule. Vous vous êtes toujours moquées de moi en disant que je parlais trop fort et que j’étais comme une tornade qui emporte tout sur son passage ; à votre arrivée, essayez donc d’imaginer ce que j’ai pu ressentir, à l’inverse, en débarquant au Royaume-Uni, où chaque chose est à sa place, où les maisons sont alignées en rangées régulières et où les trains partent toujours à l’heure. J’espère que vous comprendrez le mal que j’ai eu à m’habituer à ce calme ».

 

 

Résumé éditeur :

Après Le Club des veuves qui aimaient la littérature érotique, Balli Kaur Jaswal livre un roman cocasse et émouvant sur la complexité des relations familiales, la double culture. Un Darjeeling Limited féminin, et féministe, des plus savoureux.

 

Dans la famille Shergill, il y a :

Rajni, l’aînée, mère de famille au bord de l’implosion depuis que son fils ado lui a fait une révélation fracassante.

Jezmeen, la séductrice un brin égoïste, petite actrice londonienne dont le dernier

bad buzz tourne en boucle sur les réseaux sociaux.

Et enfin, Shirina, la docile cadette, dont le parfait mariage arrangé commence à sérieusement battre de l’aile.

Trois sœurs que tout oppose et qui vont devoir se supporter pour réaliser la dernière volonté de leur mère : accomplir un pèlerinage en son honneur en Inde, de Delhi au Temple d’or d’Amritsar.

Combien de temps avant que tout dérape ?

Les voies d’une mère sont impénétrables… Dans ce pays aux facettes multiples, et parfois violentes, les sœurs Shergill embarquent pour un incroyable voyage à la découverte de leurs racines et d’elles-mêmes.

 

384 pages – 19/3/2020

 

 

 

« Si vous vous souvenez bien, quand j’ai découvert que j’avais un cancer, je voulais entreprendre un pèlerinage en Inde pour honorer les principes des gurus…

S’il vous plaît, faites-le pour moi. Vous m’aiderez ainsi à achever mon voyage sur Terre et entamerez par la même occasion un nouveau chapitre de votre propre vie ».

 

 

En commençant cette lecture, je pensais juste lire un livre sympa, léger sur le périple de trois sœurs en Inde. Alors oui, c’est l’histoire bien sûr, mais c’est bien plus qu’un livre sympa et il n’est pas si léger que ça. J’ai beaucoup aimé ce livre. Pourtant j’ai failli ne pas le finir car le début relate la fin de vie de Sita, la maman de Rajni, Jezmeen et de Shirina, qui se meurt d’un cancer du sein. Vu ma situation personnelle, j’ai vraiment failli le lâcher. Et puis je me suis dit que je n’allais pas éviter toute ma vie les histoires sur le cancer, donc j’ai continué et j’ai bien fait (finalement ce livre parle très peu du cancer). Sita demande à ses filles de faire pour elle un voyage pèlerinage en Inde, leur pays d’origine, puisqu’elle ne peut plus le faire et disperser ses cendres à un endroit précis pour le repos de son âme. Ce sera aussi l’occasion pour ces trois sœurs de passer un moment ensemble ce qui en temps normal est assez rare car la famille a explosé. Un passé plein de non-dits, de rancœurs et de silence a peu à peu séparé les sœurs. Rajni, l’aînée, mariée et mère d’un fils de 18 ans qui vient de lui annoncer qu’il va se mettre en ménage avec une femme de 36 ans, est une femme aigrie avec beaucoup de regrets, en colère et qui est devenue rigide avec toute sa famille. La seconde, Jezmeen, célibataire et rêvant de devenir une actrice célèbre passe son temps à se disputer avec sa mère et surtout Rajni, et n’arrive pas à trouver sa place dans la vie. La « petite » dernière, Shirina, a toujours essayé de se tenir en dehors de tous ces conflits familiaux pour se protéger et pour échapper à cette famille pleine de conflits, a rencontré Sehaj, sur un site de mariages arrangés traditionnels, et est partie avec lui en Australie. Au moment où elles partent en Inde, elles sont toutes les trois à un moment crucial de leur vie. Bien sûr, les trois sœurs gardent le secret sur leur vie respective et le voyage ne peut être qu’une suite de malentendus. Le choc avec la vie en Inde, si différente de Londres ou de l’Australie, la résurgence de sentiments contradictoires concernant leurs origines, le souvenir douloureux du décès de leur mère et l’obligation de suivre ses instructions, vont peu à peu desserrer le nœud complexe des secrets familiaux. Immergé dans les odeurs, les couleurs et les lieux religieux sikhs de l’Inde, on suit alternativement les pensées des trois sœurs. Beaucoup d’émotions, de douleurs, mais aussi de sourires tout au long de ce périple. On s’attache beaucoup à ces trois sœurs lors de cette lecture. On découvre l’Inde, un peu la religion sikhe mais aussi les conditions de vie, difficiles voire désastreuses, des filles, des femmes en Inde et/ou même à l’étranger dans les familles sikhes exilées. C’est émouvant, intéressant, bien écrit et passionnant. Bref, j’ai adoré. Comme quoi de belles surprises se trouvent parfois au détour d’une lecture choisie pour un titre sympa et une belle couverture colorée ! Je vous le conseille vivement.

 

 

 

« Elle n’avait aucune envie d’être ici, et encore moins maintenant, avec tout ce qui se passait à la maison. L’Inde n’était pas faite pour elle et ce constat n’était pas uniquement dû à ses souvenirs désagréables : son corps tout entier faisait une réaction allergique à ce pays ».

 

 

Lien vers la fiche du livre sur babélio

https://www.babelio.com/livres/Kaur-Jaswal-Les-incroyables-aventures-des-soeurs-Shergill/1211787

 

 

 

« La tranquillité des berges du Temple d’or d’Amritsar serait bien plus propice à cette discussion que les banquettes d’une sandwicherie londonienne – et puis, maintenant que Shirina avait emménagé en Australie, ce n’était pas comme si elles avaient souvent l’occasion de se retrouver toutes les trois. Rajni voulait qu’elles s’expliquent et tournent la page une fois pour toutes.

« Tu sais que les pèlerinages ne sont pas une obligation dans la religion sikhe ? demanda Jezmeen.

— Je sais, oui », répondit-elle avec calme. Pas question de laisser Jezmeen lui taper sur les nerfs ».

 

 

 

« Ce changement de comportement avait surpris Rajni : Shirina avait toujours été plutôt accommodante, mais de là à l’imaginer se couler dans le moule conservateur de la parfaite petite épouse indienne… À l’université, elle s’était montrée pleine d’ambition et avait effectué des stages d’été dans des entreprises de communication pour lesquelles elle espérait travailler plus tard. Une fois diplômée, elle avait décroché un bon poste et commencé à bien gagner sa vie. Bien sûr, même à leur époque, beaucoup de femmes – et pas seulement celles qui aspiraient à devenir rapidement mères au foyer – choisissaient le confort du mariage arrangé. La fortune de Sehaj semblait avoir emporté l’assentiment de Shirina ».

 

 

 

« Arrivées à ce stade, vous en avez sans doute marre que je vous fasse vous lever aux aurores, mais il faut savoir profiter du lever du soleil. Et quel meilleur endroit pour le contempler à Delhi que la Porte de l’Inde ? Au moins une fois dans votre vie, faites-le pour moi : faites face au soleil et regardez le jour se lever. Pensez à tous les jours qu’il vous reste et à la façon dont vous choisirez de les passer ».

 

 

 

« Elles se remirent en marche en silence. Une annonce diffusée par les hauts-parleurs vint interrompre les pensées de Rajni : le granthi commençait sa lecture. L’écho de chacune de ses syllabes se réverbérait partout mais on comprenait difficilement ce qu’il disait. Quand elles étaient plus jeunes, leur mère allumait la radio tous les matins pour écouter le granthi. Comme beaucoup de sikhs, elle attendait ses conseils quotidiens pour commencer sa journée. Le Temple d’or était le cœur battant du monde sikh : il insufflait son message vital dans les milliers de foyer ».

 

 

 

« Vint le tour de Sneha. Elle monta sur le tabouret et rappela quelques chiffres : il y avait 875 femmes pour 1 000 hommes dans la région de l’Haryana. Dans l’assemblée, quelqu’un agita une pancarte sur laquelle on pouvait lire « NON AU FŒTICIDE DE FILLES ». Des crimes d’honneur avaient toujours lieu à la campagne – deux femmes levèrent bien haut leur bannière « IL N’Y A PAS D’HONNEUR À TUER ». La manifestation semblait s’attaquer à toutes les atteintes aux droits des femmes en Inde – et il y avait de quoi faire. La tâche était vaste, aussi vaste que le pays. Une des pancartes souleva le cœur de Jezmeen : elle montrait les visages tuméfiés de deux femmes adultères qu’un conseil de village avait condamnées à être battues ».

 

 

 

« — Je vois la scène comme si j’y étais », dit Jezmeen, le sourire aux lèvres.

Rajni sourit à son tour. C’était un beau souvenir à partager avec sa sœur, l’un de ceux qu’elle n’avait pas besoin d’embellir, contrairement à beaucoup d’autres. Elle savait que l’intérêt de Jezmeen pour ses origines grandissait – elle avait été surprise d’entendre mentionner Tante Roopi la veille, car elle ne se serait jamais doutée que ses sœurs se rappelaient avoir vécu avec elle pendant le temps de leur absence ».

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Cette entrée a été publiée le 29 avril 2020 par dans découverte auteur, mes coups de coeur, Mes lectures, roman, et est taguée , , , , , , , , .