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Sentinelle du climat de Heïdi Sevestre

« Plus les températures augmenteront, plus la météo sera imprévisible, plus les tempêtes, les canicules, les sécheresses, les chutes torrentielles de pluie, de neige, de grêle, les vagues de froid, les dômes de chaleur, seront fréquents et longs, parfois très localisés, parfois affectant des pays entiers. Et plus les phénomènes seront imprévisibles et extrêmes, plus incertaines seront les récoltes, plus fragiles seront les Etats, plus troublée sera chaque destinée humaine. L’avenir, d’année en année, plus flou. »

Résumé éditeur :

Partout le même constat, des températures records touchent tous les pays, des incendies ravagent des régions entières, des espèces disparaissent, et la banquise diminue jour après jour. Le réchauffement climatique est à l’œuvre et ne cesse de s’intensifier.

Poussée par son amour de la glace et de la neige, la Savoyarde Heïdi Sevestre décide de devenir glaciologue. Pour ses recherches, elle parcourt la planète (Arctique, Himalaya, Groenland ou encore Antarctique) et l’émerveillement pour les géants de glace cède place à l’anxiété : les glaciers fondent inexorablement et vont disparaître d’ici quelques années si nous continuons de vivre comme nous le faisons. Heïdi Sevestre change alors de cap et sort de son laboratoire de recherche pour alerter le grand public et les puissants sur les ravages causés par le dérèglement climatique. Une profonde conviction la guide : sauver les glaciers c’est se sauver nous-mêmes.

240 pages – 12/4/2023

« Mais j’ai appris aussi que, l’Humanité avait toujours connu des glaciers plus ou moins étendus. Ces glaces ont permis au climat de se stabiliser et à notre civilisation de se développer. Depuis toujours, l’Homme était lié à la Glace. J’ai grandi et continué à apprendre et à observer. Je suis allée aussi loin que les études académiques et la recherche le permettent dans le domaine qui me passionnait : la glaciologie. Et là, j’ai appris que les glaciers diminuaient, se rétrécissaient, que la Terre se réchauffait, et j’ai compris quels étaient les mécanismes derrière ces phénomènes.

Enfin, j’ai compris l’impensable : que le climat de toute la Terre changeait sous mes yeux, non pas, comme cela avait toujours été, en un temps long, très long, un temps géologique, éventuellement historique, mais dans un temps biologique : celui de la vie d’un homme – moins d’un siècle.

Pire, celui d’une génération, vingt-cinq ans. »

Mon avis

Wahou ! Cette lecture est un sacré coup de cœur, un sacré coup de poing au cœur ! J’ai découvert Heïdi Sevestre depuis quelque temps et je voulais absolument lire ce qu’elle disait après l’avoir vue et entendue sur youtube et à la télévision (dernièrement sur LCP, émission « DébatDdoc » avec un documentaire magnifique « Heïdi’s ice, en arctique avec une glaciologue »). Ce qui me plaît avec Heïdi Sevestre, c’est qu’elle est scientifique, bien sûr, mais surtout profondément humaine. Et son récit se place à la fois au niveau des recherches et des avancées scientifiques dans sa spécialité, la glaciologie, mais aussi au niveau d’Heïdi, en tant qu’être humain, la petite savoyarde qui aimait passionnément la nature et qui a eu le coup de foudre pour les glaciers… et quand elle se place à ce niveau humain, on ressent intensément ses émotions, ses peurs et ses espoirs, car elle nous ressemble. L’être humain responsable du dérèglement climatique, dans le déni, la peur mais qui va devoir se relever les manches pour son avenir et l’avenir des générations à venir. Il nous faut absolument retrouver l’équilibre fragile qui faisait que jusqu’à présent les êtres vivants, humains ou non et la nature cohabitaient en bonne intelligence. Le récit d’Heïdi est passionnant. Je l’ai dévoré. Ses expéditions sur la glace, ses découvertes, ses rencontres, ses expériences, j’ai vraiment adoré la suivre même si ses conclusions sur notre avenir sont assez dures à lire, à intégrer. Mais comme je le dis souvent, cela ne sert à rien de faire l’autruche, il vaut mieux regarder les choses en face et faire à notre petit niveau ce que l’on peut pour inverser la courbe de cette fuite en avant, cette montée des températures qui parait actuellement inéluctable. Lisez Heïdi pour comprendre pourquoi l’humanité est liée à jamais aux glaces des pôles, aux glaciers et qu’il faut absolument arrêter notre utilisation addictive des énergies fossiles. Sans doute plus facile à dire qu’à faire mais indispensable si on veut que l’humanité survive. Merci beaucoup Heïdi pour ce que vous faites. J’espère que vous serez entendue.

« Comme vous, j’ai fini par comprendre que ce changement était causé par l’activité humaine, par les masses et par les individus.

Peu à peu, j’ai compris que mon objet d’études disparaissait sous mes yeux à une vitesse imprévisible. Je suis une scientifique et j’ai mesuré, analysé, calculé, consacré toutes mes forces à observer la fonte de la glace à travers les continents.

Mais je suis aussi un être humain, et une tristesse poignante m’étreint devant l’anéantissement de la beauté des glaciers. L’exercice de la science m’interdit de détourner le regard. Le goût de la vie aussi. »

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

https://www.babelio.com/livres/Sevestre-Sentinelle-du-climat/1518033

Note sur Babélio : 4,62/5 (20 notes) – Ma note : 5/5

« Mon bonheur, mon exaltation, ma fascination n’échappent pas à Hubert. Je ne veux plus jamais m’éloigner des glaciers. Y passer l’essentiel de ma vie. Cette évidence me foudroie. Mais suis-je capable d’être guide ? Quel niveau technique est nécessaire ? Je l’interroge.

– Tu sais qu’il y a des gens qui sont payés pour ça.

– Pour quoi ?

– Pour être sur les glaciers et les étudier. On les appelle des glaciologues.

J’ai dix-sept ans. Je viens de trouver ma voie. »

L’autrice : Heïdi Sevestre

Heïdi Sevestre, née le 11 mars 1988 à Annecy (Haute-Savoie), est une glaciologue française. Elle passe son enfance dans le village de Gruffy, au pied du Semnoz et aux portes des massifs des Bauges et des Aravis.

Je continue avec la petite biographie trouvée sur son site :

« Je suis glaciologue, diplômée du centre universitaire du Svalbard (UNIS) et de l’Université d’Oslo. Originaire des Alpes Françaises, mes études en géographie m’ont mené à Lyon 3 puis au Svalbard, à l’université la plus au Nord du monde. Licence en poche, j’obtiens ensuite un master de glaciologie à l’université galloise d’Aberystwyth. L’année suivante, je rejoins deux expéditions de glaciologie en Himalaya et au Groenland. Mais l’appel du Svalbard étant plus fort que tout, et je commence en 2011 une thèse de quatre ans au Svalbard sur la dynamique des surges glaciaires. Ce travail a figuré en couverture de Science Magazine en Décembre 2017. Fin 2015, je rejoins l’équipe du Projet MIDAS en Antarctique sur la barrière du Larsen C pendant deux mois. Depuis lors, j’ai travaillé comme chercheuse à l’université de St Andrews en Ecosse. Passionnée par la communication scientifique, je collabore régulièrement avec l’ONG américaine « International Cryosphere Climate Initiative », et je donne de nombreuses conférences sur mes recherches. Je suis aussi la présentatrice de documentaires scientifiques sur France 5 et Ushuaia TV. »

Ses distinctions :

Lauréate en 2022 de la première médaille Shackleton pour la protection des régions polaires, décernée par un jury international d’experts polaires présidé par le Professeur Lewis Dartnell à la Royal Geographical Society de Londres.

Grand prix du rayonnement environnemental, prix remis en mars 2023 par Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur pour les pôles et les enjeux maritimes.

« Chaque semestre débute par un cours de technique de survie en Arctique.

On est jetés dans le bain, au propre et au figuré, tout juste dotés d’instructions à suivre à la lettre.

Je crois maîtriser quelques techniques (skier bien sûr, marcher sur un glacier, observer la neige, escalader, m’orienter, me protéger du froid), mais ici tout prend des proportions gigantesques, déconcertantes. Quand on ne nous apprend pas à monter une tente – avec des moufles et sous des rafales de vent –, il faut apprendre à tirer – malgré sa peur des armes – sur les ours éventuels, apprendre à nager en combinaison de survie dans l’eau glaciale des fjords, à mener un Zodiac, et surtout, surtout, à vivre avec un froid dont l’intensité m’est inconnue. »

« L’expérience n’a pas seulement refondé ma relation avec mon corps, elle a élargi ma réflexion.

Nous croyons habiter la Nature. Sa beauté éveille des sentiments très enfouis, nous relie à des émotions d’avant les mots et nous fait exulter, mais celle-ci l’ignore. Elle ne nous accueille ni ne nous repousse. Elle n’est ni bien ni mal disposée à notre égard, elle n’a ni colère ni bienveillance. C’est à nous, humains, nous seuls, qu’incombe la responsabilité de notre survie.

À nous seuls de nous poser des limites pour ne pas être balayés par sa force souveraine et indifférente.

Cela vaut pour tous les êtres humains quand ils se croient invincibles – ainsi Johannès et moi, dans l’orgueil de nos vingt ans –, lorsqu’ils affrontent les éléments naturels trop sûrs d’eux et de leur puissance, quand ils s’imaginent vivre sans danger et qu’ils ne font que vivre au-dessus de leurs moyens.

Le grondement de l’avalanche était un rappel à l’ordre. »

Heïdi’s ice, en arctique avec une glaciologue

Documentaire qui illustrait l’émission « DébatDoc » sur LCPTrès beau et instructif !

« Nous ne sommes clairement pas adaptés aux événements météorologiques extrêmes d’aujourd’hui, alors qu’en sera-t-il demain, dans un an, dans dix ans, si nous continuons à émettre toujours plus de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ? »

UTD 2023 : Conférence de Heïdi Sevestre

Conférence d’une demi-heure donnée par Heïdi Sevestre lors des Universités du Tourisme Durable en septembre dernier. Très intéressant.

« La glace, à laquelle, je ne me lasse pas de le dire, l’existence humaine a partie liée, la glace partout sur Terre est en train de fondre et de plus en plus vite.

Le pire, dans tout cela, c’est que la fonte de la glace… accélère la fonte de la glace. »

« La neige fraîche renvoie ainsi dans l’atmosphère 95 % des rayonnements solaires. Sans l’Arctique et l’Antarctique, gigantesques miroirs naturels qui nous protègent de l’ardeur du soleil, la Terre nous serait inhabitable.

Longtemps l’Arctique fut ce sanctuaire immaculé, stabilisateur de notre climat européen, nord-américain et asiatique. C’est terminé.

En quarante ans, 40 % de la surface de banquise arctique a été perdue. D’ores et déjà, il est trop tard pour sauver le peu de banquise qu’il nous reste en été. Le point de bascule a été franchi. Certes, chaque hiver, la banquise se reforme, plus ou moins, mais elle devient une banquise de saison. Elle n’a plus le temps de vieillir comme avant. La « vieille banquise », plus épaisse, plus blanche, celle qui détient un pouvoir de réflexion des rayons solaires bien plus important que la glace de mer de saison, s’amoindrit inexorablement depuis des années. Là aussi, ce « rajeunissement » se traduit par une activation de la fonte. »

« Nos modèles numériques ont jusqu’à maintenant largement sous-estimé la sensibilité de l’Arctique au réchauffement. Notre science n’avance pas assez vite face à la rapidité des changements. Ce que nous pensions voir dans soixante-dix à quatre-vingts ans est déjà là. Le scénario « du pire des cas » est en marche.

Nous pensions être des scientifiques du temps long. Brutalement, nous sommes engagés dans une course contre la montre : aucun glaciologue n’est préparé à la disparition des glaciers.

L’humanité, non plus. »

« Pour la première fois, j’ai vu des gens « normaux », dont le métier n’est pas de scruter la cryosphère, dont les revenus ne dépendent pas des glaciers, des gens désintéressés et libres, prendre conscience de la valeur de ce monde de glace. À la fois rationnellement et émotionnellement.

Le sauvetage du glacier ne peut se faire contre l’homme, comme l’homme ne peut se sauver sans le glacier. Au risque de me répéter : les destins de l’homme et de la glace sont liés.

Eux le savent. Ils l’ont profondément compris. Et cela change tout. Car on ne peut plus vivre « comme avant » à partir de cette prise de conscience. »

« Ce point de non-retour pour la cryosphère d’abord, pour le niveau de la mer ensuite, correspond à une hausse des températures moyennes supérieure de 1,5 C à la température globale moyenne d’avant la révolution industrielle. Actuellement, l’augmentation est à 1,15 C. Si les pays respectent leurs engagements climatiques, la température moyenne sur Terre pourrait augmenter jusqu’à 2,4 C. En revanche, si nous restons sur la trajectoire actuelle, l’augmentation pourrait dépasser les + 4 C.

Chaque dixième de degré supplémentaire renforce les cercles vicieux d’accélération de la fonte. Chaque tonne de gaz, de pétrole ou de charbon brûlé condamne un peu plus notre avenir à des conséquences irréversibles. »

« Dépasser 1,5 C de réchauffement a des conséquences très concrètes.

Ainsi, pour nos glaciers des Alpes, dépasser 1,5 C de réchauffement signifie voir disparaître la glace de nos montagnes d’ici la fin du siècle. Rappelons que ces glaciers sont nos châteaux d’eau, qu’ils permettent la production d’hydroélectricité, d’irriguer nos cultures, de maintenir le débit des rivières et de refroidir nos centrales nucléaires pendant l’été. 

Au-delà des Alpes, 3,5 milliards de personnes sur Terre dépendent de l’eau des glaciers.

Pour nos calottes polaires, nos inlandsis, le Groenland et l’Antarctique, rester sous les 1,5 C limiterait l’augmentation du niveau des océans de 2 à 3 mètres sur les prochains siècles, alors que dépasser les 2 C de réchauffement par exemple nous garantit une augmentation rapide et très importante pouvant dépasser les 10 à 20 mètres. »

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2 commentaires sur “Sentinelle du climat de Heïdi Sevestre

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