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L’Ombre des innocents de René Manzor

« De la façon dont elle allait s’évader. C’est écrit noir sur blanc dans le procès-verbal. Votre détenue a parlé de l’audience du 17 mars 1977 à Nice, au cours de laquelle Albert Spaggiari a sauté par la fenêtre du palais de justice. Il décrit tout en détail dans Les Égouts du paradis, y compris la rage de dents dont elle a parlé. Quand on dit que lire est une source d’évasion… »

Résumé éditeur :

C’est dans l’ombre des innocents que se cache le mal.
Paris, bureau d’un éditeur bien connu. Alors que Marion Scriba, romancière, parle de son prochain polar, des policiers surgissent et l’interpellent, l’accusant du meurtre qui occupe la France entière depuis deux jours. Sur l’arme du crime, on a retrouvé l’ADN de Marion.
En garde à vue, la romancière clame son innocence. Mais l’ADN n’est-elle pas la reine des preuves ? Acculée, Marion ne voit qu’une solution, certes folle : s’évader pour trouver le vrai tueur et se disculper.
Wim Haag, un agent d’Europol qui a rendu son badge douze ans plus tôt, est rappelé pour cette enquête à haut risque. Très vite il comprend que quelque chose cloche : comment cette femme à la vie bien rangée, qui passe ses journées à écrire des histoires, peut-elle avoir un tel instinct dans sa cavale ?
Entre Wim, persuadé que la fugitive a un secret, et Marion, bien décidée à débusquer celui qui l’a piégée, commence une traque sans merci…

400 pages – 3/1/2024

« Marion Scriba se redressa et fixa la page qu’elle venait d’écrire. Puis elle soupira, frustrée, face à son écran. Elle revint en arrière, effaça la dernière phrase, puis la totalité du paragraphe. Elle n’était jamais satisfaite. Elle pouvait passer des heures sur la même page sans parvenir à la faire sonner comme elle voulait. Pourtant, elle savait bien que, le lendemain, il lui suffirait de relire le passage en question pour que les mots lui sortent des doigts sans effort. Mais il n’y aurait peut-être jamais de lendemain. Car elle était bloquée. Ce n’était même plus le syndrome de la page blanche, c’était celui de la page noire. La vérité était qu’elle n’arrivait pas à terminer ce putain de nouveau roman ! »

Mon avis

J’ai lu tous les romans de René Manzor et je n’ai jamais été déçue… Là encore, c’est lui que j’ai choisi pour « atterrir » après un livre tellement fort que l’après me paraissait très compliqué (« Obsolète » de Sophie Loubière). Une solution sûre pour ne pas trop me fracasser avec le livre qui suit un énorme coup de cœur. Mission réussie pour « L’ombre des innocents ». Un bon thriller bien écrit dont l’action n’arrête pas et qui nous tient en haleine jusqu’au bout. Néanmoins j’ai trouvé que la psychologie des personnages était un peu moins fouillée que d’habitude, j’y ai moins retrouvé l’humanité que j’aime tant chez René Manzor. On ressent ici la patte du réalisateur car l’écriture de « L’ombre des innocents » est très visuelle, rapide, haletante. Une adaptation cinématographique ferait merveille ! J’ai aimé que l’héroïne de l’histoire, bien malgré elle d’ailleurs, soit une romancière obligée de mettre en pratique lors de sa cavale ce qu’elle écrit pour ses personnages de fiction. En effet, Marion Scriba, mère de trois enfants et romancière de son état, se retrouve mêlée à une enquête pour des meurtres particulièrement horribles sur des enfants aux quatre coins de l’Europe. La police a retrouvé sur les petites victimes des traces de son ADN. Preuve infaillible pour les enquêteurs même s’ils sentent bien que quelque chose cloche. Marion n’aura de cesse de prouver son innocence en retrouvant le véritable assassin. Elle est poursuivie entre autres par la commandante Kasser et l’agent d’Europol Wim Haag. Mais pour notre plus grand plaisir, les apparences sont parfois bien trompeuses. Lecture agréable et rapide. Un bon thriller pour les amateurs du genre.

« En franchissant le seuil du refuge, Kassar fut prise à la gorge par une odeur de chien mouillé et d’excréments. Les lieux ressemblaient plus à un chenil clandestin de mushers qu’à un refuge de randonneurs. Des officiers et des techniciens de l’identité judiciaire vaquaient déjà à leurs occupations. Les talkies et les flashes crépitaient. Le rituel des homicides suivait son cours.
– Où est-il ? demanda Kassar au jeune policier qui l’avait escortée.
– Au pire endroit, commandante, dit-il en désignant les cages.
Kassar se retourna et entrevit, à travers les barbelés, une petite silhouette adossée au mur en béton délabré. Autour de lui, des officiers de la police scientifique en combinaison blanche s’activaient, le visage fermé. La commandante s’avança, sachant que, tôt ou tard, il lui faudrait bien affronter la réalité. »

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

https://www.babelio.com/livres/Manzor-LOmbre-des-innocents/1589574

Note sur Babélio : 4,09/5 (118 notes) – Ma note : 4/5

« De l’autre côté du miroir, sa prisonnière regardait autour d’elle, aussi nerveuse qu’un taureau avant d’entrer dans l’arène. Allait-elle s’inventer un alibi ? Une romancière pouvait imaginer toutes sortes de solutions pour se tirer d’embarras. Elle devait avoir l’habitude de le faire pour les personnages de ses polars. »

L’auteur : René Manzor

René Lalanne, dit René Manzor, né le 4 août 1959 à Mont-de-Marsan, est un réalisateur et scénariste français. Il est le frère de Francis et de Jean-Félix Lalanne.
Il a écrit et réalisé des longs métrages comme « Le Passage » ou « Un amour de sorcière ». Il a principalement travaillé à la télévision et même mis en scènes des épisodes de séries anglophones comme « Le Voyageur », « Highlander » ou encore « Les Aventures du jeune Indiana Jones ».
En sept romans seulement, il s’est imposé comme une des références du thriller français. Pour « Celui dont le nom n’est plus » il a reçu le Prix Cognac du polar Francophone. Pour « Apocryphe », le Prix Polar Les Petits Mots des Libraires. Et pour son avant-dernier roman, « À Vif », le Grand Prix Iris Noir Bruxelles 2021 et le Prix de l’Embouchure 2022.

« – Vous ne regardez pas les infos ?
– A quoi bon ? Il n’y a que des mauvaises nouvelles. Comme dit ma mère : « Plus on a peur, plus on regarde. Et plus on regarde, plus ils font de fric avec leurs pubs à la con. » Il y a bien longtemps que les infos ne servent plus à informer. »

« La quarantaine grisonnante et les yeux noisette, la présidente Reynaert semblait trop bienveillante pour avoir gravi la hiérarchie aussi vite. »

« Durant la guerre froide, le passage illégal des frontières concernait surtout des réfugiés politiques fuyant le totalitarisme. Au XXIe siècle, il s’était diversifié : trafic de drogue, migrants, réfugiés, commerce d’êtres humains… Si Lampedusa et la Grèce avaient constitué les principaux points d’entrée en Europe, la récente découverte de soixante et onze corps de migrants dans un camion frigorifique avait soudain mis en lumière ce que l’on appelait désormais « la route des Balkans ». Une clandestinité par voie de terre que les autorités avaient du mal à contenir. »

« La Haye, Pays-Bas
Le siège d’Europol était installé en plein cœur d’un quartier d’affaires de La Haye. Vue de l’extérieur, l’agence européenne la plus secrète et la mieux protégée était un immeuble gris et fonctionnel qui aurait pu abriter n’importe quel Gafam. L’intérieur, lui, ressemblait à une ruche, mais une ruche blindée et criblée de caméras de surveillance. L’air et l’eau y étaient filtrés et l’identification biométrique équipait chacune de ses portes. Plus d’un millier de policiers, gendarmes ou experts informaticiens des États membres y travaillaient de concert.
L’aisance avec laquelle Wim se déplaçait d’un pas rapide dans les couloirs de cette organisation opaque indiquait aux fonctionnaires engagés récemment qu’il était un familier des lieux. »

« – Elle me manque tellement, tu sais, papa ? Je ferais… je ferais n’importe quoi pour… n’importe quoi…
Il soupira sans parvenir à terminer sa phrase. Björn posa une main tendre sur la nuque de son fils.
– Elle le sait, Wim.
– Tu crois ?
– J’en suis sûr.
Il se revit au cimetière avec son père devant la tombe de Claire. Björn y déposait des fleurs et Wim débarrassait la pierre tombale des feuilles mortes qui l’encombraient.
– Tu sais, papa, en tant qu’agent d’Europol j’ai rendu justice à des centaines de familles en mettant les coupables sous les verrous et ça me tue… ça me tue, papa, de…
– … de ne pas pouvoir en faire autant pour Claire ?
Wim hocha la tête, détruit. »

Ma lecture actuelle

5 commentaires sur “L’Ombre des innocents de René Manzor

  1. loeilnoir
    20 février 2024

    J’ai beaucoup aimé Apocryphe, mais moins A vif, le sujet de celui-ci me tente bien, alors pourquoi pas? Je le note, merci!

    Aimé par 1 personne

  2. Vingt et une pages
    22 février 2024

    Je n’ai encore jamais lu René Manzor mais j’aimerais bien découvrir ses romans, celui-ci m’intéresse et A vif également. 🙂

    Aimé par 1 personne

    • Lilou
      22 février 2024

      Personnellement j’ai lu tous les Manzor et je n’ai jamais été déçue ! J’ai beaucoup aimé « Du fond des âges », « Les âmes rivales » et « Dans les brumes du mal ». En tout cas très belle découverte à toi ! 😀

      Aimé par 1 personne

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