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Le danger de ne pas être folle de Rosa Montero

« Une des choses bien que j’ai découvertes avec les années, c’est qu’être bizarre n’est pas du tout bizarre, contrairement à ce que le mot semble indiquer. En fait, ce qui est véritablement bizarre, c’est d’être normal. »

Résumé éditeur :

« J’ai toujours su que quelque chose ne fonctionnait pas bien dans ma tête », nous avoue Rosa Montero, et elle poursuit plus loin : « L’une des choses bien que j’ai découvertes avec les années, c’est qu’être bizarre n’est pas du tout bizarre. »
Vulgarisation scientifique, essai, fiction ? Non, plutôt une conversation avec le lecteur avec lequel elle crée une proximité étonnante. Elle nous prend à témoin avec humour et subtilité, nous parle du lien entre la folie et la créativité de l’écrivain ou de l’artiste en passant par les addictions, les maladies, les singularités les plus fréquentes chez les créateurs. Elle tisse des liens avec ses souvenirs, ses expériences et les dernières découvertes des neurosciences pour défendre l’importance d’être différent car « ce qui est véritablement bizarre, c’est d’être normal. »
Dans ce livre passionnant, intelligent et touchant, Rosa Montero nous révèle à quel point notre cerveau est une source d’émerveillement infini et comment, à partir du processus créatif et de la puissance de l’art, on peut explorer le sens ultime de la vie.

288 pages – 6/10/2023

« Dans l’Espagne d’alors, et dans ma modeste classe sociale, ni mes parents ni moi-même n’avons envisagé de consulter un psychiatre. J’ai surmonté mes trois périodes de crises de panique toute seule, sans prendre un seul anxiolytique, et je le regrette (vive la chimie !). En revanche, à la suite de mes premières terreurs, j’ai décidé d’étudier la psychologie à l’université pour tenter de comprendre ce qui m’arrivait. Avec le temps, j’en suis venue à la conclusion que c’est ce que font la plupart des psychologues et une bonne partie des psychiatres : choisir cette profession parce qu’ils se croient cinglés. Ce qui n’est pas forcément négatif, car ça procure une empathie unique avec les patients. »

Mon avis

Je ne connaissais pas du tout Rosa Montero. J’ai découvert cette autrice grâce au blog « Collectif polar » qui publiait une chronique sur « Le danger de ne pas être folle » qui m’a tout de suite intéressée. A peine noté que déjà lu. J’avais l’impression que cet ouvrage ferait écho à un livre que j’ai beaucoup aimé et qui m’a marqué « Demain j’étais folle : Un voyage en schizophrénie » d’Arnhild Lauveng, lu il y a quelques années maintenant grâce à une opération masse critique de Babélio. Bien que la folie soit au centre de ces deux ouvrages et que les deux autrices souffrent de troubles mentaux et soient devenues psychologues, ils sont assez différents. Ici, l’autrice, Rosa Montero, qui a toujours soupçonné que quelque chose clochait chez elle, nous parle de la relation forte entre folie et création, en particulier la création de l’écriture. Dans ce livre en grande partie autobiographique, elle s’adresse directement aux lecteurs, instaure une sorte d’intimité car elle s’appuie sur sa propre vie mais aussi d’autres auteurs/autrices pour étayer ses propos. Depuis de longues années, elle porte ce livre en elle. Elle a fait beaucoup de recherches avant de se décider enfin à l’écrire. C’est un cœur à cœur souvent émouvant mais aussi perturbant et parfois un peu démoralisant qu’elle nous propose. Il est beaucoup question de personnes aux vies difficiles, éprouvantes, brisées qui « sur »vivent grâce à l’art, à l’écriture. J’ai été assez étonnée de voir le nombre d’écrivains qui se droguent, boivent, se suicident… C’est assez effarant et triste. Le prix à payer pour écrire (ou toute autre forme d’art) est bien souvent fort élevé. Ce livre parfois un peu trop fouillis à mon goût, a été à la fois très intéressant et en même temps un peu déprimant. Je reste donc un peu mitigée quant à sa lecture, mais en même temps, je ne la regrette pas car j’ai appris et découvert tellement de choses. Et ça, c’est franchement bien ! Je pense que je vais m’aventurer à découvrir Rosa Montero via ses fictions, en particulier sa série de science-fiction avec Bruna Husky, une réplicante cyborg. A vous de vous faire votre idée, « Le danger de ne pas être folle » mérite d’être découvert.

« Une autre histoire que je trouve exemplaire est celle de l ‘écrivaine Charlotte Perkins Gilman (1860-1935), qui avait souffert d’une dépression post-partum et avait eu le malheur d’être traitée par le docteur Weir Mitchell, un fervent partisan de ladite « cure de repos ». Car, en ce temps-là, aux femmes qui présentaient un quelconque trouble de l’humeur, on interdisait couramment de lire, de penser et, bien sûr, d’écrire. On leur prescrivait de retourner aux routines domestiques, qui leur rendraient prétendument leur féminine sérénité. Tu te souviens des phrases que j’ai citées d’écrivains disant que, sans écrire, ils deviendraient fous ? Eh bien maintenant, pense à ces malheureuses auteures, chaque fois qu’elles « devenaient folles », on arrachait les plumes. »

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

https://www.babelio.com/livres/Montero-Le-danger-de-ne-pas-etre-folle/1563882

Note sur Babélio : 3,91/5 (34 notes) – Ma note : 3,5/5

« Être romancière est, en réalité, une activité assez bizarre, je dirais presque excentrique. Elle consiste à passer une quantité de temps énorme, deux ans, ou trois, ou peu importe combien, enfermée seule dans un coin de ta maison, à inventer des mensonges. Autrement dit, à inventer un Russe roux qui n’existe pas, chaussé de souliers vernis qui n’existent pas, qui ouvre une porte en bois de noyer renforcée d’une barre de fer qui n’existe pas. Et c’est à imaginer ce genre d’âneries que tu consacres le meilleur de ton existence. »

L’autrice : Rosa Montero

Rosa Montero est née à Madrid (le 3 janvier 1951) où elle vit. Après des études de journalisme et de psychologie, elle entre au journal El País où elle est aujourd’hui chroniqueuse. Très populaire, elle a beaucoup de succès dans les pays hispanophones et notamment en Espagne, avec ses ouvrages comme « La Folle du logis » (La loca de la casa) ou « La Fille du cannibale » (La hija del caníbal), best-seller dans son pays, et qui a été couronné du Prix Primavera en 1997. « Le temps de la haine » figure parmi la liste « Les cent meilleurs romans en espagnol du XXe siècle » établie en 2001 par le journal El Mundo. En novembre 2017, elle reçoit le prix national des lettres espagnoles.

« Être fou, c’est avant tout, être seul. »

« L’histoire de l’art en général et de la littérature en particulier est remplie d’alcooliques, d’opiomanes, de cocaïnomanes et de junkies de toutes sortes de cochonneries. Et le processus est toujours le même : la muse chimique achève d’abord l’œuvre, puis l’auteur. »

« Elle dit aussi que, d’après certains auteurs, les visions de sainte Thérèse d’Ávila et d’autres mystiques auraient pu être favorisées par des substances psychoactives, comme l’ergot du seigle. Il s’agit d’un champignon qui s’attaque aux céréales ; manger de la farine infectée provoque une maladie appelée le feu de saint Antoine qui était assez répandue au Moyen Âge et qui produit des symptômes terribles : convulsions, démence et infections gangréneuses mortelles. Mais, pris en petite quantité, il provoque des hallucinations. L’ergot du seigle contient un alcaloïde, l’ergoline, à partir duquel le LSD a été synthétisé en 1938. »

« C’est exactement ce qu’a fait Emmanuel Carrère quand il a été diagnostiqué bipolaire à l’âge de soixante ans. Entre autres choses, on lui a administré quatorze électrochocs. Les personnes non familiarisées avec les usages psychiatriques ont tendance à croire que l’électrochoc est une thérapie barbare et obsolète qui ne s’utilise plus nulle part. Rien de plus faux : Carrère a subi ces traitements en 2019 et en France. L’électrochoc est toujours couramment employé (mais on le désigne maintenant sous l’euphémisme d’électroconvulsivothérapie) et les psychiatres qui l’appliquent assurent que c’est efficace contre la dépression. D’accord, peut-être bien, mais ça semble quand même assez dur : « Il n’y a pas de mots pour ça. Ce que je raconte a l’air horrible, mais c’était en réalité beaucoup plus horrible, d’une horreur irracontable », dit Carrère à propos de ses séances. Et pourtant le voltage actuel est inférieur et on administre au patient des relaxants musculaires et une anesthésie. Avant, dans les années sauvages de la psychiatrie, l’électrochoc était appliqué sans rien et avec plus de puissance. Sans relaxants musculaires, les convulsions étaient tellement féroces qu’il y a eu des cas de fractures des vertèbres. »

« L’existence est un chaos, et l’un des services que nous rendons, nous, les romanciers (l’une des raisons premières pour lesquelles tu me lis, et pour lesquelles je lis), c’est de donner une apparence de causalité et de sens à une réalité qui n’est que fureur et bruit. Même le roman le plus expérimental et décousu a un début et une fin, et il apprivoise d’une certaine façon cette agitation absurde dans laquelle nous vivons. Les romans sont une petite île de signification dans la mer du désordre. »

« C’est pour ça que nous sommes d’infatigables chasseurs du sublime. Pour ça que nous écrivons et peignons et sculptons et composons, pour voler au soleil une pincée de son feu. »

Ma lecture actuelle

2 commentaires sur “Le danger de ne pas être folle de Rosa Montero

  1. Sandrine
    7 Mai 2024

    C’est une romancière que j’apprécie, je pense que j’aimerais la découvrir un peu plus…

    Aimé par 1 personne

    • Lilou
      7 Mai 2024

      Ce livre est parfait pour ça ! Bonne lecture

      J’aime

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Cette entrée a été publiée le 6 Mai 2024 par dans autobiographie, découverte auteur, essai, Livre, Mes lectures, et est taguée , , , , , , , , , , .