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Les rêveurs d’Isabelle Carré

 

« Pourquoi n’ai-je jamais su quitter les lieux que j’aimais ? Pourquoi est-ce si difficile de les laisser, d’accepter qu’on ne pourra pas les revoir car ils ne nous appartiennent plus, la porte s’est claquée pour toujours, le temps ne fera que nous en éloigner, à moins d’être un bon rêveur, celui qui se souvient toujours de ses rêves, de rêves si clairs et précis qu’ils permettent de s’y attarder encore, d’entrer à nouveau dans ces pièces de l’enfance, sans autre clé que le désir constant d’y revenir ».

 

 

Résumé éditeur :

« On devrait trouver des moyens pour empêcher qu’un parfum s’épuise, demander un engagement au vendeur – certifiez-moi qu’il sera sur les rayons pour cinquante ou soixante ans, sinon retirez-le tout de suite. Faites-le pour moi et pour tous ceux qui, grâce à un flacon acheté dans un grand magasin, retrouvent l’odeur de leur mère, d’une maison, d’une époque bénie de leur vie, d’un premier amour ou, plus précieuse encore, quasi inaccessible, l’odeur de leur enfance… »

  1. C.

Quand l’enfance a pour décor les années 70, tout semble possible. Mais pour cette famille de rêveurs un peu déglinguée, formidablement touchante, le chemin de la liberté est périlleux. Isabelle Carré dit les couleurs acidulées de l’époque, la découverte du monde compliqué des adultes, leurs douloureuses métamorphoses, la force et la fragilité d’une jeune fille que le théâtre va révéler à elle-même. Une rare grâce d’écriture.

 

304 pages – 10/1/2018

 

Grand Prix RTL- Lire – 2018

Grand Prix de l’héroïne Madame Figaro – Roman – 2018

 

 

 

« Ma mère ne me voit pas, elle ne me sauvera d’aucun danger, elle n’est pas vraiment là, elle ne fait que passer, elle est déjà passée. Elle s’en va ».

 

 

J’aime beaucoup l’actrice Isabelle Carré. Je la trouve belle, sensible et drôle parfois… Elle semble également fragile, une fragilité « pure ». Donc quand j’ai vu qu’elle avait écrit un livre, j’ai eu envie de le lire, sans chercher à savoir la teneur de celui-ci. Et puis le temps a passé. Le confinement et ma recherche de livre un peu moins noir m’a porté vers « Les rêveurs ». Moins noir…. Tout est relatif. Finalement c’est une autobiographie à laquelle Isabelle Carré nous invite. Je ne l’ai pas compris tout de suite au début de ma lecture. On suit une jeune fille, enceinte, sans le papa, que sa famille rejette car dans leur milieu ça ne se fait pas. Elle est isolée dans un petit appartement de la banlieue parisienne avec interdiction de sortir… des fois qu’on la reconnaisse. Sa famille veut l’obliger à abandonner son enfant. Mais elle va se rebeller. C’est le début de l’histoire de la famille d’Isabelle. Pas très drôle, souvent sombre, souvent décalée. Sa maman, jeune fille rebelle et mal dans sa peau, son père un jeune artiste aux idées extravagantes. Ce couple atypique mais en apparence amoureux aura plusieurs enfants dont Isabelle. Vie de bohème, hors norme et peu stable. Au début la vie semble néanmoins joyeuse et délurée pour la bande d’enfants…. Puis peu à peu, la vie se complique, les tensions apparaissent et finalement les parents se séparent. Au milieu les enfants avec des traumatismes, surtout Isabelle. Je ne m’attendais pas à une vie aussi fracturée et difficile pour Isabelle Carré mais tout le monde peut cacher des souffrances derrière un joli sourire. Et cela explique sans doute sa sensibilité, sa fragilité qui l’ont mené à sa carrière d’actrice qui cache de nombreuses cicatrices. C’est bien écrit, alternant les moments parfois très durs et des instants de rêve et de poésie. Tout en délicatesse comme Isabelle, de ce qu’elle nous laisse voir d’elle. Ce récit est très intime et sincère. J’ai aimé découvrir l’autre Isabelle, même si cela m’a rendu triste pour elle. Cela m’a vraiment rappelé qu’il ne faut jamais se fier aux apparences et qu’il faut mettre les chaussures de l’autre pour connaître le chemin qu’il a parcouru. Un beau portrait de femme.

 

 

 

« Dans ce grand appartement rouge où chacun a sa chambre, les portes se referment sur des pensées tristes, souvent mélancoliques. Les rêves et les secrets ne se partagent plus, car personne ne trouve d’interlocuteur. Seul le miroir réfléchit et renvoie un regard qui se pose enfin ».

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

https://www.babelio.com/livres/Carre-Les-Reveurs/1000388

 

 

 

« Demander, y compris des petits riens, m’a toujours paru périlleux ».

 

 

 

« J’ai parfois rêvé d’un autre père, aussi. Quelqu’un à qui je pourrais me confier, demander des conseils, avec qui je pourrais rire de mes maladresses et de celles de ma mère, près de qui je pourrais me réchauffer, quand tout va mal ».

 

 

 

« Ces angoisses nocturnes devinrent une sorte de compagnie, elles comblaient l’absence et le vide, un moyen comme un autre pour ne pas me sentir abandonnée ».

 

 

 

« J’ai quatorze ans et je vais au cinéma tous les deux jours. Un jour pour voir le film, le lendemain pour en rêver ».

 

 

 

« Elle espère juste trouver une place quelque part pour se sentir utile. Elle ne prétend pas être indispensable, mais qu’on l’attende chaque matin, qu’on compte sur elle la rassure ».

 

 

 

« Dans cette famille dont les femmes semblaient dénuées de tendresse.

Des femmes sans bras ».

 

 

 

« C’est une évidence, sans doute inutile à préciser, mais le problème de mon père ne tenait pas à son orientation sexuelle. Le problème venait en grande partie d’une époque, d’une éducation, d’un milieu, et de désirs si bien verrouillés qu’ils étaient devenus des bombes à exploser à l’intérieur de lui-même. C’est peut-être à cet endroit précis qu’ils se retrouvaient avec ma mère, dans la compréhension immédiate, la complicité d’un vécu partagé : la même absence de liberté, et surtout d’intérêt de leur famille à l’égard de ce qu’ils étaient vraiment ».

 

 

 

« Mon sourire ne se force plus aujourd’hui, il sourit s’il en a envie. Cela semble une évidence. Mais d’autres savent comme moi combien cela peut demander du temps, beaucoup de temps, une lente et silencieuse révolution ».

 

 

 

« Et puis, il y a toutes les joies, comme des éclaboussures de soleil, les secondes chances, si précieuses que je préfère les taire et continuer de les contempler en silence ».

 

 

 

« Comme la Camille de Musset, je m’exerçais à travers d’autres vies à ne plus avoir peur de la mienne ».

 

 

 

« Je rêve surtout de rencontrer des gens. Je n’ai jamais trouvé simple de faire connaissance, ailleurs que sur un plateau. Mais on se quitte une fois le tournage terminé, et on ne se revoit jamais comme on se l’était promis… Alors je m’offre une seconde chance, j’écris pour qu’on me rencontre ».

 

 

 

« Je suis une actrice connue, que personne ne connaît ».

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Cette entrée a été publiée le 13 avril 2020 par dans autobiographie, découverte auteur, Livre, Mes lectures, roman, et est taguée , , , , , .