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La mémoire fantôme de Franck Thilliez

 

« Quand elle émergera, elle ne reconnaîtra personne. Elle ignorera la raison de sa présence ici et elle ne saura pas non plus ce qu’elle a fait ces dernières années. Elle est prisonnière du présent, il faut que vous compreniez ! Certains amnésiques oublient même qu’ils sont amnésiques, ils tournent dans leur bocal comme des poissons rouges ! »

 

 

Résumé éditeur :

Quatre minutes. C’est le temps d’un souvenir pour Manon. Après, tout s’efface.

Dans ces conditions, pas facile pour Lucie Henebelle de trouver par qui la jeune femme vient d’être agressée. Et de comprendre la signification des mots gravés au creux de sa paume : « Pr de retour ».

Lucie le pressent, la clé de cette affaire réside dans la mémoire fragmentée de Manon. Une mémoire à laquelle plus personne n’a accès…

 

448 pages – 9/10/2008

 

 

 

« – Une dernière chose… murmura-t-elle en se massant le crâne. Sur la feuille… Le problème qu’il lui a posé… Je n’ai pas eu le temps de bien regarder.

– Un truc pas trop compliqué, mais vu son âge et son QI, suffisant pour la piéger. « Un nautile, avec sa coquille, pèse 200 g. Le nautile pèse 100 g de plus que la coquille. Combien pèse le nautile ? »

– C’est pourtant évident… 100g… Non ?

– C’est ce qu’elle avait répondu sur l’ardoise… Et comme elle tu serais morte… »

 

 

J’ai déjà lu beaucoup de livres de Franck Thilliez, mais pas tous… Il me faut absolument remédier à cela. « La mémoire fantôme » était dans ma PAL depuis un bon moment, alors hop je me suis dit, « On y va pour celui-là ! ». Le roman est centré sur Lucie Hennebelle, l’un des deux personnages récurrents de Franck Thilliez avec Franck Sharko. D’ailleurs, ses deux flics fétiches se rencontreront et formeront un duo dans des histoires qui viendront bien après les évènements de « La mémoire fantôme ». Ici, Lucie est mère célibataire de deux jumelles de quatre ans et flic à la brigade criminelle. Elle culpabilise beaucoup par rapport à son métier chronophage qui lui prend pratiquement tout son temps au détriment de ses filles. En plus, Lucie est tourmentée depuis ses seize ans et une opération au cerveau pour lui retirer une excroissance qui a fait d’elle une chimère… Oui une chimère dit-elle. A vous de lire pour avoir le fin mot de ce mystère. C’est dans ce contexte qu’elle rencontre Manon Moinet, une jeune femme qui vient visiblement d’être agressée et enlevée, mais qui a réussi à s’échapper et qu’on retrouve à côté du logement de Lucie. C’est donc elle qui prend en charge l’affaire de cet étrange enlèvement d’autant plus qu’il s’avère que Manon est amnésique. Une forme d’amnésie bien spécifique suite à une tentative de meurtre lors d’un cambriolage il y a quelques années. Son agresseur l’a étranglée et laissée pour morte. Mais Manon a survécu mais pas toutes ses fonctions mnésiques malheureusement. Ce qui lui est arrivé avant ce drame, elle s’en souvient, mais le présent, après quatre minutes, disparaît. Ainsi, à chaque fois, elle redémarre de zéro. Pour s’en sortir et survivre, en plus de l’aide de son frère Frédéric, elle utilise une nouvelle technologie, le N-Tech, un organiseur où Manon note tout ce qu’elle doit et/ou veut se souvenir, prend en photo les personnes en qui elle a confiance, qui font partie de son entourage etc. Elle ne sort jamais sans. Son N-Tech lui permet non seulement d’être à peu près autonome, avec plein d’autres astuces, mais aussi de poursuivre sa quête obsessionnelle de l’assassin de sa sœur Karine, le Professeur. Or il semble que ce soit lui qui l’ait enlevée après des années de silence. Avec Lucie, Manon va partir à la chasse du Professeur, cet assassin monstrueux qui pose toujours des énigmes à ses victimes avant de les torturer et de les tuer. J’ai oublié de vous dire que Manon était une mathématicienne renommée avant son agression. Elle a gardé sa mémoire mathématique et sa capacité d’apprendre, et toute l’intrigue qui nous mène jusqu’au bout en haleine, est basée non seulement sur la mémoire mais aussi sur les mathématiques. Pour être honnête, pour suivre ce suspense, il faut s’accrocher. J’oserais dire, il faut de la mémoire pour se souvenir de tous les personnages et les différentes intrications de l’intrigue. Bien écrit avec des personnages forts, complexes, un suspense haletant, c’est un très bon thriller de Franck Thilliez. Malgré tout on sent en lisant ses derniers romans qu’il a encore progressé dans son écriture. Quel talent !

 

 

 

« Comment les neurones, des messages chimiques, des connexions purement électriques, créaient-ils la conscience, la mémoire, la ronde humanisante des sentiments ? Combien de millimètres défectueux, dans ces centaines de kilomètres de plis et de replis engendraient les monstres ? »

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

https://www.babelio.com/livres/Thilliez-La-Memoire-Fantome/25011

 

Note sur Babélio : 4,1/5 (1836 notes) – Ma note : 4/5

 

 

 

« Cette amnésie se caractérise par une incapacité à fixer les nouveaux souvenirs.

Sans entrer dans des explications compliquées, les patients qui en souffrent peuvent promener leur chien vingt fois par jour sans s’en rendre compte.

S’ils manquent d’organisation, ils ne parviennent plus à mener une vie normale.

Ils se mettent à accomplir des actions aberrantes.

Se nourrir deux fois d’affilée par exemple, puisqu’ils oublient qu’ils ont déjà mangé… »

 

 

L’auteur : Franck Thilliez

Né en 1973 à Annecy, Franck Thilliez étudie à ISEN Lille afin de devenir ingénieur en nouvelles technologies, vit à Mazingarbe, petite commune entre Lens et Béthune dans le Pas-de-Calais.

Romancier, il est également scénariste et a coécrit, avec Nicolas Tackian, les dialogues du téléfilm intitulé « Alex Hugo, la mort et la belle vie » inspiré du roman américain Death and the Good Life de Richard Hugo, relocalisé en Provence pour l’adaptation à la télévision.

Grand passionné de thrillers, on retrouve dans ses romans quelques clins d’œil à leurs auteurs, comme Jean-Christophe Grangé, Stephen King, Joel Schumacher, Maurice Leblanc et bien d’autres.

Après « Conscience animale », puis « Train d’enfer pour Ange rouge », son troisième roman « La Chambre des morts » est nommé au Prix SNCF du polar français 2007 puis adapté au cinéma la même année. Le succès rencontré depuis « La Chambre des morts », sorti en 2005, lui permet de cesser son travail d’informaticien à Sollac Dunkerque pour se consacrer exclusivement à l’écriture.

En 2021, il a vingt romans à son actif, hors « Conscience animale » resté confidentiel, ainsi qu’une vingtaine de nouvelles.

Les personnages récurrents sont le commissaire Franck Sharko apparu seul dans « Train d’enfer pour Ange rouge » puis « Deuils de miel », et l’inspectrice Lucie Henebelle découverte dans « La chambre des morts » et « La Mémoire fantôme ». Ces deux policiers se rencontrent dans « Le syndrome E », et travailleront ensuite ensemble dans « Gataca », « Atomka », « Angor », « Pandemia », « Sharko », « Luca ».

En 2021, dans le roman « « 1991 Thilliez raconte comment son personnage Franck Sharko débute au 36 quai des Orfèvres, et effectue sa première enquête à tout juste trente ans.

 

 

 

« Dans un angle de la pièce, Lucie repéra des cordes. Elle releva la tête. Sur le mur de gauche, cette phrase peinte en rouge, avec une substance qui ressemblait à du sang : « Ramène la clé. Retourne fâcher les Autres. Et trouve dans les allumettes ce que nous sommes. Avant 4 h 00 ». »

 

 

 

« La pluie frappait le lac Bleu en bouillons ininterrompus. Sous cette météo furieuse, dans l’obscurité la plus sévère, deux silhouettes féminines, liées par la douleur, déjà sérieusement éprouvées par leur escapade, dévalaient au pas de course un raidillon calcaire. »

 

 

 

« Lucie peinait à assimiler l’information, tant ce phénomène cérébral défiait toute logique. Que se passait-il quand Manon cherchait à joindre sa mère ? Apprenait-elle à chaque fois son décès ? S’écroulait-elle alors en larmes, avant d’oublier la raison de son chagrin ?

Comment réussissait-elle tout simplement à vivre ? À sortir, à manger, à faire ses courses, à retirer de l’argent, à savoir où elle allait ?

Tant de questions, d’inconnues. Lucie en restait interdite. »

 

 

 

« Face à lui, déployée sur trois mètres de haut, une affiche.

Une femme sublime, aux iris d’un bleu éclatant.

C’était bien elle. Aucun doute possible.

Ardère posa sa mallette et se tamponna le visage avec un mouchoir. Ça bourdonnait sous son crâne. La fatigue. Et le choc de ce portrait.

Il se ressaisit rapidement. Tout était loin, et enterré. Il en vint même à sourire devant ce curieux clin d’œil du hasard.

Mais il n’y avait pas de hasard.

Il attrapa la rame suivante, incapable de se débarrasser de ce slogan, lu au bas de l’affiche : « Faites comme moi, avec N-Tech, n’oubliez jamais votre mémoire. »

Il serra les dents.

Cette garce de Manon Moinet était de retour. »

 

 

 

« La coquille du nautile présente une propriété mathématique fabuleuse. Il suffit de diviser la longueur de sa spirale par son diamètre, et on obtient le nombre d’or. Historiquement, ce nombre a toujours présenté la perfection mise en équation. Il est la divine proportion pour les peintres, il cachait les dieux pour les Grecs, les Egyptiens l’ont utilisé pour bâtir la chambre royale dans la Grande Pyramide. »

 

 

 

« Manon Moinet était devenue bien trop dangereuse.

Il fallait l’éliminer avant qu’il ne soit trop tard.

La museler définitivement ».

 

 

 

« Dire que quand elle se réveillerait, tout repartirait de zéro. Et toujours la même solitude, le même vide effrayant. Ne pas connaître la date du jour, ce qui s’est passé la veille, ce qu’il se passera le lendemain. Y avait-il la guerre, quelque part ? Des gens mourraient-ils encore de faim ? Ne pas savoir de quels évènements se gonflait l’Histoire, depuis que son histoire à elle s’était arrêtée… »

 

 

 

« – J’aurais tant aimé donner la vie, j’adore les enfants, plus que tout au monde. Mais peut-on être mère, quand on va récupérer son petit à l’école et que l’on est incapable de le reconnaître ? Quand on ne connait ni la couleur de ses yeux, ni le son de sa voix ?

Elle désigna son organiseur, tandis que Lucie l’écoutait, touchée par tant de sensibilité. »

 

 

 

« On est parfois prêt à tout pour arriver à ses fins. La colère, la rage, la douleur sont des motivations suffisantes. Et vous le savez. Tout est une question de frontière. »

 

 

 

« On ne peut pas garder que le meilleur. Car c’est le pire qui régule une vie, qui forge l’existence et rend les êtres forts. »

 

 

 

« Lucie se raidit un peu. Elle se rappela la manière dont Vandenbusche parlait de sa patiente. Un être incroyablement précis, organisé et intelligent, en dépit de son amnésie. »

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