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Souvenirs, souvenirs, tome 2 : Tu le sais bien, le temps passe de Catherine Nay

 

 

« Le plus cocasse était le récit de leur soirée. « Jacques Chirac a une passion pour les westerns. Nous avons dû voir vingt fois les sept Samouraïs. Quand il m’annonce : « écoutez, ce soir, il y a un très bon film avec John Wayne. », je comprends tout de suite… Encore un western qu’on a déjà dû regarder quarante fois !

On s’installe devant le téléviseur, il me jette des petits coups d’œil en coulisses pour voir si je suis : « Regardez, Bernadette, c’est John Wayne… « 

– « Oui, Jacques, c’est John Wayne ».

Il se passionne aussi pour le sport. Quand je le vois suivre des matchs de tennis qui durent des heures : « Enfin Jacques, vous n’avez jamais tenu une raquette de tennis de votre vie ! »

Ça ne lui fait pas plaisir. « Mais bichette, regardez cette joueuse magnifique… » Un vrai sportif en fauteuil.

Et je ne vous parle pas du sumo, il fait enregistrer toutes les compétitions et le soir on se passe des combats de sumos ! » »

 

 

Résumé éditeur :

Après l’immense succès remporté par le premier volume, la suite très attendue des Mémoires de Catherine Nay.

Elle couvre les années 1995-2017, de l’élection de Jacques Chirac à celle d’Emmanuel Macron. Près de trente ans de vie politique et journalistique, mais aussi personnelle, racontés avec le même sens du trait, de la formule incisive, la même intensité romanesque qui font de Catherine Nay une observatrice et une narratrice hors pair, souvent mordante et toujours savoureuse.

Catherine Nay révèle ici les épreuves auxquelles elle a été confrontée dans sa vie affective et familiale : la perte de l’homme de sa vie en juillet 2020, et avant cela la mort de ses parents et de l’un de ses frères. Épisodes intimes évoqués avec pudeur et vérité par une femme qui a toujours préféré parler des autres que d’elle-même.

Souvenirs, anecdotes, choses vues abondent dans cette nouvelle chronique où elle dévoile les secrets de la conquête du pouvoir de Jacques Chirac, ses rencontres avec Bernadette et les confidences volontiers acerbes de la première dame. Catherine Nay excelle dans l’art du portrait. Elle décrypte avec une maestria décapante les personnalités complexes d’Alain Juppé et de Philippe Séguin comme celle de Lionel Jospin.

Du séisme de 2002 à la montée en puissance de Nicolas Sarkozy jusqu’à son élection triomphale en 2007 et à son échec cinq ans plus tard, c’est une histoire plus hasardeuse de la Ve République que Catherine Nay décrit avec un mélange d’amusement et de perplexité. Elle montre Nicolas Sarkozy, qu’elle connaît bien, à travers ce qui fait sa force et sa faiblesse, dans sa vie publique ou privée, parfois à son détriment. Et consacre à son successeur François Hollande des pages sans concession.

Ce livre témoigne aussi de la nostalgie de son auteur envers une certaine époque du journalisme, qui a laissé place à une période médiatique elle aussi plus incertaine. Les bonheurs et vertiges du temps qui passe.

 

440 p. – 25/11/2021

 

 

« Ils étaient partis tous les deux. « Vous croyez, vous, que c’est normal, ma fille est partie aux États-Unis avec son père, sans moi ? J’ai été écartée du voyage ! » avait ronchonné Bernadette devant moi.

Le père et la fille avaient ramené de leur escapade américaine l’usage des prompteurs, ces écrans invisibles pour le public, placés des deux côtés du podium où l’orateur peut lire son discours en balançant son regard de droite à gauche, comme s’il improvisait. La première fois que Jacques Chirac les avait utilisés, son ton était devenu si fluide, si naturel. J’étais ébahie par ses progrès. »

 

 

C’est le premier livre que je lis de Catherine Nay. J’ai vu sa présentation de son livre sur LCI et sa vivacité d’esprit m’a bien plu et m’a donné envie de le lire. C’est le deuxième tome de ses mémoires. Je n’ai pas lu le premier tome mais ce n’est pas gênant pour la compréhension car Catherine Nay parle essentiellement de politique et peu de sa vie personnelle. Quand elle le fait, elle le fait avec pudeur et douceur. Ce livre nous permet essentiellement de revisiter les années de François Mitterrand jusqu’à l’arrivée d’Emmanuel Macron. Etant une journaliste politique depuis longtemps, elle a pu suivre de près la vie politique française en témoin privilégié. Dans cet ouvrage, elle nous restitue les coulisses de la vie politique, nous éclaire sur des personnalités fortes de ce microcosme politique. Elle les connaît bien, elle les fréquente à l’occasion, certains sont devenus des amis. Ainsi, elle nous parle en particulier de Philippe Seguin, Jacques et Bernadette Chirac, Nicolas Sarkozy, un peu de François Mitterrand, Lionel Jospin, Alain Juppé… J’ai trouvé intéressant son récit, ses analyses et ses anecdotes. J’ai découvert certaines choses que je ne connaissais pas même si j’ai vécu toutes ces années. Livre bien écrit et piquant par moment, c’est agréable et instructif à lire. Je ne regrette pas cette lecture.

 

 

 

« Fin juin 1995, Jacques Chirac nous avait invités à déjeuner à l’Élysée, Jean-Pierre Joulin, Jean-Pierre Elkabbach, Alain Duhamel et moi-même. J’avais encore en tête les images du soir de la victoire devant son QG de campagne, avenue d’Iéna, où une foule hystérisée et compacte manquait de l’écraser. Il affichait un sourire radieux. De cette cohue militante et fervente émergeait une belle gueule qui renvoyait une image de félicité. Après avoir frôlé la mort politique face à Édouard Balladur, il se hissait au faîte du pouvoir. L’accomplissement d’une vie, enfin ?

Nous attendions dans un salon quand un huissier avait ouvert les portes : « Monsieur le président de la République. »

Nous nous étions levés. De ma place, j’apercevais l’enfilade des salons. J’imaginais voir arriver d’un pas alerte un président rayonnant, l’air épanoui, en costume strict bleu marine. Au lieu de cela, je le voyais cheminer les épaules voûtées, l’air accablé, les deux mains dans les poches de son pantalon de flanelle grise, veste de sport ouverte. L’image m’avait frappée. »

 

 

Lien vers la fiche du livre sur Babélio

https://www.babelio.com/livres/Nay-Souvenirs-souvenirs-tome-2–Tu-le-sais-bien-le-te/1364325

 

Note sur Babélio : 3,8/5 (23 notes) – Ma note : 4/5

 

 

 

« François Mitterrand, ayant modifié la loi électorale pour affaiblir la victoire alors annoncée du RPR, Jacques Chirac a failli rater la majorité absolue…

Grâce à la proportionnelle, le Front national faisait son entrée dans l’hémicycle avec trente-cinq députés. Une sacrée épine dans le flanc de la droite !

Je me souviens du soir des résultats, rue de Solférino, au siège du Parti socialiste : on avait sorti le champagne, les militants trinquaient. C’était pour eux presque un moment de gloire… »

 

 

L’auteure :

Catherine Nay, née le 1er janvier 1943 à Tours, est une journaliste et chroniqueuse politique française.

Après avoir fait ses études primaires et secondaires à Périgueux, Catherine Nay entame des études de droit sans finir sa licence, pour épouser la carrière de journaliste. Elle est engagée en 1968, à 25 ans, au service politique de L’Express de Jean-Jacques Servan-Schreiber, chargée de la droite. Catherine Nay effectue ensuite l’essentiel de sa carrière à Europe 1 à partir de 1975.

En 2005, elle devient conseillère auprès du président d’Europe 1 Jean-Pierre Elkabbach. En 2008 et 2009, elle intervient parfois le vendredi dans « Le Grand Journal de Canal+ » en donnant son avis sur l’actualité politique, en compagnie d’Alain Duhamel, Philippe Val et Jean-Michel Aphatie.

En 2007, la journaliste intervient régulièrement dans l’émission « Europe Soir : le 18/20 », animée par Julian Bugier tout en participant à la chronique « Le débat des grandes voix d’Europe 1 ». À la rentrée 2011, elle fait partie de l’émission « Il n’y en a pas deux comme Elle » présentée par Marion Ruggieri sur la même station. En avril 2012, elle fait partie du jury de l’émission « Qui veut devenir président ? » sur France 4.

À la rentrée 2019, elle co-anime « Mediapolis » avec Olivier Duhamel. La diffusion de l’émission s’arrête en janvier 2021 quand ce dernier se trouve visé par la révélation d’une affaire d’inceste le concernant.

Le 9 janvier 2021, Europe 1 relance « Les grandes voix d’Europe 1 » à laquelle elle participe avec Michèle Cotta, Charles Villeneuve et Gérard Carreyrou. L’émission est animée par le journaliste Sébastien Guyot.

Elle est fréquemment invitée dans l’émission « C dans l’air » sur France 5 pour aborder l’actualité politique française.

À l’occasion des commémorations des événements de mai 1958 et de mai 1968, Catherine Nay signe son premier documentaire, intitulé « De Gaulle et Pompidou, jusqu’à la rupture », diffusé fin mai 2018 sur France 3 en première partie de soirée.

En 1980, paraît son premier livre, « La Double Méprise », un essai consacré aux relations difficiles qu’entretenait le président de la République en exercice, Valéry Giscard d’Estaing, avec son ancien Premier ministre, Jacques Chirac. L’ouvrage paraît l’année précédant l’élection présidentielle qui voit s’opposer les deux hommes.

Le deuxième ouvrage que signe Catherine Nay est une biographie consacrée à François Mitterrand, alors chef de l’État, en 1984. Le livre, intitulé « Le Noir et le Rouge », reçoit un accueil critique et public favorable, ce qui lui vaut de recevoir le prix Aujourd’hui, l’année de sa parution.

Elle est l’auteure de deux ouvrages à propos de Nicolas Sarkozy, successivement parus peu avant les campagnes présidentielles de 2007 et de 2012 : le premier, « Un pouvoir nommé désir », est une biographie de celui qui est alors ministre de l’Intérieur et candidat à la présidence de la République tandis que le second, « L’Impétueux », est une chronique de son quinquennat présidentiel.

Le premier tome de ses mémoires, intitulé « Souvenirs, souvenirs… », paraît en novembre 2019 (Robert Laffont) et figure pendant plusieurs semaines dans la liste des best-sellers en France, comme du reste le deuxième tome, intitulé « Tu le sais bien, le temps passe » (Bouquins, 2021).

À partir de 1968, Catherine Nay entretient une relation avec Albin Chalandon, ancien dirigeant d’Elf Aquitaine et homme politique, qui avait été député et ministre, dont elle a fait la connaissance quelques mois plus tôt aux assises politiques de l’UNR à Lille. Vivant avec lui depuis 1970, elle l’épouse en 2016, après la mort de sa première femme, la princesse Salomé Murat — dont Albin Chalandon n’avait jamais divorcé.

 

 

 

« Pasqua-Séguin, c’était la conjonction de deux jalousies. Pasqua ne pardonnait pas à Jacques Chirac de ne pas lui avoir offert les rênes du parti en 1988, et d’avoir songé à y placer Édouard Balladur qui, pour les militants, n’était pas quelqu’un de la famille, et Philippe Séguin ne supportait pas qu’Alain Juppé soit toujours la préférence de Jacques Chirac. Mais voilà, en même temps qu’il le pourfendait, multipliant les griefs contre celui qu’il appelait « le grand con » – je peux en témoigner –, il allait en douce le samedi matin visiter le maire de Paris, comme me le racontait alors Pierre Charon, très au fait de leurs rendez-vous secrets. »

 

 

 

« Le 13 mai 1964, elle a 21 ans – la majorité à l’époque –, il fête en tête à tête avec elle cet anniversaire et l’on comprend à sa lettre du lendemain qu’elle est devenue sa maîtresse. Il la tutoie alors qu’il la vouvoyait encore la veille. Depuis plus de six mois, il préparait le terrain, sa prose se faisait plus ardente, insinuante même, messagère du désir qu’elle lui inspirait. Vingt et un ans ! L’amant a donc respecté les convenances ? Façon de parler ! Le père d’Anne, Pierre Pingeot, un industriel auvergnat apparenté aux Michelin, avec lequel François Mitterrand jouait au golf à Hossegor, lui avait demandé de veiller sur sa fille qui partait faire ses études à Paris. Cet innocent venait d’introduire le loup dans la bergerie. »

 

 

 

« Le novice ovationné respirait un parfum de destin. Sa vocation venait de naître. Il en était sûr : il ferait de la politique. « J’étais pressé de m’inventer un avenir », me dirait-il plus tard.

Avec mon ami Paul Guilbert du Figaro, nous étions allés l’attendre en bas de la tribune ; Olivier Todd, du Nouvel Obs, s’y trouvait lui aussi. Nous voulions voir de près le phénomène. J’avais parlé de sa prestation dans une chronique sur Europe 1. Je mentirais si je disais que j’avais perçu en lui un futur président de la République, mais, pour son âge, il avait ce don rarissime : savoir capter l’attention d’un vaste auditoire.

Nicolas Sarkozy a souvent narré cet épisode niçois à des journalistes qui m’en faisaient ensuite le récit. »

 

 

Ma prochaine lecture : « La dame blanche » de Denis Zott

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